Le Tonga bat la France mais les Bleus sont qualifiés
A défaut d'être constant, la France avait toujours réussi ses entames de matches. Celle-là ne l'était pas. Dire qu'on attendait des Bleus, certes une qualification, mais surtout un match bien plus abouti que les précédents. C'était le 4e match de la Coupe du monde et il était grand temps de passer au niveau supérieur. Yachvili donnait le ton sur une pénalité (3-0, 2e). Mais le bon ton était tongien. Après être revenus sur pénalité (3-3, 7e), ils se déchaînaient en attaquant le plus souvent sur Parra, bon défenseur mais au physique léger face aux armoires à glace polynésiennes. Piqués au vif, les Bleus rentrent dans le défi physique des tongiens. Mais à l'impact, les ballons sautaient trop souvent. Les Polynésiens n'étaient pas prêts à se faire dévorer par le coq. Tant que leur rêve de qualification (en cas de succès avec le bonus) durait, ils seraient là Sur la première vraie belle incursion française dans les 22 tongiens, un hors-jeu permettait à Yachvili de remettre son équipe devant (6-3, 24e). Trop peu pour libérer les têtes françaises. Au contraire. Les Bleus pâlissaient quand Palisson, blessé, laissait son aile libre. Le Tonga en profitait logiquement. Morath glissait un superbe coup de pied sur la zone inoccupée du toulonnais. Hufanga captait le ballon et marquait l'essai après un crochet sur Bonnaire. Avec la transformation de Morath, les Tongiens (6-10, 28e). Groggy, la France frôlait l'essai sur la remise en jeu mais Servat ne libérait pas son ballon à 20 cm de l'en-but et gâchait cette belle action (30e). De mauvaises inspirations. Des fautes techniques. Des têtes basses. La France était dans le rouge. Tout l'inverse du Tonga qui évoluait en confiance. Sur une nouvelle pénalité, Morath alourdissait le score (6-13, 36e). Il n'y avait pas encore péril en la demeure mais, quoi qu'il arrive en deuxième mi-temps, le match des Tricolores était d'ores et déjà raté.
Quand Lièvremont reprenait place dans sa cabine, on voulait croire au savon que le sélectionneur n'avait pas manqué de passer à ses joueurs. Visiblement, ils s'en étaient lavé les mains car les ballons glissaient autant des doigts tricolores. Heureusement que les deux ratés de Morath (42e, 61e) et le jeu dur des Tongiens donnait des occasions de revenir au score (13-9, 50e). Mais devant la furia polynésienne, c'était toujours sauve qui peut en défense ! On frôlait le pire sur une percée de Piutau mais un en-avant tongien anéantissait cette action. Mais comme rien n'allait dans cette rencontre, Estebanez écopait d'un carton jaune sur un plaquage dangereux (64e). Morath retrouvait la réussite et redonnait plus d'un essai transformé d'avance à son équipe (9-16, 65e puis 9-19, 72e). Finalement, pourquoi le Tonga n'allait pas au bout de ses idées en tentant à chaque fois ses pénalités ? Surtout quand on voyait les Polynésiens transpercer la défense française aussi facilement La réponse était peut-être dans cet essai immanquable raté par Vahafolau à cinq mètres de la ligne (74e). Les Bleus s'en sortaient très bien. Ils sortaient même sur une note plus positive avec le bonus défensif grâce à un essai de Clerc au-delà du temps règlementaire (14-19, 80e). Bien entendu, ce n'était pas suffisant pour gagner ce match. On va donc se dire que seule la qualification compte en espérant un sursaut d'orgueil face aux Anglais en quarts samedi prochain. "On n'a rien montré. Si on joue comme cela la semaine prochaine, on ne peut rien espérer. Les Tongiens ont joué avec le coeur", a réagi le capitaine français Thierry Dusautoir sous les sifflets du public. Jouer avec le coeur. Si on essayait ?
Réactions
Isitolo Maka (entraîneur des Tonga): "J'ai beaucoup de respect pour la France, mais on ne sait jamais contre quelle équipe on va trouver sur le terrain quand on joue le XV de France, ils peuvent être l'une des meilleures équipes du monde mais ce soir, ce n'était pas le cas. (A propos de la défaite face au Canada) On en paie le prix ce soir. Si on avait gagné ce match, on serait qualifié pour les quarts de finale, mais c'est le passé et on ne peut rien y faire. Pour nous, battre la France, c'est quelque chose de très spécial, c'est beau pour le rugby tongien, bien pour le rugby du Pacifique, hier les Samoa ont fait du bon boulot contre l'Afrique du sud (défaite 13-5). La victoire de ce soir, vous ne pouvez pas imaginer ce que ça représente pour moi et pour tous les supporteurs. Au Tonga, je pense qu'ils doivent être fous".
Marc Lièvremont (entraîneur de la France): "J'ai toujours confiance en mes joueurs. J'attends une réaction, surtout sur les valeurs dont j'ai parlé. Deux défaites en quatre matches, quelque part l'équipe de France rentre dans les annales. On est qualifié et on est toujours vivant. Évidemment en ce qui me concerne le poids des mots va beaucoup compter ce soir. Des mots comme orgueil, fierté, comme solidarité, sincérité me parlent. C'est de ça dont il va falloir parler entre nous. Assumer ses actes et assumer ses responsabilités font aussi partie de mon vocabulaire."
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