Lopez, l'émergence d'un grand cru
Philippe Saint-André l'avait annoncé depuis très longtemps: il emmènerait un jeune ouvreur à fort potentiel. Aux côtés de Frédéric Michalak, N.1, et de Rémi Talès (29 ans), Camille Lopez a endossé cet habit. A 24 ans, il a été l'un des symboles de l'équipe de Bordeaux-Bègles, qui s'est maintenu en Top 14 en développant un jeu ouvert, sans restriction. Avec 232 points au compteur (2 essais, 33 transformations, 49 pénalités et 3 drops), il a réalisé une saison pleine. Suffisamment pour attirer les observateurs de Perpignan, qui l'ont engagé pour la saison prochaine. Il y jouera alors une qualification européenne voire mieux en championnat, laissant derrière lui la dure lutte du maintien du club bordelais. Il fera aussi ses premiers pas en Coupe d'Europe où il se frottera aux robustes équipes du Munster ou de Gloucester. Et son arrivée devrait pousser l'international gallois, James Hook, du poste d'ouvreur à celui d'arrière.
Avant tout cela, il aura vécu un rêve, ce samedi. A 24 ans, il va défier la référence absolue en rugby: les All Blacks, qui plus est dans l'Eden Park, lieu mythique qui a accueilli la première finale de Coupe du monde en 1987. Si Daniel Carter, le meilleur ouvreur du monde, ne sera pas face à lui car forfait pour ce match, l'Aquitain va changer de dimension. Il y a 18 ans, Camille Lopez, du haut de ses 6 printemps, avait décidé de suivre son frère ainé, Sébastien, au rugby. Habitant Chéraute, un petit village des Pyrénées-Atlantiques, c'est à Mauléon-Licharre, commune distante de moins de 2km, qu'il se rend pour tater du ballon oval. C'est ici qu'il va demeurer durant jusqu'à ses 19 ans, évoluant alors en Fédérale 1.
Onze kilos perdus en Gironde
C'est ici que les dirigeants bordelais viennent le chercher. Sans être passé par la filière fédérale, sans avoir connu le chemin d'excellence qu'ont emprunté beaucoup d'autres internationaux comme le jeune Fickou, il poursuit son apprentissage sur les rives de la Garonne, avec Vincent Etcheto comme entraîneur. Deux années en ProD2, puis deux en Top 14, avec deux maintiens à la clé, et un jeu salué par beaucoup pour sa flamboyance, voilà ce à quoi il a contribué en Gironde. L'ancien ouvreur du Racing et de Bordeaux-Bègles le fait progresser, le fait entrer dans le professionnalisme. En quatre ans, Lopez perd onze kilos. Il accuse désormais 85kg sur la balance. "La présence de Vincent aide à tous les niveaux", affirmait-il cette saison. "Sur le terrain au niveau du rugby et en-dehors car il est très proche des joueurs. Je fais partie des personnes qui ont besoin d'être rassurées. Vincent est assez bon dans ces situations-là."
Et ce n'est pas un hasard s'il a décidé de prendre le chemin de Perpignan. A l'USAP, il va retrouver un homme qui l'a dirigé pendant trois années à Bordeaux: Marc Delpoux. Il ne sera dont pas en territoire inconnu. Et ce n'est pas non plus un hasard que samedi, face aux Blacks, il sera associé à la charnière à Maxime Machenaud, avec lequel il a parfois évolué à Bordeaux en 2009-2010. Une manière de le conforter et de donner à ce duo la capacité de se trouver rapidement. Mais face à la meilleure équipe du monde, qu'ils n'ont jamais affronté, les deux hommes vont passer un sacré test. Joueur aux qualités techniques indéniables, au caractère bien trempé et à la volonté inébranlable, Camille Lopez franchit les étapes à vitesse grand V. En le titularisation dès le premier match, les sélectionneurs lui donnent une chance, et lui donnent l'occasion de prendre la mesure du très haut niveau physique.
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