Quels choix pour Lièvremont ?
Les grands anciens le réclament depuis samedi: "Les joueurs doivent prendre les clés du camion". La phrase émane d'un des plus illustres capitaine du XV de France, Jean-Pierre Rives. Et Raphaël Ibanez comme d'autres appellent à l'union sacrée des joueurs, à une révolte des hommes sur le pré aux dépens du staff technique. L'histoire de l'équipe de France est parsemée de ce genre de révolution interne, aboutissant souvent à de grands faits d'armes comme en 1999 pour une finale. L'humiliation subie par les Bleus contre les Tonga et l'après-match ont donné un peu plus d'eau au moulin aux défenseurs de cette prise de pouvoir. Même Marc Lièvremont espère cette révolte, leur assénant: "Envoyez-moi chier, prenez-vous en main".
C'est peut-être le dernier espoir du sélectionneur, déconfit après le départ de son groupe avec lequel il voulait échanger autour de plusieurs verres après le match. Homme de caractère, combatif, il ne semble plus en parfaite harmonie avec son groupe, malgré tous les mots déclarés en conférences de presse. Mais si les joueurs ont le pouvoir sur le terrain pour trouver des solutions, quitte à aller à l'encontre d'une tactique voulue par le staff tricolore, c'est toujours lui qui décide des joueurs et de leur position. Pour affronter le traditionnel ennemi anglais dans un match couperet, il doit trancher. Et chaque heure doit lui apporter des réponses, sachant qu'il avait annoncé que l'équipe contre les Tonga serait pratiquement l'équipe appelée pour le quart de finale. Seulement voilà, toujours à la recherche d'un jeu cohérent et fluide durant 80 minutes, le XV de France n'a plus de temps, ni beaucoup de solutions.
Estebanez comparaît, Rougerie se soigne
Cité à comparaitre devant la Commission de discipline pour un plaquage dangereux qui lui avait valu un carton jaune contre les Tonga, Fabrice Estebanez a été suspendu pour trois semaines. Il peut encore faire appel, mais il serait étonnant qu'il soit disponible pour le quart de finale. Victime d'une entorse acromio-claviculaire de l'épaule droite, Aurélien Rougerie n'est pas non plus sûr d'être apte. Considéré par le sélectionneur comme la pierre-angulaire de sa ligne d'arrières, le Clermontois pourrait encore contraindre à rénover la ligne des trois-quarts. Heureusement, Maxime Médard lui a apporté l'une des rares satisfactions contre les Tonga au poste d'arrière, Clerc et Palisson devant également être reconduits, puisqu'étant les seuls ailiers du groupe, sauf si Cédric Heymans est relancé à ce poste alors qu'il a débuté le Mondial à l'arrière. Au centre, c'est le grand point d'interrogation. Si Rougerie est forfait, Estebanez suspendu, Marc Lièvremont devra aligner la paire perpignanaise Mermoz-Marty, qui a l'avantage de se connaître, à moins de remettre en jeu Traille, peu en vue à l'arrière. Déjà surprise du sélectionneur lors des tests de novembre à l'ouverture ou à l'arrière lors du Tournoi, le Biarrot, souvent encensé par Lièvremont, devrait alors encore jouer au poker à un poste qu'il connaît mais qui ne devait pas être sien en Nouvelle-Zélande.
A la charnière, cela pourrait être plus simple. Mais ce n'est pas sûr. Avec trois demis de mêlée de formation (Yachvili, Parra, Doussain) et un seul ouvreur (Trinh-Duc), la logique voudrait que le Montpellierain retrouver son N.10 dès l'entame du match. Le Clermontois n'ayant pas démérité sur les deux matchs passés à ce poste comme lors de ses entrées en jeu, il pourrait être relancé en N.9, les nombreuses approximations dans le jeu offensif et dans les lancements contre les Tonga ne plaidant pas en faveur de Yachvili, néanmoins expérimenté et précieux au pied. Mais dans un jeu sûrement plus restrictif face au XV de la Rose, pour éviter notamment les bourdes vues depuis le début de la saison, le Biarrot apporte quelques certitudes.
Un pack de combat
Devant, les incertitudes sont sans doute les moins nombreuses. Si le pack n'a pas été dominateur contre les Tonga, si la touche n'a pas été impériale, si les avants n'ont que peu avancé à l'image de toute l'équipe, les "gros" devraient être reconduits. A deux exceptions près. Imanol Harinordoquy devrait retrouver une place de titulaire en N.8, sa maîtrise de la touche, son expérience et son explosivité le plaçant devant Picamoles et Lakafia. En première ligne, Nicolas Mas est de nouveau apte après sa déchirure aux ischio-jambiers, et il devrait retrouver une place de titulaire à droite. Plutôt performant, Jean-Baptiste Poux devrait gagner sa place à la gauche de son coéquipier toulousain William Servat. En clair, c'est un 8 extrêmement expérimenté et très puissant. A même de rivaliser avec l'Angleterre.
Contre les Anglais, la mêlée et la touche seront vitaux pour ne pas être de nouveau éliminé par la Perfide Albion, comme en demi-finale en 2003 et en 2007. Avec Jonny Wilkinson, de nouveau bourreau des espoirs adverses lors du match décisif contre l'Ecosse, douteux en raison d'une blessure au bras, une presse à scandale qui ne lâche pas les joueurs du XV de la Rose (à l'affaire Tindall s'est ajoutée celle d'une employée d'hôtel entreprise par plusieurs joueurs), et une petite victoire contre l'Ecosse, l'équipe de Martin Johnson n'est pas au mieux de sa forme. Mais au moins, elle est soudée, et dispose de quelques certitudes, à l'image de Chris Ashton, meilleur marqueur de cette Coupe du monde avec six essais.
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