Cet article date de plus de huit ans.

L’article à lire pour (enfin) tout comprendre pendant un match de rugby

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9 min
Antoine Dupont, le demi-de-mêlée du XV de France, le 30 août 2019 au Stade de France face à l'Italie. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Mêlées, plaquages, hors-jeu et en-avant… Franceinfo vous explique tout ce qu’il faut savoir du rugby à XV avant le premier match des Bleus en Coupe du monde, samedi, à Twickenham, face à l'Italie.

"La vie est trop courte pour comprendre le rugby, alors autant en rigoler." Cette phrase, que l'on doit au site humoristique Boucherie Ovalie, vous parle peut-être. Oui mais voilà, même si vous pensez que le rugby est un sport de brutes où les joueurs passent plus de temps à se rouler par terre qu’à faire quelque chose avec le ballon, vous aimeriez bien suivre les matchs des Bleus durant la Coupe du monde. Ou peut-être juste ne pas avoir l'air ridicule lorsque vos amis mordus du ballon ovale vous inviteront pour regarder le match France-Argentine le 21 septembre.

Pas de panique ! Franceinfo a pensé à vous et répond à toutes les questions que vous vous posez sur le rugby.

Déjà, pourquoi se compliquent-ils la vie avec un ballon ovale ?

La légende veut que William Webb Ellis, qui a créé ce sport en emportant un ballon de football derrière le but lors d'un match à Rugby (Angleterre) en 1823, a serré la balle tellement fort contre lui qu'elle est devenue ovale.

En réalité, le fameux ovale ne voit le jour qu'en 1835, selon Le Figaro. Cette année-là, le cordonnier William Gilbert décide de créer un ballon allongé, plus facile à tenir contre soi lorsque l'on court. En prime, sa forme rend la trajectoire et les rebonds plus imprévisibles et donc le jeu plus intéressant (ou compliqué, on vous laisse trancher). Aujourd'hui, la marque Gilbert est toujours l'un des plus importants fabricants de ballons ovales.

Comment les joueurs font-ils pour avancer si le ballon ne peut aller que vers l'arrière ?

Les joueurs ont tout à fait le droit d'avancer en portant le ballon, c'est d'ailleurs la seule façon de marquer un essai ! Ils peuvent même l'envoyer vers l'avant avec un coup de pied. En revanche, les passes se font uniquement vers l'arrière, comme le rappelle le Rugbynistère. Lorsqu'un joueur fait une passe vers l'avant ou fait tomber le ballon en avant, il y a faute : c'est la règle fondamentale (et un peu étrange, on vous l'accorde) de l’en-avant.

Pourquoi parle-t-on d'essai et de transformation, et pas simplement de but ?

Avant 1871, l'essai (qui consiste à aller poser le ballon avec la main dans l'en-but de l'équipe adverse) portait bien son nom. Il n'était qu'une tentative de marquer et ne rapportait aucun point, précise l'Internaute. Pour faire grimper le score, le buteur devait obligatoirement transformer l'essai en faisant passer le ballon entre les poteaux et au-dessus de la barre transversale, située à 3 mètres de hauteur. L'équipe obtenait alors une (maigre) récompense après tous ces efforts : un tout petit point.

Quelqu'un s'étant sans doute dit qu'il était dommage de se démener pour si peu, les règles de décompte de points ont évolué à plusieurs reprises. Depuis 1992, l'essai vaut cinq points et la transformation, deux.

Les équipes peuvent aussi marquer grâce à deux autres types de coups de pied, qui permettent chacun d'engranger trois points : la pénalité, accordée par l'arbitre après une faute de l'adversaire ; le drop, lorsqu'un joueur tire entre les poteaux pendant une phase de jeu.

Ce ne serait pas plus simple de mettre des drops tout le temps ?

Si le drop a l'air facile à réaliser, c'est un geste très technique : il faut être centré par rapport aux poteaux, pas trop loin de la ligne d'en-but, s'assurer qu'aucun adversaire ne va intercepter la balle avant qu'elle n'arrive au buteur... C’est aussi un geste risqué, car l'équipe risque de perdre la balle voire d'encaisser un essai si le tir est contré par l'adversaire.

Résultat : seuls certains joueurs tentent régulièrement le drop. Jonny Wilkinson, le célèbre demi d'ouverture de l'Angleterre, en avait ainsi fait une de ses spécialités. Il est même le recordman du nombre de drops marqués en Coupe du monde, selon l'Irish Times (en anglais).

Le Sud-Africain Jannie de Beer détient quant à lui le record du nombre de drops marqués en une seule rencontre internationale : il a réussi à en inscrire cinq face à l'Angleterre, lors du quart de finale de la Coupe du monde de 1999. Le XV de la Rose ne s'en est toujours pas remis.

Mais, au fait, pourquoi les rugbymen passent-ils leur temps à se rouler par terre ?

Lorsqu'un joueur est plaqué par un adversaire, il n'a pas le droit de se relever avec le ballon, rappelle le blog Esprit de la règle. Il doit aussitôt lâcher la balle, pendant que ses coéquipiers essaient de la récupérer, mais en restant debout, sur leurs appuis.

L'équipe adverse, elle, tente d'en profiter pour reprendre le ballon. C'est à ce moment que le regroupement se forme : plusieurs joueurs s'entassent les uns sur les autres.

L'arbitre intervient si le joueur plaqué tente de garder le ballon, le temps que les renforts arrivent, ou si ses adversaires essaient de le lui voler par le côté. Souvent, tout cela se produit en même temps. L'arbitre, qui n'y voit pas forcément plus que vous au milieu de ce tas de joueurs, sanctionne alors en fonction de ce dont il a été témoin.

Pour être rugbyman, faut-il forcément être une armoire à glace ?

Pas forcément, même si c'est un avantage dans le rugby moderne. En fonction de leur gabarit, les joueurs peuvent évoluer à différents postes, répartis entre trois types. Les "avants" (aussi appelés les "gros") sont les huit joueurs qui participent à la mêlée et aux touches. Les cinq "arrières" (aussi appelés "gazelles") sont les plus rapides, chargés notamment de marquer des essais.

Entre les deux, il y a la "charnière" : le demi de mêlée, qui introduit le ballon en mêlée (le rugby est parfois logique), et le demi d'ouverture, qui est généralement le buteur de l'équipe. Ils organisent le jeu et servent de relais entre les avants et les arrières.

Et la mêlée, cela fonctionne comment ?

L'arbitre ordonne une mêlée après une faute mineure, comme un en-avant, ou un arrêt de jeu, rappelle World Rugby. Une fois que le demi de mêlée a introduit le ballon entre les avants, ces derniers doivent pousser leurs adversaires pour tenter de récupérer la balle avec leur pied. Lorsque le ballon arrive au niveau du joueur le plus à l'arrière de la mêlée, il peut être récupéré et joué.

Pourquoi certains joueurs se mettent-ils en ligne pour sauter ?

La touche (car il s'agit de cela) intervient lorsque le porteur du ballon sort du terrain ou lorsque le ballon est envoyé hors du champ de jeu, par exemple par un coup de pied. Et, là, cela se corse un peu. La touche se joue à l'endroit où le ballon a traversé la ligne, ce qui permet à l'équipe d'avancer. Mais, si le joueur a botté directement en touche (sans rebond à l'intérieur du terrain) alors qu'il était hors de ses 22 mètres, il n'y a pas de gain de terrain, selon World Rugby.

Le talonneur de l'équipe adverse effectue le lancer et décide qui va sauter. Il annonce une combinaison travaillée lors des entraînements que seuls ses coéquipiers peuvent comprendre. Pour l'avoir déjà entendu sur le bord d'un terrain, le code secret, pas toujours recherché, peut même être "jambon-beurre". L'autre équipe essaie pendant ce temps d'intercepter le ballon.

Le hors-jeu, c’est quoi ?

Accrochez-vous, c'est l'une des règles les plus compliquées du rugby. Un joueur est en position de hors-jeu lorsqu'il se situe devant le porteur du ballon ou devant le dernier joueur de son équipe à avoir tapé au pied dans le ballon. Le joueur en position de hors-jeu doit retourner se placer derrière le dernier rugbyman de son équipe à avoir joué le ballon pour pouvoir participer au jeu, explique Esprit de la règle. S'il intervient alors qu'il est toujours hors-jeu et gêne l'adversaire, l'arbitre accorde une pénalité à l'équipe adverse.

Un joueur est aussi considéré comme hors-jeu s'il est placé sur le côté dans un ruck (une mêlée spontanée qui se forme après un plaquage). Il n'a en effet le droit de rejoindre le regroupement qu'en se plaçant derrière ses coéquipiers. Vous avez suivi ?

Tous les coups sont-ils vraiment permis ?

On pourrait croire que le rugby est un sport de brutes épaisses, mais tout n'est pas autorisé. Les plaquages sont encadrés par des règles strictes, précisées par l'instance internationale World Rugby. On ne peut toucher un joueur qu'entre les épaules et les chevilles pour l'arrêter dans sa course, et seulement s'il porte le ballon. Ce plaquage de Sébastien Chabal, très impressionnant, est donc dans les règles.

Les "cravates", qui consistent à attraper un joueur au niveau du cou, et les "plaquages cathédrale", où l'adversaire est soulevé du sol puis lâché par terre, sont en revanche interdits. Ils sont sanctionnés par un carton jaune ou rouge, en fonction de la gravité du geste et du fait que le geste soit accidentel ou volontaire.

Les gestes d'antijeu sont eux aussi interdits : pas le droit de "s'essuyer les crampons" sur un adversaire au sol ou de lui faire une "fourchette", en lui enfonçant les doigts dans les yeux. En théorie, pas le droit non plus de frapper les autres joueurs. Mais il n’est pas rare de voir des coups de poing s'échanger dans les regroupements lorsque l'arbitre a le dos tourné…

Et quand cela dégénère, que fait l'arbitre ?

Il distribue les cartons. Contrairement au football, le carton jaune est suivi d'une conséquence immédiate : le joueur est exclu du terrain pendant dix minutes, sans être remplacé. L'arbitre sort ce carton si un rugbyman commet une faute délibérée pour empêcher l'adversaire de jouer, précise Le Parisien.

Le carton rouge sanctionne les actes graves comme les plaquages dangereux ou des fautes répétées après plusieurs avertissements. Il se solde par une exclusion définitive du joueur, qui doit souvent directement regagner le vestiaire. Mais ces décisions dépendent entièrement de l'arbitre. Les sanctions peuvent donc beaucoup varier en fonction de celui qui détient le sifflet.

J'ai eu la flemme de lire l'article en entier, vous pouvez me faire un résumé ?

Le rugby, finalement, c'est très simple : deux équipes de quinze armoires à glace essaient d'aller poser le ballon dans l'en-but de leurs adversaires, le tout en ne faisant que des passes vers l'arrière. Histoire que ce soit encore plus rigolo (ou compliqué, à vous de voir), les joueurs ont même le droit de se faire tomber. Mais, attention, on ne vise pas la tête ! Si vous n'avez pas compris les règles de la mêlée, la touche ou du hors-jeu, ce n'est pas grave : même les joueurs, parfois, ne comprennent pas la décision de l'arbitre.

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