6 Nations - Le XV de France coule à pic en Irlande face à la marée verte
A 30 minutes du coup d'envoi, le ciel de Dublin s'est transformé en enfer. Si la pluie et la neige ont cessé pour le début de la rencontre, sur le terrain, les Français ont eu l'impression de subir la foudre. Une première période de cauchemar. Pratiquement 40 minutes à défendre, avec à la pause un bilan tragique: 192m gagnés par les Irlandais contre 24 par les Français, 125 plaquages tentés par les Français pour 37 par les Irlandais. Et une mêlée sur le reculoir. Ce n'était pas une domination, c'était un jeu d'attaque-défense. Et pour couronner le tout, trois joueurs ont été touchés dans le premier quart-d'heure: Lauret, remplacé par Alldritt dès la 11e minute, Demba Bamba, remplacé provisoirement par Aldegheri à la 12e, puis Poirot, auquel Falgoux a succédé à la 16e. Un handicap de plus à gérer pour une formation encore malade.
Comme en Angleterre, la France a craqué très rapidement. A la 3e minute, une pénal-touche permet au capitaine Rory Best de contourner le maul pour inscrire le premier essai (3e, 7-0). Juste après, sur un jeu au pied de Ntamack, Penaud allait au duel et récupérait le ballon pour le transmettre à Ramos qui allait entre les perches, mais l'essai était justement annulé pour un en-avant de l'ailier clermontois (6e).
Ce sera la seule grande incursion tricolore dans cette première période. Trop souvent en phase défensive, incapable d'enchaîner les mouvements, asphyxiée par la défense agressive irlandaise, la France ne parvenait pas à trouver de l'air. Jouant sa partition, le XV du Trèfle s'enhardissait en campant dans la partie de terrain tricolore. A la 30e minute, la différence se creusait sur une superbe combinaison de trois-quarts, initiée par Jonathan Sexton à l'origine et à la conclusion de ce mouvement (14-0).
Trois minutes après, sur une chandelle de l'inévitable Sexton, Thomas Ramos perdait son duel, ce dont profitait Ringrose. Plaqué par Dupont et Fickou, revenus in-extremis, l'Irlandais relâchait le ballon en glissant pour l'aplatir. L'essai était annulé par la vidéo. Mais ce n'était que partie remise. Sur une perte de balle de Bamba dans les 22m, Conan finissait par aplatir en enfonçant Guirado (36e, 19-0). Le score à la pause. Avec beaucoup trop de premiers plaquages ratés, et une incapacité à avancer et à avoir des ballons propres, le XV de France n'a fait que subir.
Le retour des vestiaires était le seul moment de relative accalmie. Quelques mouvements, une incursion dans le camp irlandais, mais pas de point à la clé. Une fois la "surprise" de cette réaction passée, le XV du Trèfle a retrouvé ses marques. Sur une touche, un maul est organisé et savamment joué avec le 3e ligne centre CJ Stander qui remettait à l'intérieur pour son ailier Earls. Lancé, le petit ailier du Munster n'était pas repris, et inscrivait son 30e essai sous ce maillot, devenant le deuxième meilleur marqueur de l'histoire de son équipe nationale (56e, 26-0).
A l'heure de jeu, Joe Schmidt faisait tourner son effectif, remplaçant notamment sa charnière. Car la victoire et le bonus offensif déjà en poche, son regard était tourné vers Cardiff, où la semaine prochaine, les Irlandais tenteront de priver les Gallois de victoire. Et comme les Français enchaînaient les erreurs, ce qui coûtait un carton jaune à Aldegheri (69e), aucune frayeur n'était possible.
En fin de match, Yoann Huget sauvait l'honneur en profitant du travail d'Alldritt qui s'arrachait au centre du terrain pour l'envoyer en terre promise. Chat en inscrivait un autre en force, dans les arrêts de jeu. 14 points au compteur, c'était bien payé au vue de l'écart entre les deux équipes.
Ces dernières minutes de jeu ont permis à l'équipe d'éviter de finir fanny, ce qui ne lui était plus arrivée depuis juin 2014 (6-0 en Australie). Mais sur le plan statistique, la sanction est sans appel: 72% d'occupation pour l'Irlande, qui a gagné 355m (contre 141 à la France), et qui a plaqué 115 fois (contre 193 côté tricolore).
Quinze jours après l'éclair de la victoire contre l'Ecosse, la première de la compétition, l'équipe de France a montré qu'elle reste très éloignée du plus haut niveau. "On va retenir la leçon de ce match: on est capable de rivaliser. Mais on a montré deux visages", constatait Jacques Brunel quelques minutes après la fin de la rencontre.
Le problème, c'est que la France a rivalisé à peu près une mi-temps, et encore... Et ce n'est qu'à partir du moment où le XV du Trèfle avait acquis sa victoire et le bonus offensif qu'elle a pu le faire. La semaine prochaine, à Rome, la dernière place ne sera pas en jeu. Mais pas ce qui reste d'honneur au XV de France, qui affrontera une Italie qui a perdu ses 21 derniers matches dans le Tournoi des 6 Nations.
La 2e nation mondiale peut encore jouer un rôle pour la victoire dans ce Tournoi. A Cardiff, la semaine prochaine, elle peut priver le pays de Galles de victoire.
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