"Le racisme n'existe pas dans le rugby ? Ce n'est pas vrai"... Une victime de l'agression commise par l'international Bastien Chalureau témoigne
Yannick Larguet est sorti de son silence. Une semaine après le procès en appel du rugbyman Bastien Chalureau, contre qui une peine de huit mois de prison avec sursis a été requise pour "agression raciste" à la suite d'une rixe en 2020, l'une de ses deux victimes a témoigné pour la première fois dans L'Equipe, mercredi 22 novembre. "Le coup m'a fait mal mais il me fait cent fois moins mal que l'insulte", a expliqué l'ancien joueur de Colomiers et d'Agen, âgé de 43 ans.
Il a préféré rester silencieux pendant la Coupe du monde, car "supporter et préserver l'équipe de France était [sa] priorité". Alors même que le deuxième ligne international, présent dans le groupe des Bleus pour la Coupe du monde ce qui avait suscité des réactions à l'annonce de sa sélection, a toujours réfuté le caractère raciste de l'agression. "Déçu" par la version des événements présentée par Bastien Chalureau lors du procès en appel et par "sa façon de banaliser certains points", Yannick Larguet a partagé, dans le quotidien sportif, sa version de la soirée du 31 janvier 2020, à Toulouse.
"Quand j'entends que cette histoire, ce n'est rien d'autre qu'une bagarre de nuit entre des rugbymen ivres... Ce n'est pas la vérité. Quand on se fait frapper par-derrière en rentrant dans un parking, en se faisant traiter de bougnoules, ce n'est pas une bagarre. C'est de la couardise la plus extrême", insiste l'ancien joueur de rugby, pour qui il s'agit bien d'une "agression motivée". "À 40 ans, se faire traiter de bougnoules... J'ai repensé à ma mère, à mon père, à ce que j'entendais quand j'étais plus jeune, à Bourg-en-Bresse [...] quand je traversais le terrain pour aller marquer : 'Attrapez-le, le négro'", raconte la victime.
"A aucun moment, il ne s'est excusé"
Mis en cause par le joueur de Montpellier, Yannick Larguet affirme ne l'avoir jamais chambré pendant la soirée, ni même croisé, mais voyait en lui "un danger pour la société avec ses 2,02 mètres et 130 kg de l'époque". "A aucun moment, il ne s'est excusé", regrette-t-il malgré leurs échanges au lendemain des faits, à l'initiative de Didier Lacroix, président du Stade toulousain où l'agresseur jouait à l'époque avant d'être licencié.
"Je me suis senti seul", regrette Yannick Larguet, "choqué" par le silence des médias et des instances. Ce père de trois enfants le clame : "Il faut absolument fuir et s'éloigner de cette vérité qui n'en est pas une : le racisme n'existe pas dans le rugby. Ce n'est pas vrai."
La cour d'appel rendra sa décision le 16 janvier.
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