Coupe du monde de rugby : le braquage à l'anglaise a presque fonctionné face à l'Afrique du Sud
Le coup n'est pas passé loin. A une pénalité accordée aux Springboks à la 78e minute et - peut-être - à une pénalité oubliée pour les Anglais ensuite par l'arbitre Ben O'Keeffe en toute fin de match. Comme les Français au tour précédent, l'Angleterre a dû rendre les armes pour un petit point face à l'Afrique du Sud, samedi 21 octobre, en demi-finale de la Coupe du monde (15-16). Même s'ils ont été bien meilleurs dans le jeu, les Français ont aussi craqué en fin de match. Moins ambitieux, les Anglais ont eux (presque) tout bien fait pour arracher une victoire sur laquelle peu auraient parié avant le match.
Le plan de jeu a été, sans grande surprise, très restrictif : une agressivité dans le duel, peu de risques pris dans les transmissions afin de pousser les Springboks à la pénalité, qu'ils comptaient sanctionner par l'inévitable Owen Farrell. Pendant 78 minutes, le plan s'est déroulé sans accroc : sous la pluie du Stade de France, l'Afrique du Sud a été asphyxiée, incapable de mettre du rythme ou de trouver les ailiers Kurt-Lee Arendse et Cheslin Kolbe, qui avaient fait si mal à la France.
L'exploit a tenu 68 minutes
Mais les Anglais aussi ont fini par craquer, sur un essai en force de RG Snyman à la 69e minute, puis une pénalité d'Handré Pollard, deux minutes avant la fin. Les Anglais menaient 15-6 à la 68e minute. Douze minutes plus tard, ils devaient poser le genou à terre, battus de justesse par un favori sud-africain qui n'a pas montré grand-chose hormis de la ténacité. "C'était vraiment moche, mais c'est ainsi que les champions le deviennent. C'est tout à l'honneur de l'Angleterre, qui a travaillé dur. Avant la Coupe du monde, elle n'était pas considérée comme une équipe à part entière. L'entraîneur Steve Borthwick, Owen [Farrell] et leurs autres joueurs se sont ressaisis et ont montré qui ils étaient", a salué, comme souvent, le capitaine sud-africain Siya Kolisi.
Avec un ballon glissant, provoquant fautes de lancers en touche et en-avants, rendant le match haché et pauvre, le XV de la Rose a abusé des coups de pied dans le jeu (41 à 29) et face aux perches (5/5 pour Owen Farrell), se contentant de gratter les ballons (7 ballons récupérés à 4) au combat. Le plan était ficelé par Steve Borthwick, et s'il n'avait rien de très surprenant, il a failli marcher, la météo aidant. "L'Angleterre s'est très bien débrouillée au niveau des coups de pied, elle nous a surpassés dans ce domaine", a admis Kolisi. "Je dois commencer par rendre hommage à l'Angleterre, ils ont été magnifiques. Ils avaient un plan bien rodé et ils nous ont mis sous beaucoup de pression", a complété Jacques Nienaber, le sélectionneur des Springboks.
Owen Farrell a tout tenté
Le buteur Owen Farrell, qui s'est même fendu d'un drop compliqué à presque 50 mètres, a tout tenté pour couper le pack sud-africain afin de l'empêcher d'enchaîner les phases de jeu. L'arbitrage de Ben'O'Keefe, qui a sifflé 19 pénalités au total (11 pour l'Angleterre, 8 pour l'Afrique du Sud), a parachevé de ralentir le rythme d'une partie plus basée sur la tactique à l'extrême, plus que sur le plaisir visuel des spectateurs.
"Nous avions mis au point un plan durant la semaine et les conditions météo ont aussi joué un rôle. Nous les avons secoués par moments et ils ont dû procéder à des remplacements pour changer ce qu'ils faisaient. Mais bravo à eux pour avoir trouvé le moyen de revenir et de gagner à la fin", a reconnu l'ouvreur de 32 ans, qui est devenu durant cette édition le meilleur marqueur de l'histoire de l'Angleterre devant la légende Jonny Wilkinson. "C'est dur à avaler, on a essayé d'exécuter le plan au mieux, on a tout donné", a lâché le troisième ligne Maro Itoje.
L'Angleterre, comme la France avant elle, va donc dormir en maudissant cet infime point qui a encore fait pencher la balance du côté des Springboks. Et si les deux frustrations auront sans doute un goût différent, l'Angleterre sait qu'elle revient de plus loin que les Bleus. "Tout ne s'est pas passé comme nous le voulions. On nous a tout jeté au visage, c'était des montagnes russes. Je suis heureux de ce que nous avons réussi à construire mais je suis dégoûté que nous n'ayons pas l'occasion de vivre le grand match [la finale] la semaine prochaine (...)", a conclu Farrell. Elle pourra malgré tout conclure son Mondial sur une bonne note, lors du match pour la troisième place, vendredi prochain face à l'Argentine.
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