: Portrait Coupe du monde de rugby : Lionel Campergue, le Béarn en bandoulière et le Portugal dans le coeur
Même si son cœur penchera inévitablement pour l'équipe de France, la petite ville de Mourenx vibrera aussi pour "Os Lobos" (les loups en français), l'équipe nationale portugaise, lors du mondial. Si rien ne prédestine cette bourgade béarnaise à un tel intérêt, la participation à la Coupe du monde de l'enfant du coin, Lionel Campergue, l'explique amplement.
À 35 ans, il en aura 36 en novembre, le talonneur dispute sa première Coupe du monde, sous les couleurs lusitaniennes. Éligible pour la sélection grâce aux origines de sa mère, native du Portugal, et au concours d'"un ami qui est parti jouer là-bas", le talonneur y exporte ses talents depuis 2010. S'il ne maîtrise toujours pas parfaitement la langue, "je comprends bien la langue et je la baragouine un peu", il a ainsi été l'un des héros de la qualification portugaise pour la Coupe du monde en France.
Un moment historique, puisque le Portugal n'avait participé à la Coupe du monde qu'en 2007, en France déjà. "C’est juste incroyable ce que nous avons fait. Mais je peux vous dire que nous avons beaucoup travaillé pour en arriver là", a-t-il déclaré à nos confrères de Sud-Ouest en décembre dernier [article payant].
Clin d'œil du destin, Lionel Campergue y retrouvera un visage familier. Au moment d'affronter l'Australie, le 1er octobre, il se remémorera certainement le titre de champion de Fédérale 1, décroché en 2012 avec Colomiers, sous la coupe d'un certain Pierre-Henry Broncan, l'ex entraîneur de Castres, désormais membre du staff aussie. Des retrouvailles improbables au regard des trajectoires des deux hommes.
Rompu aux joutes des terroirs
En effet, le talonneur n'a rien connu du parcours classique d'un mondialiste. Formé à la Section paloise, il y a fait ses débuts en professionnel en Pro D2. Une division qu'il a côtoyée durant cinq saisons, de 2007 à 2011 avec Pau, puis en 2012-2013 avec Colomiers. Entre la cité du vert galant et la banlieue toulousaine, il a disputé 82 rencontres dans l'antichambre de l'élite française.
Un joli total, qui lui a par la suite permis de se muer en globe-trotter, ou plutôt en Sud-Ouest trotteur. Du CA Périgueux (Fédérale 1) au Rugby club bassin d'Arcachon, en passant par Cognac (Fédérale 1 et Nationale), il n'aura fait défaut à la région que le temps d'une saison, à Mâcon (Fédérale 1). S'il a quitté le RCBA et la Nationale 2 en fin de saison, il rejoindra l'an prochain la Fédérale 2 et l'AS Pont Long, dans l'agglomération paloise, évidemment.
Rugbyman mais pas que
Proche de raccrocher les crampons, comme il l'a confié à La République des Pyrénées [article payant], "je voulais arrêter le rugby", et alors que le Portugal était éliminé des qualifications à la Coupe du monde et qu'il enchaînait les blessures, le Béarnais a persévéré. Commercial à son compte dans les vins et spiritueux, il a fait les sacrifices nécessaires pour vivre son rêve mondial."Quand je ne suis pas là, personne ne le fait à ma place !"
Sa place, il s'apprête cependant à la tenir bien fermement sur le terrain. Pourtant, avant même le début de la compétition, il ne réalisait pas encore l'ampleur de l'exploit réalisé, comme il l'a témoigné à la Depêche du Bassin en décembre dernier [article payant], "Quand je me remets ça en tête, je me dis que je travaille, j’essaie de gagner de l’argent et puis je me dis que je vais peut-être jouer une coupe du monde en septembre ! Je ne réalise pas trop". L'élimination du Portugal, qui était prévisible, ne gâchera pas son plaisir.
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