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Rugby : comment la France est devenue une terre d'accueil pour les joueurs géorgiens

Après l'Argentine, le XV de France a rendez-vous dimanche 14 novembre à Bordeaux avec la Géorgie. Un match très spécial pour les joueurs géorgiens, dont on dit souvent que la France est leur deuxième maison.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Lechevestrier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le pilier géorgien du RC Toulon, Levan Chilachava, lors d'un match contre Clermont-Ferrand le 8 janvier 2017. Il joue maintenant au Castres Olympique. (THIERRY ZOCCOLAN / AFP)

Pas moins de 18 joueurs, sur les 33 appelés en équipe de Géorgie, évoluent en France, en Top 14 ou en ProD2. Ce recours aux joueurs géorgiens a débuté à la fin des années 1990, à l'initiative de Claude Saurel, l'ancien entraîneur du club de Béziers. À l'époque, il est approché par un dirigeant géorgien, qui l'invite à leur rendre visite. "Je m'y suis rendu et je suis tombé sur des gens absolument passionnés, des joueurs gaillards faits pour le rugby."

Mais dans ce pays d'à peine quatre millions d'habitants, tout est à reconstruire. "Ça a été compliqué. Au début c'était une catastrophe. Ils n'avaient rien du tout. Le pays venait de terminer une guerre contre les Russes, et il y avait encore beaucoup de violence. J'ai eu des gardes du corps pendant quatre ou cinq ans. Puis je me suis rendu compte que les joueurs ne mangeaient pas à leur faim, donc cela m'est apparu difficile de continuer à avoir une quelconque exigence sur le plan sportif !"

"J'ai convaincu les dirigeants de les laisser sortir de Géorgie, pour les amener en France. J'en ai amené 80."

Claude Saurel

à franceinfo

>> À lire : L'histoire contrastée du rugby géorgien, interdit par Staline et ressuscité par des Français

Vingt ans plus tard, la filière géorgienne perdure. Pour Claude Saurel, pas de doute : cet exode a permis aux Lélos (le surnom de la sélection géorgienne) de grandir vite, avec une qualification historique pour la Coupe du monde, dès 2003. Pendant ce temps-là, le rugby s'est structuré au pays passant de 350 à 21 000 licenciés, mais il est encore difficile pour les joueurs de revenir au bercail. "Le Smic là-bas est encore à 200 ou 250 euros. Il y a une disproportion entre ce qu'ils peuvent gagner en France et ce qu'ils gagnent en Géorgie."

"Le budget de la fédération géorgienne est de quatre millions d'euros. Il y a des clubs de Fédérale 1, en France, qui ont ce budget !"

Claude Saurel

à franceinfo

Mais Claude Saurel travaille toujours au développement du rugby géorgien, notamment pour les jeunes. En guise de remerciement, la Fédération vient de lui offrir la nationalité géorgienne. Alors pour ce match entre le XV de France et la Géorgie à Bordeaux, il soutiendra "le beau jeu", conclut-il.

Rugby : les Géorgiens de France - Reportage de Fanny Lechevestrier

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