Coupe du monde de rugby : une défense friable, la mêlée bleue, l'Uruguay tenace... Ce que l'on a aimé et moins aimé de la victoire poussive du XV de France
Pas aussi serein que prévu. Avec une équipe remaniée, le XV de France a dû s'employer pour l'emporter face à des Uruguayens décomplexés (27-12), jeudi 14 septembre, au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d'Ascq. Un deuxième succès après celui glané en ouverture contre les All Blacks, vendredi dernier, qui place toutefois la troupe de Fabien Galthié dans une position idéale en tête de la poule A de cette Coupe du monde. Mais qui ne fait pas oublier certains errements dans ce match. Voici ce que l'on a aimé et moins aimé de cette rencontre.
ON A AIMÉ
Une deuxième période mieux négociée
La France a longtemps peiné à prendre le large au tableau d'affichage mais elle a fini par se détacher à la faveur d'une deuxième mi-temps de meilleure facture que la première. Le coaching de la 50e minute, avec pas moins de cinq changements, a apporté un sang neuf salvateur puisque le talonneur Peato Mauvaka n'a pas attendu bien longtemps pour redonner de l'air aux siens (20-12, 55e).
A quelques minutes du coup de sifflet final, le casque rouge de Louis Bielle-Biarrey a surgi pour acter le succès tricolore. La consécration pour le Girondin, devenu jeudi le plus jeune joueur – et donc marqueur – de l'histoire du XV de France en Coupe du monde. Pour autant, les Bleus ont manqué d'un rien le bonus offensif puisque le quatrième essai de Sekou Macalou a finalement été refusé, comme l'avait été également celui de Gabin Villière un peu plus tôt.
L'Uruguay à la hauteur de l'événement
Exemptés le week-end dernier, les Teros ont entamé leur troisième Coupe du monde de rang et n'ont pas été une seule seconde décontenancés par le statut de leur adversaire. En dépit de sa 17e place au classement World Rugby, l'Uruguay a fait trembler les seconds couteaux français. Bénéficiant du carton jaune de Romain Taofifenua (27e), les hommes d'Esteban Meneses sont montés en puissance au cours de la première période.
Ils auraient même pu revenir à la pause avec un petit point de retard sur le pays-hôte si le deuxième essai d'Andrès Vilaseca n'avait pas été annulé pour un écran d'un de ses coéquipiers sur Antoine Hastoy (33e). Le deuxième essai de Baltazar Amaya a même refroidi le public (13-12, 54e), avant que les visiteurs ne laissent le match s'échapper. Quatre ans après une victoire de prestige acquise contre les Fidji lors du précédent Mondial, l'Uruguay tient un nouveau match référence.
Les hymnes enfin respectés
"Pour l'amour de Dieu, rendez à tout le monde ses hymnes nationaux - ça tue l'effervescence de 5 min avant le match !" L'appel de l'ancien international irlandais, Rob Kearney via un message posté sur X (anciennement Twitter) a finalement été entendu. Face à la levée de bouclier des fans de l'ovalie, le comité d'organisation, World Rugby, mais aussi la ministre française des Sports, ont décidé de supprimer les effets de canon qu'entonnaient les enfants chargés d'interpréter les hymnes sur la première journée de compétition.
Résultat, une Marseillaise fièrement reprise par les plus de 50 000 spectateurs présents dans les travées de l'enceinte lilloise, à l'unisson avec ces jeunes animateurs du protocole, et un chant uruguayen parfaitement audible. Le tout, validé en amont par les deux fédérations. De quoi éteindre l'une des polémiques de ce début de Mondial.
ON A MOINS AIMÉ
A l'entame, il y a encore du travail
C'était LE point négatif de la rencontre face aux Blacks et le XV de France n'a visiblement pas retenu la leçon. Après avoir encaissé deux essais au début de chaque période (2e, 43e) contre la Nouvelle-Zélande, la défense tricolore a encore été prise à froid. Les Bleus ont manqué d'attention à l'entame du match, encaissant le premier essai après seulement six minutes lorsque Nicolas Freitas a profité d'une mauvaise appréciation de Melvyn Jaminet sur un ballon haut le long de la touche, à cinq mètres de l'en-but (3-5).
Une erreur vite corrigée puisque Antoine Hastoy a aplati quelques instants plus tard (10-5, 13e). Mais en seconde période, l'Uruguay a de nouveau trouvé l'en-but moins d'un quart d'heure après le retour des vestiaires par l'intermédiaire de Felipe Etcheverry (13-12, 53e).
La mêlée tricolore dans le dur
Un effondrement du côté uruguayen sur la première mêlée de la rencontre – permettant à l'arrière Melvyn Jaminet d'inscrire ses premiers points de la soirée au pied (3-0, 2e) – ont laissé présager d'une maîtrise totale des Français dans l'exercice. Il n'en a finalement rien été.
Avec seulement 69% de mêlées gagnées (contre 80% contre les All Blacks) et pas moins de quatre pénalités subies sur cette phase de jeu, le XV de France a peiné en l'absence des piliers titulaires, notamment les 147 kilos du Rochelais, Uini Atonio. "On a un peu péché en mêlée. On savait qu'on dominait, mais on n'était pas patients", a regretté Cameron Woki au micro de TF1, après le match.
La défense trop approximative, l'indiscipline de retour
Les vagues néo-zélandaises avaient rarement fait trembler le XV de France vendredi dernier. Cette fois, la défense a été mise sous pression par les Teros. La quasi-totalité des arrières ayant connu leur première titularisation dans ce Mondial, en dehors de l'ailier Gabin Villière et du centre Yoram Moefana, l'alignement et la coordination n'ont pas toujours été au rendez-vous.
Approximative et trop souvent brouillonne, la défense tricolore a été franchie à 13 reprises. Les difficultés du XV sur ce secteur ont largement alimenté le nombre de pénalités infligées aux Bleus : 15, soit son deuxième pire total de l'année 2023 après la rencontre du Tournoi contre l'Italie (18 pénalités concédées). "C'est inadmissible au niveau international", a reconnu Cameron Woki.
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