Mondial 2019 : Les clés de France-Ecosse, des équilibres à trouver
Physique: c'est un peu tôt
"La prépa c'est bien, mais c'est bien quand ça s'arrête." L'ouvreur Camille Lopez résume bien l'état d'esprit des Bleus, moulus depuis un mois et demi par le préparateur physique Thibault Giroud dans le but de rattraper les meilleures nations dans ce domaine. Interrogés sur leur forme actuelle, ils grimacent ou esquissent une pirouette. Six joueurs se sont blessés récemment (Doumayrou, forfait, Guirado, Machenaud, Lauret, Camara, Picamoles) et Lopez n'est pas franchement optimiste: "Malgré l'état de fatigue après la grosse prépa, on donnera tout pour faire un bon match."
Ceux qui espéraient voir les piliers français semer les ailiers écossais peuvent aller se rhabiller. "L'important, ce n'est pas d'être prêt samedi physiquement, ce sera d'être prêt au Japon", recadre Lopez. "J'espère qu'on sera au pic de notre forme en septembre", abonde le deuxième ligne Paul Gabrillagues. Les Bleus n'ont plus disputé de match depuis deux mois - pour les Toulousains et les Clermontois, finalistes du Top 14 - voire trois pour les Parisiens, Bordelais et Toulonnais, absents de la phase finale. "Peut-être qu'on va manquer un peu de rythme", prévient Maxime Médard.
Jeu: déjà l'effet Galthié ?
Un comble, quand on voit les cadences imposées à l'entraînement par Fabien Galthié, venu avec Giroud à la rescousse du sélectionneur Jacques Brunel pour en finir avec ce défaut d'intensité, un des maux du rugby français. Cela tombe bien, l'adversaire choisi en a, de l'intensité. "C'est le mode de fonctionnement des Ecossais. Ils adorent mettre beaucoup de vitesse", souligne Wesley Fofana. "C'est un bon test car notre prépa a été portée là-dessus." Apôtre de la vitesse et du mouvement, Galthié a repensé le collectif français de manière plus structurée. Mais il faut maintenant passer de la théorie à la pratique. "Tout ne sera pas rodé, tout ne va pas être parfait", prévient Gabrillagues. "Il faut monter en puissance", dit Cros en demandant de l'indulgence. "Il ne faudra pas tirer l'alarme après le premier match, on construit. Mais il faut valider certaines étapes", précise le flanker toulousain.
Concrètement, les Bleus, qui restent sur un Tournoi des six nations inquiétant, doivent "se rassurer sur (leur) défense", submergée en Angleterre (44-8), et "offensivement jouer le rugby prévu et ne pas s'enflammer, ne pas jouer à la baballe", réclame Cros. "On veut vraiment appliquer ce qu'on a vu à l'entraînement." Il y a un point sur lequel les trois-quarts savent êtres attendus. "On aura peut-être plus de jeux au pied (offensifs), des sorties de camp plus structurées", s'avance Médard. La patte Galthié, déjà ?
Un pour tous mais...
Le XV de France qui débutera samedi sera très expérimental, entre une charnière inédite (Lopez-Dupont), un ailier néophyte (Raka), une paire de centres pas vue depuis 2015 (Fickou-Fofana) et une troisième ligne sans aucun vécu commun (Ollivon-Alldritt-Cros). Le paradoxe, c'est que tous devront s'intégrer dans un collectif sans repères alors qu'ils doivent aussi se montrer pour faire partie de la liste finale de 31 joueurs.
"Il y a un équilibre à trouver entre leur prestation et le rendement de l'équipe", reconnaît Brunel en pensant particulièrement aux deux réservistes (Cros et Charles Ollivon) et aux quatre non-capés (Cros, Raka, Setiano, Mauvaka) retenus. "On les a pris pour les évaluer", dit le Gersois sans ambages. Hors de question, évidemment, pour chacun des candidats de tirer la couverture à soi. "J'espère qu'au niveau de l'état d'esprit, on verra 23 copains qui jouent les uns pour les autres et qui fassent plaisir au public", se projette Gabrillagues. Ce serait déjà bien.
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