Six nations 2024 : avec des clubs en difficulté financière, le rugby anglais face à la fuite des talents vers la France
La saison prochaine, Owen Farrell et Courtney Lawes étofferont le contingent d'Anglais qui évolue en Top 14, au nombre de 16 cette saison (d'après la Ligue nationale de rugby). En rejoignant respectivement le Racing 92 et le CA Brive, ils confirment que le Top 14 est devenu une terre d'exil pour les joueurs anglais en quête d'une meilleure rémunération. Alors que le XV de la Rose se déplace à Lyon pour défier la France, pour le compte de la cinquième et dernière journée du Tournoi des six nations, samedi 16 mars (21 heures en direct sur France 2 et france.tv), la Fédération de rugby anglaise (RFU) tente de limiter les vagues de départ.
Selon une de ses règles, les expatriés ne sont en effet plus éligibles sous le maillot national, peu importe leur pedigree et leur nombre de sélections. La RFU tente ainsi de dissuader ses meilleurs éléments de rejoindre des championnats plus rémunérateurs, comme la France ou le Japon, alors que la ligue est traversée par des problèmes financiers ayant mené des clubs jusqu'à la faillite.
Des joueurs de plus en plus jeunes quittent l'Angleterre
Auparavant réservée à des joueurs en fin de carrière, cette fuite concerne désormais des joueurs à leur apogée, voire encore très jeune. C'est le cas d'Henry Arundell, recruté cet été par le Racing 92 après la faillite des London Irish. L'ailier ou arrière de 21 ans a d'abord été autorisé à poursuivre sa carrière internationale, mais après le Mondial 2023, où il a marqué cinq essais, la prolongation de son contrat chez les Ciel et Blanc l'a rendu inéligible. "Ça serait génial si je pouvais faire les deux, mais il faut protéger le championnat anglais, concédait-il début janvier, lui qui compte dix sélections. C'est pareil en France, à chaque rencontre les gens veulent voir Cameron Woki, Gaël Fickou, les internationaux... Je comprends pourquoi il y a cette règle."
À 27 ans, le troisième ligne anglais Jack Willis s'épanouit, lui, du côté de Toulouse, qu'il a rejoint après le placement en liquidation judiciaire des Wasps. "Les gens ont parfois tendance à oublier la situation en Angleterre. J'ai perdu mon boulot il y a 14 mois seulement. Je n'avais plus de salaire, aucune offre au pays, et Toulouse a été formidable envers moi", rappelle-t-il.
Vers la fin des restrictions ?
Au pays, certaines voix s'élèvent pour une réforme, à l'image de Lawrence Dallaglio, champion du monde 2003 avec le XV de la Rose. "Ils doivent changer. Je pense que Steve Borthwick veut changer les choses, il ne le dira pas publiquement, mais il faut le faire. Je ne pense pas que l'Angleterre ait suffisamment de qualités à l'heure actuelle pour ignorer le monde étranger tel qu'il est", a développé l'ancien joueur des Wasps, en prenant l'exemple de Willis. L'Angleterre se prive de l'un des meilleurs flankers de la meilleure équipe européenne. Pourquoi ne peut-il pas jouer pour l'Angleterre ?"
Il y a pourtant des stars qui clament encore haut et fort leur amour du maillot blanc, comme Maro Itoje, 29 ans et 80 sélections, déterminé à rester au pays au moins jusqu'à la Coupe du monde 2027. "Disputer le dernier Mondial a été une expérience extraordinaire. La passion des supporters, l'atmosphère, l'effervescence, l'excitation. C'est une drogue dont il est difficile de se passer", assume le joueur des Saracens.
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