XV de France: toujours les mêmes maux
Des mots semblables
En 2013, après une défaite contre l'Afrique du Sud (19-10), Yannick Bru, alors adjoint de Philippe Saint-André, disait: "On a félicité l’abnégation des gars mais une somme de détails nous sépare encore des meilleurs." En 2016, après une défaite contre l'Ecosse (29-18), Guy Novès regrettait: "On a couru après trop de fautes stupides." Samedi soir, quelques minutes après la fin du match, Jacques Brunel analysait: "On a été un peu trop pénalisés. On a donné quelques points qu'on aurait pu éviter. Ce sont des points qu'on doit s'éviter si on veut remporter ces parties. (...) Sur ce qu'on a montré collectivement, l'investissement de chacun, il y a beaucoup de choses positives."
Très schématiquement, le XV de France enchaîne les défaites et les déceptions, et le discours semble toujours le même. L'abnégation semble généralement au rendez-vous, chaque sélectionneur veut voir le vide à moitié plein, mais la victoire "référence" se fait attendre. Pour quelles raisons ?
Un déficit de puissance
Cela fait plusieurs années que le rugby français connaît son principal problème: un déficit physique individuel des joueurs. C'est pour cela qu'à chaque Coupe du monde, l'espoir renaît grâce à une préparation physique longue. C'est aussi pour cela qu'en 2017, un accord avec les clubs avait instauré une préparation d'avant-saison de 10 semaines pour un groupe d'internationaux, supervisée par le XV de France. Sans qu'un progrès ait été observé lors des tests de novembre, puisque seulement une petite dizaine de joueurs n'était pas blessé pour jouer avec la France.
Contre l'Irlande, comme lors de tant d'autres matches, le contraste était saisissant entre les deux équipes. D'un côté, les Français avaient du mal à percer le rideau défensif adverse. Cela se terminait souvent par une avancée "en crabes", qui se terminait par du jeu au sol où une passe pour envoyer un coéquipier tenter sa chance. De l'autre, les Irlandais parvenaient à créer des déséquilibres.
En chiffres, les 11 Irlandais les plus performants dans ce secteur ont gagné 331m. Parmi ce Top 11, le meilleur (Rob Kearney) atteint 45m de gain à la course, et le pire Conor Murray, le demi de mêlée, pour 12m. Côté français, Teddy Thomas est le meilleur des deux équipes (79m dont presque 60 sur la seule action de son essai), mais pour atteindre le même nombre de joueurs (11), il faut trouver des hommes qui n'ont gagné que 1m. Et au total, avec les 11 meilleurs, on atteint 255m dans le camp tricolore. Or, le rugby se joue en avançant. Et à force de ne pas avancer, on commet des fautes. Comme samedi. "C'est nos fautes qui leur permet de gagner", soulignait l'arrière Geoffrey Palis.
Des lancements de jeu peu performants
Là-aussi, la différence est flagrante entre l'Irlande et la France. dans une équipe en confiance et habituée à jouer ensemble malgré de nombreux absences, le XV du Trèfle semble réciter son rugby. Chez les Bleus, rien ne semble couler de source. "On avait du mal à lancer le jeu comme on le voulait", reconnaissait Jacques Brunel après le match. Après seulement 15 jours de travail à inculquer "des choses simples, basiques" selon les mots du sélectionneur, l'équipe de France est logiquement en rodage.
Mais ces lancements poussifs, ces hésitations dans la ligne ne datent pas d'hier. Depuis l'ère Philippe Saint-André, le XV de France peine à assumer son glorieux passé du "french flair". Précipitation, maladresse, mauvais choix, manque de réalisme, et même insuffisance de technique individuelle, les maux sont récurrents et souvent connus. Reste à trouver la solution. C'est le défi du nouveau staff de l'équipe de France, qui a une semaine pour que la bonne défense sur laquelle "on peut construire" dixit Teddy Thomas, trouve en écho une attaque face en Ecosse.
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