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Tournoi des Six Nations : Arthur Vincent, plus qu'une doublure de luxe

Si Virimi Vakatawa n'avait pas été blessé, Arthur Vincent n'aurait sans doute pas débuté le premier match du Tournoi des Six Nations en Italie. Mais le joueur de Montpellier a encore une fois saisi sa chance pour réaliser un match complet avec un essai et de nombreuses actions décisives. Comme souvent pour ce joueur de seulement 21 ans.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le trois-quarts centre Arthur Vincent seul avec tous les défenseur italiens à ses basques, à Rome le 6 février 2021 (NDERIM KACELI / NDERIM KACELI)

Il y a des actions qui marquent l'empreinte d'un joueur. Souvenez-vous, l'année dernière, le 22 février, à Cardiff, alors que l'équipe de France suait à grosses gouttes en toute fin de match face à la hargne galloise. Pour conquérir une première victoire dans cette enceinte depuis dix ans, Arthur Vincent venait récupérer in-extremis Nick Tompkins, auteur d'une percée meurtrière alors que les Diables Rouges n'avaient plus que quatre points de retard (27-23).

Un retour salvateur. Autre temps autre lieu, ce samedi 6 février, à Rome, contre l'Italie (50-10), qui intervenait au relais de Teddy Thomas pour poursuivre une première action offensive des Bleus qui allait finir par le premier essai du match après un début de rencontre moyen ? Encore Arthur Vincent. 

126 mètres gagnés ballon en main, 16 plaquages réussis

N'allez pas chercher le joueur qui a gagné le plus de terrain ballon en main côté français : c'est lui. A Rome, il a parcouru 126 mètres, plus que l'arrière Brice Dulin (114 mètres) pourtant lui-aussi décisif et auteur d'un essai, ou l'ailier Teddy Thomas (101 mètres) et son doublé.

Au cœur du jeu, il a fait avancer le collectif, finissant la rencontre avec un total de 16 plaquages réussis (1 seul raté), soit un de moins que le leader français Charles Ollivon (17 plaquages réussis), autant que l'insatiable faucille en deuxième ligne Paul Willemse, son coéquipier de Montpellier, et trois de plus que la référence en la matière, Bernard Le Roux (13). Ce n'est pourtant pas le joueur le plus costaud, ni le plus grand ni le plus impressionnant (1,83 m pour 88 kg). Il est néanmoins devenu un cadre de cette équipe de France rajeunie.

Il n'est certes pas le plus connu des joueurs de l'équipe de France. Normal, il n'en est pas un titulaire à part entière. Dans la hiérarchie des trois-quarts centres, Virimi Vakatawa et Gaël Fickou sont devant le Montpelliérain. Pourtant, au gré des blessures et des matches joués par Fickou à l'aile, il a fêté à Rome sa cinquième titularisation en huit sélections. C'est dire son importance aux yeux du staff qui continue à lui faire confiance malgré la mauvaise passe de Montpellier, qui rejaillit forcément sur ses performances en Top 14. Et l'encadrement du XV de France a raison.

Au Stadio Olimpico, il y a donc eu ce soutien à Teddy Thomas pour le premier essai tricolore, celui qui a lancé la machine bleue. Toutes ses qualités s'expriment dans cette action : l'intelligence pour suivre le ballon et être au bon endroit au bon moment pour le faire vivre, la technique avec des mains sûres pour capter la balle dans le trafic sans commettre de fautes, et le physique pour s'extirper d'un plaquage et poursuivre son avancée en grappillant quelques mètres précieux, ceux qui mettent un peu plus l'Italie sur le reculoir.

Mêmes qualités et conséquences à la demi-heure de jeu, pour le deuxième essai français, qu'il a conclu en étant encore une fois au soutien, avec intelligence, d'Antoine Dupont. Certains auraient pu attendre le ballon à l'extérieur, lui est venu au plus près, presque main à main pour récupérer une passe géniale du Toulousain. 

Pour le Montpellierain (il est né à 10 kilomètres de la grande ville, à Mauguio), l'euphorie pourrait le gagner avec cette parenthèse bleue dans un quotidien héraultais tumultueux. Mais comme il en avait fait preuve à Cardiff voici un an, Arthur Vincent conserve toute l'humilité qui habite ces Bleus. "On a fait le travail mais cela reste perfectible", disait-il à l'issue de la rencontre. "On va garder le positif et voir les détails. C'est une joie mesurée."

Quelques minutes après la fin de la rencontre, il avait déjà, comme à chaque fois, une analyse sûre, posée : "On se disait que ça allait être un match hyper rude, on se l'est dit dans le vestiaire. Il fallait qu'en deuxième mi-temps on réponde par rapport à cette agressivité, parce qu'ils étaient largement au-dessus. Mais petit à petit on a essayé de les contrer, donc c'est une satisfaction aussi."

"Avec lui, tout semble naturel, évident"

Il faut dire que son niveau d'exigence est élevé. Dans la pléiade de joueurs de talents du XV de France, Arthur Vincent s'est fait une place au soleil, en commençant par les bases. À seulement 21 ans, il est déjà double champion du monde des moins de 20 ans, et était même capitaine de cette sélection lors du deuxième sacre, en 2019.

Quelques mois plus tard, il fait ses premiers pas chez les "grands" dans le Tournoi, et séduit le staff, le manageur Raphaël Ibanez en tête, qui loue sa capacité "à avoir une vraie réflexion sur le jeu. Avoir des joueurs de cet âge-là, capables de partager une vision du rugby, c'est un atout supplémentaire et c'est ça qu'on recherche au sein de l'équipe". Ils l'ont cherché et l'ont trouvé, ce qui fait dire à Fabien Galthié, le sélectionneur au sujet de cet "accélérateur de jeu" : "Avec lui, tout semble naturel, évident."

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