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Coupe du monde de rugby : la grosse déprime de l'Angleterre

L'Angleterre éliminée, l'Angleterre humiliée, mais l'Angleterre pas encore délivrée. Le XV de la Rose a encore un dernier match à jouer contre l'Uruguay. Dans une ambiance morose. 

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Deux supportrices anglaises lors de la défaite de l'Angleterre contre l'Australie, le 3 octobre 2015, à Twickenham (Londres). (HUGH ROUTLEDGE / REX SHUT / SIPA)

Tout doit disparaître. Dans les heures suivant l'élimination de l'équipe d'Angleterre du Mondial de rugby, la boutique officielle du XV de la Rose a procédé à des soldes massives : -40% sur le maillot de ce qui restera comme une équipe de losers. Un condensé de ce que vivent les fans anglais, alors que l'équipe de Stuart Lancaster termine son chemin de croix, pardon, sa Coupe du monde, samedi 10 octobre contre l'Uruguay. 

Les traders n'ont pas versé une larme

Il est impossible de chiffrer immédiatement le coût de l'élimination prématurée de l'Angleterre de son Mondial. Plusieurs économistes prédisaient une chute de 0,15% du Footsie – l'équivalent du CAC 40 outre-Manche – le premier jour ouvré suivant la défaite face à l'Australie. Ce qui représentait trois milliards de livres partis en fumée, bien plus que le scandale Volkswagen. Il n'en a rien été : l'indice a bien résisté avec une hausse de plus de 2% (grâce à un bon chiffre sur l'emploi aux Etats-Unis, comme quoi les traders ne perdent pas le nord). Même le cours de l'action de la chaîne ITV, qui a déboursé 80 millions d'euros pour diffuser le tournoi, n'a pas chuté. Un grand merci aux contrats pour les spots de pub de mi-temps signés six semaines en avance, et à la nouvelle saison de Downton Abbey, qui ont rassuré les investisseurs. 

Les pubs font le dos rond

Du côté des pubs, la British Beer & Pub Association s'était gargarisée avant le tournoi du chiffre record de 25 millions de pintes de bières supplémentaires avalées pendant la Coupe du monde. Elles seront bues, rassure l'association. Simon Emeny, le patron de la chaîne de pubs Fuller, Smith & Turner, déclare au Financial Times : "Je déprime plus en tant que fan de rugby qu'en tant que chef d'entreprise. Je ne pense pas que l'élimination de l'Angleterre change grand-chose. Les pubs qui diffusent le sport faisaient le plein, ceux proposant de la nourriture un peu moins. On va perdre quelques fans sur les tabourets de bar pour les retrouver devant une assiette."

Bookmakers et sites de revente dépriment en silence

L'ambiance à Manchester pour le dernier match du XV de la Rose contre l'Uruguay s'annonce sinistre : 75 000 supporters qui ont payé jusqu'à 250 livres sterling pour voir le dernier tour de piste d'une équipe coupable du plus gros échec de l'histoire du sport anglais – d'après le Daily Mail. Combien viendront réellement ? Ceux qui ont renoncé bradent leur place sur les sites de revente, comme Viagogo, où le match est le moins cher de ceux proposés à la revente. Les tarifs demandés ont été divisés par trois en quelques heures. Mais le site parle d'un "ruisseau" de tickets proposés à la revente, pas d'un "torrent".

Chez les bookmakers, on fait grise mine. Le match Angleterre-Australie a constitué un record de mises pour la compétition, record qui ne sera pas battu. "Un gain de court terme pour des pertes de long terme", résume-t-on chez le bookie William Hill, qui s'attend à une baisse de 25% des paris pour les quarts de finale. 

Des supporters livrés à eux-mêmes

Traditionnellement, l'organisation d'une grande compétition sportive se traduit par une hausse du moral des ménages. Une seule exception : la Belgique pendant l'Euro 2000, parce que les Diables rouges avaient pris la porte dès le premier tour. Est-ce le sort qui attend l'Angleterre ? En tout cas, pour les scènes de communion nationale et le "feel good factor" qui va avec, on repassera, estime l'économiste David McWilliams, qui souligne sur Newstalk que "le rugby ne va pas réussir à élargir son public à cause de cet échec."

 

Du côté des supporters, il y a deux attitudes. La plus extrême, résumée par cette lectrice du Daily Mail : "Pourquoi devrait-on continuer à payer et à supporter un tournoi où nous ne participons plus ? On devrait arrêter le machin immédiatement et, si les autres pays veulent leur soi-disant Coupe du monde, qu'ils la continuent ailleurs ! Cela fait penser au complot antianglais à l'Eurovision. (...) Il est vraiment temps qu'on quitte l'Union européenne POUR TOUJOURS."

L'autre consiste à se choisir une autre équipe. Et, malgré la présence du prince William à tous les matchs du XV du Poireau, les cœurs anglais ne penchent pas pour le voisin gallois... mais pour l'Irlande. A commencer par l'ancien international anglais Austin Healey, mais aussi un autre supporter "parce que ma mère me l'a demandé".

 

N'attendez pas trop du Premier ministre britannique, David Cameron, qu'il porte les couleurs de l'Irlande. Il a déjà du mal avec ses loyautés dans le foot, note, moqueur, cet internaute. "David Cameron peut retourner supporter Aston Villa. Ou West Ham. Ou alors un autre genre de jambon [jeu de mot avec "ham", jambon, et le "piggate" qui éclabousse le Premier ministre]."

Sur le réseau social, on trouve un supporter anglais prêt à soutenir la France. Mais un autre veut bien se rallier à toutes les équipes du Tournoi des six nations, sauf l'Hexagone. 

 

Quid des joueurs anglais eux-mêmes ? Ils se font discrets depuis leur sortie sans gloire de la compétition. Mais on sait déjà quel sera leur programme les 17 et 18 octobre prochains, date des quarts de finale. 

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