La Roumanie joue la carte de la solidarité
La paradoxe veut que ce sont les Français qui ont soutenu le développement du rugby en Roumanie, avec la volonté de créer un axe latin (avec également l'Italie et l'Argentin) pour faire le pendant de la puissance anglo-saxonne qui entendait diriger le rugby international.
Ramené à Bucarest par des étudiants roumains à Paris au début du XXe siècle, le ballon ovale a surtout connu son âge d'or après la deuxième guerre mondiale. La Roumanie a longtemps été un partenaire privilégié de l'équipe de France, à la fois pour des raisons culturelles mais aussi affectives, car il y avait de nombreuses racines communes. Les progrès ont été très rapides en Roumanie du fait de la constitution d'équipes quasi professionnelles dans leur format, puisqu'elles représentaient par exemple l'armé ou la police, et qu'elles disposaient de moyens pour se préparer. Ceci a eu un effet favorable sur l'équipe nationale. Mais l'explosion du régime dans les années 90 lui été fatale. Les équipes de championnat ont éclaté, les meilleurs joueurs se sont expatriés et l'équipe de Roumanie est rentrée dans le rang. Même s'il a gardé quelques bonnes écoles de formation, le pays n'a plus assez de clubs de haut niveau et a besoin de se restructurer. Avec 8.000 licenciés seulement et un championnat professionnel fragile, la Roumanie est aujourd'hui loin de son âge d'or
Une équipe nationale en restructuration
Depuis l'écroulement du début du XXIe siècle marquée par une déculottée historique et mémorable (134-0 contre les Anglais en novembre 2001) la sélection a entrepris de relever la tête. Cela se fait lentement mais sûrement puisqu'elle a obtenu sur le circuit européen sa qualification pour la Coupe du monde. Certes, ses résultats restent laborieux, mais poussés par l'envie et motivés par l'enjeu, les Roumains espèrent bien réussir leur Mondial en tenant tête à leurs adversaires. Cela commence donc par un choc qui n'est pas anodin face au XV de France contre lequel ils n'ont plus joué depuis neuf ans.
Pour cela, le sélectionneur a aligné une équipe sans surprise. Un seul changement a été effectué dans le XV de départ par rapport à celui battu par les Tonga à Bucarest (16-21) lors du dernier match de préparation, le 5 septembre: le pilier gauche de Castres Mihaita Lazar remplace Andrei Ursache. "Les gars ont tous travaillé dur pendant la préparation. C'est sûr que cela a été difficile de faire le meilleur XV de départ possible, même si les avants m'ont occasionné un mal de crâne plus important que les arrières, très expérimentés", a expliqué Lynn Howells, un Gallois qui était entraîneur adjoint du XV du Poireau à la Coupe du monde 1999. "Le premier match est toujours le plus important. Les gars que j'ai titularisés sont dans la forme de leur vie et sont habitués au haut niveau".
Cinq joueurs parmi ce groupe évoluent en France dont le capitaine Mihai Macovei, en ProD2 à Colomiers qui compte sur un sursaut d'orgueil et donc sur la solidarité de tout pour compenser peut-être le manque de moyens et de technique. Comme le dit l'ancien Ovidiu Tonita, 35 ans, qui a fait l'essentiel de sa carrière en France, et qui disputera sa cinquième Coupe du monde, "il y a beaucoup de jeunes talentueux en Roumanie, mais je ne sais pas combien vont pouvoir continuer" en l'absence de revenus décents. En attendant, pour l'honneur des couleurs nationales, les "Chênes" de Roumanie se raccrochent à la volonté et à l'esprit de sacrifice pour monter qu'ils ont encore l'écorce solide.
Le XV roumain de départ:
Fercu - Lemnaru, Kinikinilau, Vlaicu, Apostol - (o) Dumbrava, (m) Surugiu - Lucaci, Macovei (cap), V. Ursache - van Heerden, Poparlan - Ion, Turashvili, Lazar
Remplaçants: Radoi, A. Ursache, Pungea, Tonita, Burcea, Calafeteanu, Botezatu, Gal
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