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Lièvremont, dernier office à coeur ouvert

Au lendemain de la défaite de son équipe en finale de la Coupe du monde, Marc Lièvremont a fait le point. Un bilan de quatre ans, une mise au point sur les incompréhensions avec la presse ou son groupe, une façon de faire un testament sportif. Un moment de vérité, la sienne: "Pour ma dernière sortie, je n'ai pas voulu remettre les maillots. La remise de maillot est quelque chose de symbolique où l'on exprime sa confiance et son estime". Ce n'était plus son cas.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

Cela fait plusieurs mois que Marc Lièvremont fait face à la presse. Souvent sous le feu. Mais cela ne l'empêche pas de venir l'affronter une nouvelle fois, une ultime fois. Ce n'était pas un joueur à éviter les contacts, il n'a pas changé en passant sélectionneur: "Je n'étais pas obligé car mon contrat a pris fin hier. Je voulais profiter de ce dernier moment avec vous (les journalistes). C'est la semaine des dernières", a-t-il lancé en préambule.

Et peut-être pour la première fois, il a rendu publique les oppositions avec son groupe, les malentendus, ne se limitant pas aux simples aspects positifs d'une prise en main collective qu'il a lui-même demandée après la défaite humiliante contre les Tonga: "Les joueurs se sont responsabilisés comme je l'ai dit depuis plusieurs semaines. Je crois même qu'ils m'ont fait la gueule toute la semaine dernière. Je sais depuis longtemps qu'on n'entraîne pas pour avoir un retour, de la sympathie ou de la gratitude, parce qu'on fait des choix forcément mal compris qu'il faut assumer". Les choix, mais aussi les paroles, du bus de Knysna aux "sales gosses", il sait avoir parfois choqué en externe comme en interne: "Pour revenir sur l'histoire des 'sales gosses', il faut que vous sachiez que c'est comme cela que j'appelle mes propres enfants. Quand je parle à mes frères et soeurs de leur enfant, je dis 'comment vont tes sales gosses'. Evidemment, c'est affectueux même si le timing n'était pas forcément idéal. Je l'assume comme tout le reste." Tout cela et sans doute bien d'autres choses ont conduit à une rupture, évoquée depuis longtemps dans la presse mais qu'il a pour la première fois officialisée: "Pour ma dernière sortie, je n'ai pas voulu remettre les maillots. La remise de maillot est quelque chose de symbolique où l'on exprime sa confiance et son estime. Je pensais, peut-être à tort, que cette relation était abîmée. J'ai été particulièrement touché par toutes les marques d'affection des uns et des autres."

Après avoir joué un rôle de père fouettard, Marc Lièvremont reprenait celui d'ancien, celui d'admirateur presque: "Les joueurs ont sorti au meilleur moment un match d'anthologie. C'est toujours difficile de comparer les générations et de comparer les exploits. Compte tenu du contexte, leur performance est peut-être la plus belle de tous les temps, si ce n'est qu'ils ont perdu ce match. Il restera à nos joueurs l'immense fierté d'avoir fait douter les meilleurs joueurs du monde pendant 80 minutes. Après tout, un titre de champion du monde, on en fait toute une histoire. Ce ne sont que trois victoires consécutives. Cela n'a pas été le cas. Ils vont garder des souvenirs fabuleux et de gros regrets par rapport à ce qui a failli être le plus grand exploit du rugby français. J'espère qu'ils sauront relativiser. J'espère que cette aventure va les rendre plus forts et les aider dans leur vie d'homme. Ils ne sont pas champions du monde mais ils n'en méritent pas moins le respect."

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