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Juan Martin Hernandez, le magicien douze

Passes croisées, chistera, feintes de corps, jeu au pied millimétré… Juan Martin Hernandez a démontré face à la Nouvelle-Zélande dimanche qu’il n’avait rien perdu de sa "magie". Pas épargné par les blessures ces dernières années, le demi d’ouverture – replacé n°12 par le sélectionneur argentin Daniel Hourcade – reste l’un des hommes forts de l’équipe des Pumas, qui sera dans l’obligation de gagner cet après-midi face à la Géorgie (17h45) afin d'entrevoir les quarts de finale.
Article rédigé par Mathieu Aellen
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
 

Pendant plus de 60 minutes, Wembley a vibré, comme transporté de Londres direction Buenos Aires. Les 89019 spectateurs, massés au sein du temple du football anglais, ont bien pensé assister à l’une des grosses sensations de ce début de Mondial. Les All Blacks, tenants du titre et maîtres incontestés de la planète rugby, se cassent les dents depuis plus d’une heure sur un pack conquérant et une défense argentine héroïque. En un match, le XV des Pumas - qui finira par craquer sous la vague noire - a rappelé à tous ceux qui auraient pu l’oublier qu’il sera l’un des épouvantails de cette Coupe du Monde. Avec dans ses rangs, l’un des esthètes de la dernière décennie rugbystique.

"Des choses que les autres ne tentent pas"

Dans un pays où le ballon rond est roi et où l’idole a pour nom Diego Armando Maradona, Juan Martin Hernandez s’est peu à peu fait une place au côté du monument de l’Albiceste. Peut-être grâce à son jeu au pied fabuleux, qui peut rappeler aux plus nostalgiques les grandes heures d’El Pibe de Oro. Les supporters argentins présents au Parc des Princes lors du match face à l’Irlande pendant la Coupe du Monde 2007 en France n’ont d’ailleurs pas hésité à tenter la comparaison, entonnant des « Maradona, Maradona » à la gloire de leur ouvreur, après que ce dernier ait passé son troisième drop de la soirée, renvoyant le monstre Irlandais à la maison. Une Coupe du Monde où il emmena son équipe chercher une improbable troisième place et qui l’a définitivement élevé au panthéon des dieux du sport argentins. 

2007, l’année de la révélation, dans un pays dont il a fait le sien. Une destinée toute tracée pour celui qui a fait ses gammes en Argentine, au sein du Deportiva Francesa ("Sportive Française" en VF), club argentin basé dans la province de Buenos Aires qui arbore un coq sur son blason et laboure les terrains de la capitale argentine avec son maillot aux couleurs du drapeau français. Une liquette bleu-blanc-rouge qu’il troquera dès 2003 pour le rose fuschia du Stade Français de Max Guazzini. Une arrivée en Top 14 où il ne tardera pas à faire parler sa technique, sa vista et surtout ses célèbres chandelles, dont les envolées de jambes rappellent plus celles des danseuses du Moulin-Rouge que les pas des maestros du tango. Fabrice Landreau, alors entraîneur adjoint du club parisien, loue "sa lecture et sa vision du jeu qui lui permettent de réussir des choses que les autres ne tentent pas" et rapidement, Hernandez se voit affublé d’un sobriquet qui ne le lâchera plus : El Mago, le magicien.

Le chef d'orchestre

Mais aux envolées des danseurs, Juan Martin Hernandez préfère la baguette de chef d’orchestre. Placé à l’arrière à ses débuts sous le maillot des Pumas, il est basculé à l’ouverture par Marcelo Loffreda pour la Coupe du Monde 2007, récupérant par la même occasion le numéro 10 cher à Maradona. Sobre et subtil à la fois, il insuffle le tempo d’une équipe argentine qui se révèle aux yeux du monde et qui vaudra à El Mago d’être nommé parmi les meilleurs joueurs de l’année 2007.

Des performances de haut niveau malheureusement restées sans réelle suite, la faute à une blessure au genou contractée sous le maillot des Natal Sharks. Une blessure que l’Argentin va trainer pendant plusieurs années, allant de rechutes en rechutes et manquant la Coupe du Monde 2011 en Nouvelle-Zélande. Une carrière mise quelque peu entre parenthèses, laissant penser à certains observateurs qu’El Mago a définitivement perdu sa magie. Pourtant, à force de travail, Hernandez renaît de ses cendres et finit par faire partie du groupe Argentin en 2012, pour la première des Pumas dans un Tri-Nations devenu Four avec l'arrivée d'Hernandez et sa bande. Revenu au mental, le numéro 12 argentin retrouve peu à peu les sensations qui étaient les siennes mais peine à redevenir l'un des hommes forts du Racing. Débarqué en janvier dernier sur la Rade toulonnaise pour remplacer l’Australien James O’Connor rentré au pays, Hernandez aura surtout participé de loin à la seconde partie de saison des hommes de Bernard Laporte, malgré sa titularisation lors de la finale de Coupe d’Europe remportée face à Clermont.

C’est définitivement sous les couleurs des Pumas qu’El Mago distille au mieux sa magie. Et sa prestation taille patron face à la Nouvelle-Zélande dimanche a démontré que la Coupe du Monde était le genre de tournoi fait pour lui. Face à la Géorgie cet après-midi (17h45), il sera l’un des meneurs de Pumas qui n’auront pas le droit à l’erreur s’ils veulent prolonger leur aventure anglaise au-delà des phases de poules. S’ils répètent la même prestation que face aux Blacks, les Argentins devraient s’ouvrir facilement le chemin des quarts de finale. La suite appartient aux Dieux du rugby qui, s’ils sont les amoureux d'un jeu joué par des artistes, devraient sourire à Juan Martin Hernandez.

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