Servat, la "buche" revient aux affaires
William Servat n'est pas un grand bavard. Comme beaucoup de membres de la première ligne. Et comme eux, il a la notion du collectif très développée. Alors, au moment où il doit expliquer tout son plaisir de retrouver le terrain pour le premier match de la Coupe du monde contre le Japon, il "savoure intérieurement" mais parle aussi de "pudeur et de réserve". Car avec sa blessure au genou, contractée après quelques minutes de jeu en finale du Top 14, et celle de plus longue date de Dimitri Szarzewski, les entraîneurs français avaient choisi d'emmener un troisième talonneur en Nouvelle-Zélande, Guilhem Guirado, qui sera en tribune. "On a vécu à trente toute cette préparation, il y a des joueurs pour qui cela va être difficile car malheureusement, ils ne sont pas concernés (par ce match)", rappelle le Toulousain. "On a un groupe qui a bien vécu jusqu'à aujourd'hui. Je pense qu'il va continuer à bien vivre puisque la chance sera donnée à tous les joueurs de faire quelque chose dans cette compétition".
Bien évidemment, certains pourront penser que sa position est suffisamment confortable pour tenir ce genre de propos. Mais le natif de Saint-Gaudens n'est pas du genre à travestir ses sentiments: "Si quelqu'un qui démarre ce match pense que sa place est acquise et qu'il est sûr de lui, je pense qu'il fait une grosse erreur". Et d'asséner: "On a la chance de démarrer une Coupe du monde en Nouvelle-Zélande. J'essaie de peser mes mots et de mesurer l'évènement même si je n'y arrive peut-être pas totalement. J'ai des choses à prouver encore et j'espère avoir des choses à prouver le plus longtemps possible." Malgré sa modestie, la réalité pousse tout de même à rappeler qu'il est l'un des meilleures talonneurs du monde. Les observateurs sont d'accord, et cette qualité est également partagée par Didier Retière, l'entraîneur des avants du XV de France, même si Marc Lièvremont a tenu à rappeler, lors de l'annonce de sa titularisation, qu'il "'doit refaire ses preuves" tout en ajoutant que "ce serait lui faire injure que de dire qu'il est n°2".
Depuis sa blessure au dos qui l'avait éloigné des terrains en 2006, l'ancien rival de Raphaël Ibanez s'est imposé comme la poutre de la mêlée tricolore, comme de celle du Stade Toulousain. Solide dans le combat, premier perforateur ballon en main, premier au soutien, ce colosse d'un mètre quatre-vingt-quatre pour 110kg fait partie de ces mobylettes dans le monde des poids lourds. Sans oublier que son lancer en touche est rarement inconstant, ce qui se révèle crucial dans les matches de haut niveau où chaque phase de conquête est une arme offensive en plus. Champion de France 2008 et 2010, champion d'Europe en 2005 et 2010, avec deux Grands Chelems à son actif (2044, 2010), William Servat représente l'une des images de la force et de la puissance du pack. Le match contre le Japon apportera un éclairage sur sa capacité à avoir rattrapé le retard dans la préparation, consécutif à sa blessure.
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