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6 Nations : Penaud, Ntamack et Roumat, les fils à papa du XV de France

Après Damian Penaud et Romain Ntamack, Alexandre Roumat a intégré le XV de France pour devenir le troisième "fils de" dans cette formation. Après être passés tous trois les uns après les autres par l'équipe de France des -20 ans, les voilà chez les A, étant coéquipiers comme leurs pères qui avaient fait les beaux jours de l'équipe de France dans les années 90. Les trois hommes, qui ont fait leur chemin avec leur personnalité et leur propre identité, ne peuvent pas renier leurs gênes.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

Damian Penaud - 23 ans - 16 sélections

Il est né à Brive-la-Gaillarde. Là où son père a réalisé une grande partie de sa carrière, là où il a explosé à la face du monde, là où il s'est bâti un palmarès. Son père, c'est Alain. Formé dans la Corrèze au poste de demi d'ouverture, c'était un attaquant de feu, gaucher, dont les prises d'initiative ont fait les beaux jours du CABC, jusqu'à mener le club au sommet de la Coupe d'Europe en 1997, lors de la deuxième édition de cette compétition. Passé par les Saracens, Toulouse, le LOU et le Stade-Français, il a connu 32 sélections en équipe de France, dont la première au pays de Galles en 1992, alors que son fils a connu sa première cape 25 ans après, en Afrique du Sud. Doté d'un bon jeu au pied, il avait surtout des crochets dévastateurs, en n'hésitait jamais à attaquer la ligne pour tenter une percée.

Lorsqu'on voit jouer Damian Penaud, on retrouve un peu de son père. Certes, il évolue au poste d'ailier, mais son goût des grands espaces, ses crochets, sa capacité à attaquer la ligne pour prendre un mini-intervalle rappelle sans nul doute les chevauchées d'Alain, en plus rapide, en plus costaud. Formé à Brive, arrivé à Clermont en 2015 à 19 ans, il a gravi les échelons jusqu'à l'équipe première, jusqu'à un titre de champion de France deux ans après, que son géniteur n'a touché qu'en fin de carrière (32 ans), tout en échouant la même année en finale de la Coupe d'Europe. Désormais cadre de cette équipe de France, c'est un finisseur, un dynamiteur de défense. En équipe de France, il est le 1083e joueur à porter le maillot bleu. Son père était le 780e. Mais régulièrement, ce parallèle l'agace: "Je m'appelle Damian, mon père s'appelle Alain", coupe-t-il souvent. En 2017, son père disait au micro de Canal +: "Comme j’aime à le dire, c’est quelqu’un de bien et j’en suis d’abord fier pour ça. Si, en plus, ça devient un grand joueur, ce sera lui qui pourra être fier de ce qu’il a accompli."

Romain Ntamack - 20 ans - 12 sélections

La tête haute, le regard lointain, en plus d'un timbre de voix qui se ressemble, Romain ne peut pas renier le fait que son père s'appelle Emile. Ce dernier était ailier avant de finir au centre, alors que son fils a explosé à l'ouverture, mais évolue également au centre. Champion de France à 24 ans, vainqueur de la première Coupe d'Europe à 26 ans, "Milou" faisait partie de cette nouvelle génération d'ailiers puissants, dont le plus bel exemple était Jonah Lomu avec lequel il a livré quelques passes d'armes et surtout avec lequel il s'était lié d'amitié. Emile Ntamack avait en plus des crochets désarmants et, comme il avait fait toute sa carrière au Stade toulousain, il aimait intervenir dans toutes les zones. Ses 46 sélections en Bleu et son palmarès incroyable n'ont jamais fait rougir son fils, avec lequel il a pour autre point commun d'avoir fait ses débuts contre le pays de Galles (en 1994 à l'Arms Park pour l'un, 2019 au Stade de France pour l'autre).

Car Romain a tracé son chemin dans les traces de son père, mais avec sa propre personnalité. "Mon père ne m'a jamais encombré, que ce soit au rugby ou dans la vie, au contraire", nous confiait récemment le jeune homme de 20 ans, avant d'avouer que les deux s'appellent après chaque match pour analyser la performance du rejeton, au talent incroyable. Car Romain Ntamack franchit les étapes à vitesse grand V. Très souvent surclassé, il est devenu champion du monde des moins de 20 ans à 18 ans, champion de France à 19 ans, et est devenu le plus jeune joueur français à participer à la Coupe du monde (en 2019) en étant en plus titulaire. Ouvreur, centre, il possède une technique quasi-parfaite, et une énorme capacité à gérer la pression. Comme son père, il porte les couleurs rouge et noir du Stade toulousain depuis toujours. Et cela ne lui déplairait pas de passer toute sa carrière dans cette "seconde maison". Emile Ntamack est devenu le 799e international français, son fils Romain a pris le numéro 1106.

Alexandre Roumat - 22 ans - 0 sélection

Un strap sur la tête pour mieux protéger les oreilles. Comme son père, Alexandre Roumat ne joue jamais sans. Appelé dimanche soir pour remplacer Dylan Cretin, blessé, Alexandre Roumat découvre pour la première fois la grande équipe de France lors de la préparation du Tournoi des 6 Nations à Nice. A 22 ans (il fêtera ses 23 ans juin), le troisième ligne de Bordeaux-Bègles a, comme Damian Penaud et Romain Ntamack, évolue en équipe de France -18 ans puis -20 ans, avant de passer ce nouveau cap. 

C'est presqu'au même âge que son père, Olivier, a été pour la première fois invité chez les grands Bleus. C'était un 1er juillet 1989, en Nouvelle-Zélande face aux All Blacks, à 23 ans. Il a porté le maillot bleu à 62 reprises. Un vrai cadre avec deux Coupes du monde à son actif, formé à Dax, parti en Afrique du Sud avant de revenir dans son club puis porter les couleurs du Stade Français et enfin de Biarritz, ces deux dernières équipes lui permettant enfin de toucher le Bouclier de Brennus (1998, 2002) à 32 et 34 ans. Joueur puissant, de devoir, "la Roum" faisait régner la terreur dans les airs et en mêlée, là où sa puissance et ses 2m lui offraient le plus d'impact.

Son fils, Alexandre, ne lui rend que deux centimètres (1.98m). Formé à Biarritz, arrivé à l'UBB depuis 2017, il joue au poste de 3e ligne. Mais les points communs avec son père sont là: "Ce ne sont pas les mêmes, ils sont différents, ils n'ont pas le même caractère, pas le même tempérament", expliquait en 2017 à L'Equipe Valérie, la maman de Romain et compagne d'Olivier. "Et si Alex est moins sanguin, il est tout aussi obsédé que l'était son père. En fait, ils sont fusionnels. Ils ne parlent que de ça, ils débriefent tout, les matches, les entraînements, les compositions d'équipes." Appelé dimanche soir, Alexandre sait que le regard de son père l'accompagne toujours: "A chaque fois que j’ai eu la chance de porter ces couleurs dans les catégories jeunes, il a à chaque fois été très fier", a-t-il dit à Sud-Ouest. "Pour l’instant, je ne suis appelé que pour un camp d’entraînement, je ne suis pas encore sur le terrain donc on ne va pas s’enflammer." Son père est le 748e international français. Lui n'a pas encore de sélection.

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