Un château bleu à fortifier pour Saint-André
Ils l'ont tous dit après la finale. C'est la fin d'une histoire. Probablement celle d'un groupe aussi. C'est pratiquement tout le huit de devant aligné lors de la finale en Nouvelle-Zélande qui pourrait ne plus être là en 2015. Nicolas Mas, 31 ans, William Servat, 33 ans, Jean-Baptiste Poux, 31 ans, Lionel Nallet, 34 ans, Pascal Papé, 30 ans, Julien Bonnaire, 32 ans, Thierry Dusautoir, 29 ans, Imanol Harnordoquy, 31 ans. Si l'on ajoute les autres trentenaires (Yachvili 30 ans, Skrela 32 ans, Clerc 30 ans, Rougerie 30 ans, Traille 32 ans, Heymans, 33 ans), pratiquement la moitié des trente joueurs présents en Nouvelle-Zélande pourrait être atteinte par la limite d'âge en 2015. Ce sera donc l'un des principaux chantiers qui attend Philippe Saint-André pour mettre sur pied une équipe de France capable de remporter enfin cette Coupe du monde dans quatre ans.
Parra, Médard, Palisson, Mermoz, le futur déjà en marche
Bien évidemment, tous ces joueurs ne vont sans doute pas prendre leur retraite rapidement, beaucoup vont poursuivre l'aventure et ainsi permettre une bonne passation de pouvoir avec la jeune génération. Car ils ne sont pas cuits. Symbole de ce lien, Thierry Dusautoir, dont les 29 ans lui permettent quelques espoirs mais dont le style de jeu peu économe physiquement le laisse hypothétique dans quatre ans. Miser uniquement sur eux pour le prochain Mondial reviendrait à prendre de gros risques. Comme d'habitude, le nouveau staff tricolore va devoir apporter quelques retouches pour, peu à peu, détacher une équipe rajeunie. A Auckland, elle portait déjà quelques certitudes en la matière. Avec Morgan Parra (22 ans), Alexis Palisson (24 ans), Maxime Mermoz (25 ans), Maxime Médard (24 ans), François Trinh-Duc (24 ans), Dimitri Szarzewski (28 ans), Fabien Barcella (27 ans), Fulgence Ouedraogo (25 ans), Louis Picamoles (25 ans), Raphaël Lakafia (22 ans),Jean-Marc Doussain (20 ans), la nouvelle génération a emmagasiné l'expérience de cette épreuve planétaire sous la pression de la presse française et néo-zélandaise, pour atteindre une finale que beaucoup de leurs glorieux aînés n'ont jamais connue. Un vécu irremplaçable pour prétendre atteindre le Graal.
"Enfant" de Pierre Berbizier dont il était le capitaine lors du dernier succès d'une équipe étrangère dans l'Eden Park d'Auckland en 1994, Philippe Saint-André aime bâtir ses équipes sur des bases solides, une conquête affirmée, une discipline de fer, avant de recourir aux éclairs du "french flair". Trouver des successeurs à une première ligne intraitable et expérimentée ainsi qu'à une troisième ligne probablement la plus performante de l'histoire du XV de France, voilà deux des principaux chantiers à moyen terme qui l'attendent. Pour le prochain Tournoi des VI Nations, première échéance de son règne, il devrait encore compter sur tous les "grognards". Mais après ? Parmi les successeurs, les Clermontois Domingo, Kayser, Jacquet, Lapandry, les Toulousain Galan et Nyanga, le Montpellierain De Marco, les Perpignanais Schuster ou Chouly, le Parisien Burban ont presque tous fait leurs premiers pas en Bleu, le pilier de l'ASM ayant été écarté de ce Mondial à cause d'une blessure. D'autres pourraient émerger, mais il faudra surtout trouver la complémentarité et donner du temps pour parfaire les automatismes. Et du temps, au plus haut niveau, c'est ce qui existe le moins.
Parra en 9 ou en 10 ?
Derrière, beaucoup de revenants, et quelques nouvelles étoiles montantes, peuvent postuler en fonction de leurs performances en club: les Clermontois Malzieu et Floch, le Castrais Andreu, les Toulousains Bezy, Beauxis, David, Fritz et Poitrenaud, le Toulonnais Bastareaud, les Parisiens Wizniewski, Fall et Chavancy, le Perpignanais Porical, les Parisiens Burban et Dupuy, le Bayonnais Huget ou le Biarrot Baby. La belle Coupe du monde de Morgan Parra va en plus poser un problème au nouveau sélectionneur. C'est au poste d'ouvreur qu'il a fini la compétition, dans la douleur mais au prix de belles performances, lui le demi de mêlée de Clermont, dont la concurrence à l'ouverture dans son club porte les noms de Brock James et de David Skrela. Le dilemme pourrait être résolu si un ouvreur s'imposait clairement, ce qui n'a été le cas de Trinh-Duc que par intermittence en Nouvelle-Zélande, ou si un autre demi de mêlée remportait les suffrages.
Présent au "pays du long nuage blanc" durant l'épreuve, Philippe Saint-André a eu le temps de se faire une idée des axes de progression de sa future équipe. Et il a encore quelques semaines pour observer dans les clubs ceux qui pourraient lui offrir de nouvelles solutions. Après, il sera temps pour lui de fixer sa philosophie de jeu, de dévoiler sa première sélection pour son premier match en tant que sélectionneur, le 4 février au Stade de France contre l'Italie. Et parmi tous ces choix, l'ancien manageur du RC Toulon devra également renouer un contact moins conflictuel avec la presse qu'un Marc Lièvremont, qui aura fini éreinté par cette "gué-guerre" qu'il n'aimait pas, ayant juste le sentiment qu'on lui reprochait de dire ce qu'il pensait.
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