Flash-black sur la Coupe du monde 2011
Les tops :
Une organisation sans faille et un succès populaire : Au pays du rugby, on ne pouvait pas s'attendre à moindre. La Nouvelle-Zélande a brillamment repris le flambeau de la France en 2007 pour organiser une septième Coupe du monde à l'image de cette île du Pacifique, festive mais sans gigantisme. Des stades pleins, une ambiance bon enfant, aucun débordement à signaler : la partition néo-zélandaise n'a pas connu de fausses notes. Si le public a été gâté, les joueurs et les encadrements sportifs n'ont quant à eux cessé de chanter les louanges de l'organisation made in New Zealand. Seul bémol, mais il n'est pas imputable au pays du long nuage blanc, le décalage horaire avec lEurope n'aura pas permis de réaliser de grandes audiences en termes de retransmissions télé. La finale, elle, aura tout de même rassemblé plus de 15 millions de Français devant leur écran dimanche. Et la fête populaire qui a embrasé la Nouvelle-Zélande s'est prolongée avec le sacre des Blacks à Auckland où près de 240.000 personnes ont célébré leurs héros dans les rues de la capitale lundi.
Des résultats économiques à la hauteur : Selon les estimations des organisateurs, les pertes enregistrées par le Mondial seraient d'environ 40 millions de dollars néo-zélandais (23,2 millions d'euros). Toutefois, l'IRB a indiqué que les revenus commerciaux de cette Coupe du monde (droits TV, sponsors, etc.) engendreraient un bénéfice net de 92 millions d'euros pour le rugby mondial. MasterCard, l'un des sponsors de la compétition, a estimé que le l'économie du pays pourrait enregistrer 750 millions de dollars néo-zélandais (437,2 millions d'euros) de profits grâce notamment au tourisme et à l'augmentation de la consommation. Un chiffre qui pourrait grimper jusqu'à 2 milliards (1,16 milliard d'euros) de bénéfices sur le long terme.
Les All Blacks réparent l'injustice : Si la France peut nourrir bien des regrets après être passée si près de la victoire en finale (7-8), il n'est que justice de voir la Nouvelle-Zélande sacrée sur ses terres. Non seulement les Blacks ont dominé la compétition de bout en bout (plus de 300 points inscrits et 40 essais à la clé), mais ils ont aussi réparé "l'hérésie" qui les voyait derrière l'Afrique du Sud et l'Australie au palmarès de la Coupe William Webb Ellis. Considérée comme la meilleure équipe de la planète depuis plusieurs décennies, la formation de Graham Henry a enfin justifié sa réputation en Coupe du monde, là où elle avait pris l'habitude de se manquer régulièrement depuis son titre initial en 1987. Les Blacks, invaincus durant ce tournoi, ont fait respecter la logique. Sportive et historique.
Les troisièmes lignes au pouvoir : Traditionnellement les ouvreurs ou arrières ont toujours été les stars des dernières éditions. Kirwan en 1987 , Campese en 1991, Lomu en 1995 et 1999, Wilkinson en 2003 ou Habana en 2007, tous avaient marqué la compétition de leurs traits de génies, de leurs déboulés légendaires ou de leurs coups de pieds diaboliques. Cette année, la mode est passée aux placages brutaux, aux grattages de ballons, bref au travail de l'ombre. Elément indispensable au succès d'une équipe, la troisième ligne, de plus en plus rapide, de plus en plus complète, a pris une dimension supplémentaire en 2011. A ce jeu de destruction plutôt que de construction, les All Blacks McCaw et Kaino ou les Français Dusautoir et Bonnaire ont excellé. Et ce n'est certainement pas un hasard si leurs équipes se sont retrouvées en finale.
Dagg à part : C'est l'une des grandes révélations de cette Coupe du monde. Israël Dagg, l'arrière des All Blacks a crevé l'écran par ses gestes de classe, ses jambes de feu et ses cinq essais. A 23 ans, Dagg a définitivement le légendaire Muliaina sur le banc. D'autres joueurs ont percé durant la compétition. C'est bien sûr le cas de l'Australien David Pocock, l'Australien aux bras surdimensionnés, qui pourra bientôt contester à Richie McCaw le titre officieux de meilleur troisième ligne du monde. Morgan Parra en n°10 du XV de France, le pari était audacieux, il est complètement gagné pour Marc Lièvremont. Habituel demi de mêlée, le Clermontois s'est déplacé à l'ouverture avec une facilité écurante. Mais le meilleur ouvreur du tournoi fut sans doute Rhys Priestland, le surprenant Gallois. Quasi-inconnu avant le début de la compétition, ce dernier a orchestré le jeu du XV au Poireau avec la maestria d'un vieux briscard. Blessé avant d'affronter la France en demi-finale, Priestland, 24 ans, aura terriblement manqué aux siens face aux Bleus. Qui sait jusqu'où le pays de Galles aurait pu aller avec son ouvreur miracle ?
Les flops :
Le panache aux vestiaires : La précédente édition de 2007 avait donné le ton, la Coupe du monde 2011 a accentué la donne, désormais les matchs se gagnent en défense au détriment des grandes envolées lyriques qui ont fait le sel des grands matchs de l'histoire. Cette année, hormis un Afrique du Sud-pays de Galles intense (17-16), peu de rencontres auront emballé les amateurs de rugby champagne. La démonstration de la Nouvelle-Zélande face à l'Australie, si elle fut d'un haut niveau rugbystique côté black, relevait quant à elle plus du concassage que du romantisme. La finale entre les hommes à la fougère et le XV de France résumait d'ailleurs parfaitement la difficulté pour les attaques à prendre le pas sur les défenses.
L'Australie et l'Afrique du Sud déçoivent : Attendue comme l'arme anti-black, l'Australie est passée à côté de son tournoi. Vainqueurs du Tri-Nations juste avant le début de la Coupe du monde, les Wallabies n'ont jamais pu déployer leur jeu, basé sur la créativité des lignes arrières. Pire, ils ont été victimes de bouillants Irlandais lors de leur deuxième match, pour ce qui aura constitué LA surprise de ces trois semaines (6-15). Même illusions perdues pour l'Afrique du Sud. Les Springboks, champions du monde en titre, sont tombés sans gloire face aux Australiens en quart de finale (9-11). Avec un XV vieillissant, en panne d'inspiration offensive, l'Afrique du Sud doit renouveler ses cadres. Ça a déjà commencé avec les départs annoncés de l'entraîneur de Villiers et du capitaine Jon Smith.
Les ouvreurs n'avaient pas la clé : Poste clé, le n°10 n'a pas été à la fête pendant un mois. Cibles privilégiées des troisièmes lignes, les ouvreurs n'ont jamais eu le temps de s'organiser pour faire la différence. Symbole de cette déconvenue : Quade Cooper. La star australienne a traversé le Mondial comme un fantôme. Conspué par le public néo-zélandais qui le considérait comme un traitre à la patrie, le génial ouvreur des Queensland Reds a marché à côté de ses pompes, multipliant les mauvais choix et les hésitations défensives pour finir par une rupture des ligaments du genou contre le Pays de galles lors du match pour la 3e place. Au vu de son extraordinaire potentiel, Cooper nous doit une revanche. Daniel Carter, lui, n'avait rien à prouver mais cette Coupe du monde, qui devait être la sienne, s'est terminée le 2 octobre en raison d'une déchirure aux ischios-jambiers. Et c'est depuis les tribunes que l'ouvreur star des Blacks a assisté au triomphe de son coéquipiers. Enfin, troisième symbole d'un n°10 en proie au doute, Jonny Wilkinson. Etincelant en 2003 et décisif en 2007, l'Anglais n'a jamais pesé sur le jeu du XV de la Rose. On ne peut pas être et avoir été...
Quand les Anglais pètent les plombs : Eliminé par la France en quart de finale (19-12), le XV de la Rose, sacré en 2003 et finaliste en 2007, s'est surtout signalé par le comportement de ses joueurs en dehors du terrain. Quelques semaines après son mariage avec la petite-fille de la reine Elizabeth II, le centre Mike Tindall a été filmé par des caméras de surveillance dans un bar en tête-à-tête suggestif avec une autre femme. Puis trois joueurs, James Haskell, Dylan Hartley et Chris Ashton, ont été accusés d'avoir humilié une femme de ménage de leur hôtel. Enfin, le centre Manu Tuilagi a plongé dans le port d'Auckland depuis un ferry, au lendemain de la défaite face à la France.
Une presse nauséabonde : Si le peuple néo-zélandais a toujours manifesté un fair-play de connaisseur et un enthousiasme rafraîchissants, sa presse, elle, s'est faite beaucoup plus cynique, spécialement envers les Français. Coupables de tous les maux, les joueurs de Lièvremont ont été lynchés plus souvent qu'à leur tour dans les colonnes des quotidiens kiwis, étant tour à tour taxés de tricheurs ou de brutes. Sans parler des critiques émises sur leur jeu et la prétendue "honte" de voir cette équipe atteindre la finale. Arrogante, la presse locale raillait les Bleus à qui elle prédisait une déconvenue sans pareille face aux Blacks. Elle avait raison, les Blacks ont écrasé les Français 8-7.
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