Le Bourhis, la chance du débutant
Il est l'un des symboles de ce Bordeaux-Bègles qui a bien failli jouer la Coupe d'Europe. Felix Le Bourhis a 26 ans, et a été invité pour la première fois par le staff de l'équipe de France. Et la cheville de Maxime Médard, un peu douloureuse, lui a ouvert les portes du terrain, à un poste de titulaire.
De son propre aveu, il est arrivé sur la pointe des pieds et avec un peu d'appréhension dans ce groupe France en construction depuis deux ans. Cette réserve, il est prié de l'abandonner samedi pour le premier test-match contre les Wallabies à Brisbane, où il sera titulaire à l'aile. "On m'a dit de me libérer, d'essayer de faire comme en championnat, de ne pas me poser de question sur les adversaires, de ne pas être timide pour ne pas avoir de regrets quand je rentre en France", détaillait-t-il jeudi, à l'issue d'une séance d'entraînement matinale sous un beau soleil. "Je ne suis pas venu pour être en vacances trois semaines, relève-t-il, en écho à l'appel des entraîneurs. Le but c'était ça, de voir le rythme, l'engagement dans ces matchs. C'est une fierté mais aussi une grosse attente." Pour le Bordelais, la découverte se fait en accéléré. S'il revendique sa polyvalence, il devra tenir l'aile samedi, un poste qu'il n'a occupé qu'une fois cette saison, pour 17 titularisations au centre en Top 14.
Au collège avec Fofana et sous le maillot du PUC
Le natif de Pithiviers (Loiret), formé au Paris Université Club (PUC), a également dû rapidement s'intégrer parmi les 30 autres joueurs du groupe, alors qu'il est le seul porte-drapeau de l'UBB. "Ce n'est pas facilitant d'être tout seul du club, souligne-t-il. "Mais ça m'oblige à aller vers les autres, à parler à tout le monde." Mardi soir, Le Bourhis a aussi dû satisfaire au rituel d'un gentil bizutage, en racontant "une blague pas fameuse" seul devant tout le monde. Dans cet océan de nouveautés, Le Bourhis n'est pas tout à fait en terrain inconnu non plus puisqu'il usait les bancs du collège Georges-Braque de Paris avec Wesley Fofana qui tiendra le centre du terrain samedi. Les deux, que trois mois seulement séparent, ont revêtu ensemble le maillot du PUC et des sélections jeunes de rugby à VII. "J'affrontais aussi Mathieu Bastareaud toutes les deux-trois semaines en région parisienne et je connais Antoine Burban par des amis communs au PUC", ajoute-t-il. Sa trajectoire a cependant été moins rapide que ses camarades de la capitale.
Asthmatique (il suit encore un traitement quotidien), il quitte Paris à 16 ans car "ça commençait à être difficile de bien respirer", direction Montauban. "L'air de la cuvette de Sapiac, même si il est humide, me correspondait bien et je suis resté du centre de formation à l'équipe première là-bas", se souvient-il. Il y fait ses premières armes en Top 14 mais vit aussi la rétrogradation en Fédérale 1 après le dépôt de bilan du club à l'issue de la saison 2009-2010. "J'ai dû marquer le dernier essai du MTG en Top 14 contre Bayonne. Ca fait bizarre". A 22 ans, il choisit de se relancer en Pro D2 à Carcassonne où l'entraîneur Christian Labit le prend sous son aile. Puis il est repéré par Bordeaux-Bègles qui le recrute en 2011 et en fait un titulaire quasiment indiscutable sur le chemin de la montée en Top 14. Depuis, il incarne avec quelques autres le jeu léché et séduisant qui fait recette à l'UBB.
Ne pas se poser trop de questions
Son seul frein semble être les montagnes de questions qu'il a tendance à se poser, "sur et hors du terrain", alors qu'il aimerait "bien être plus direct" dans son approche des choses. "Il faut que j'élimine les pensées négatives, mais j'y travaille avec Bordeaux, j'ai progressé dans ce sens-là", affirme-t-il. Car samedi, face à des Australiens réputés pour leur vitesse d'exécution, il n'y aura guère de place pour la réflexion. "Pour l'instant, je vis cela à 100%, je n'ai pas le temps de me retourner", rassure-t-il.
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