Coupe du monde 2019 : L'Angleterre, l'outsider qui souhaite changer le cours de l'histoire
Depuis une semaine que les deux équipes se sont qualifiées pour les demi-finales de la compétition, les sélectionneurs néo-zélandais et anglais multiplient les conférences de presse d'avant-match. De quoi profiter des coups d'éclat, nombreux, d'Eddie Jones, le sélectionneur du XV de la Rose. En cette semaine décisive, l'Australien a progressivement fait monter la sauce. D'abord en accusant - à demi-mots - les journalistes néo-zélandais d'espionnage au profit des "Kiwis". Puis en mettant la pression sur les All Blacks, déclarant que ces derniers "doivent se demander comment ils vont gagner leur troisième Coupe du monde".
Dernière déclaration en date, la volonté du sélectionneur anglais de "changer le cours de l'histoire du rugby". "Nous (la sélection anglaise) ne sommes pas les meilleurs, mais nous avons l'opportunité samedi d'aller plus loin. Je ne pense pas que le rugby en ait besoin, je pense que nous en avons besoin." Un speech fédérateur à destination de ses joueurs, quatre ans après qu'Eddie Jones soit arrivé à la tête de la sélection en 2015, suite au traumatisme de la Coupe du monde où l'Angleterre n'avait pas su passer la phase de groupes. Un moment douloureux que Steve Hansen, le sélectionneur des All Blacks, n'a pas manqué de rappeler en conférence de presse, pour essayer de renverser la pression du côté du XV de la Rose : "J'ai le souvenir d'une Coupe du monde qui s'était mal déroulée pour l'Angleterre. Cette équipe va être sous une énorme pression."
Une seule victoire en seize matches contre la Nouvelle-Zélande
Malgré ces coups échangés, difficile de mesurer leur impact. Côté anglais, on tente d'en faire abstraction et Eddie Jones cherche à donner confiance en son groupe, dont la dernière rencontre face à la Nouvelle-Zélande date de novembre 2018. Une défaite 16-15 à Twickenham, après avoir été dominateurs sur le terrain tout en ayant mené 15-0 jusqu'à la fin de la première mi-temps. Un scénario cruel qui doit, selon Eddie Jones, servir de leçon à ses joueurs pour cette demi-finale : "Nous devons rester éveillés à chaque moment d'un match, et lors de cette rencontre, il y a des moments où nous ne l'étions pas, ce qui leur a permis de revenir dans la partie. C'est la plus grande des leçons à retenir." Malgré la défaite, l'Angleterre était sortie de cette confrontation avec le sentiment de pouvoir rivaliser avec les plus grandes nations : "Je n'aurais pas accepté ce poste en 2015 si je ne pensais pas que nous pouvions être les meilleurs au monde", a ainsi expliqué Eddie Jones.
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Mieux, huit joueurs de la sélection anglaise ont connu récemment la victoire face aux All Blacks. C'était en juillet 2017, avec les Lions Britanniques, la sélection regroupant les meilleurs joueurs d'Irlande, d'Écosse, du pays de Galles et de l'Angleterre. Elliott Daly, Hamish Watson, Maro Itoje, Courtney Lawes, Jamie George, Kyle Sinckler, Mako Vunipola et le capitaine de la sélection actuelle Owen Farrell avaient ainsi participé à cette victoire 24-21 lors d'une tournée d'été. Une donnée non négligeable pour donner confiance à une équipe d'Angleterre qui n'a remporté qu'un seul de ses 16 derniers matches contre la Nouvelle-Zélande.
Des All Blacks en mode rouleau compresseur
Mais tous ces motifs d'espoir pourraient ne pas suffire pour renverser des All Blacks conscients de ce statut de grand favori qui ne semble pas les déranger tant il leur colle au maillot depuis de nombreuses années : "Nous sommes sous pression tout le temps", concède Steve Hansen, sûr des forces de son effectif. Pourtant, après cet été, la Nouvelle-Zélande n'avait jamais semblé aussi prenable, après une défaite concédée contre l'Australie (47-26) le 10 août. Une équipe des Wallabies dont l'Angleterre n'a fait qu'une bouchée en quarts de finale (40-16). Depuis, la Nouvelle-Zélande a tout écrasé sur son passage, inscrivant en moyenne 7,3 essais par rencontre depuis le début de la Coupe du monde.
Avec des Elliott Daly, Manu Tuilagi, Tom Curry et Billy Vunipola étincelants depuis le début de la compétition, les Anglais devront donc batailler dur samedi pour espérer remporter un second sacre mondial, après celui de 2003. Pour cela, il leur faudra faire fi d'un bilan peu reluisant face aux All Blacks (33 défaites pour 7 victoires). Et oublier la dernière confrontation entre les deux équipes à ce stade de la compétition, en 1995. À l'époque, Jonah Lomu avait inscrit un quadruplé pour anéantir les rêves des joueurs anglais (49-25). Il incombe à leurs successeurs la lourde tâche d'inverser la tendance et de renverser la hiérarchie du rugby mondial.
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