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Coupe du monde 2019 : Dan Biggar, victime de deux chocs à la tête en dix jours, devrait jouer face aux Bleus, est-ce raisonnable ?

Victime de deux chocs à la tête, ayant entraîné une sortie de match, en dix jours, la dernière dimanche passée, l'ouvreur gallois Dan Biggar devrait tout de même débuter le quart de finale face aux Bleus, ce dimanche. Le staff du XV du Poireau assure que son joueur est apte. Les Gallois prennent-ils un risque pour sa santé ?
Article rédigé par Théo Dorangeon
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

"Dan n’a ressenti aucun symptôme le lendemain (du second choc à la tête), ce qui est super. Il dit qu’il se sent très bien." Deux collisions à la tête en dix jours, ce n'est pas rien. Mais Warren Gatland, le sélectionneur gallois, insiste : Dan Biggar va bien. L'ouvreur a été annoncé apte par le staff du pays de Galles pour défier le XV de France, dimanche en quart de finale de la Coupe du monde. Et ce malgré deux remplacements en dix jours, suite à des coups reçus à la tête.

Tout d'abord, le joueur de 29 ans est sorti à la 27e minute lors de l'Australie, le 29 septembre dernier (29-25). Une sortie temporaire puis définitive car Biggar n'a pas réussi le premier des trois tests HIA (Head Injury Assessment, examen de contrôle cérébral) qui doivent permettre d'identifier les commotions cérébrales et ainsi protéger la santé des joueurs. Dix jours après (9 octobre), il était de retour sur le terrain, jugé capable de jouer par le staff gallois. Face aux Fidji, le joueur aux 76 sélections est percuté par le coude de son équipier, Liam Williams. La tête est touchée, le choc est rude. Sonné, il laisse sa place après quelques minutes au sol.

Sauf que la subtilité est là : ce n'est pas une commotion. Juste après le match, le sélectionneur Warren Gatland déclare que Biggar "n'a pas passé le protocole commotion". "S'il a été évacué du terrain, c'est juste à cause du contact". Juste une sortie sur blessure, pas de protocole déclenché, donc pas de seconde commotion, officiellement. Dans le cas où une seconde commotion cérébrale était annoncée, Dan Biggar aurait été mis au repos forcé. "Même si le joueur se sent bien, il y a une absence automatique", nous explique Mathieu Blin, ancien joueur du Stade Français. En l’occurrence, trois semaines loin des terrains si une deuxième commotion survient. "Le rugby marche avec la vidéo. Les médecins peuvent revoir les images pour reclasser une sortie sur blessure en protocole commotion", indique Blin. En regardant les images, l'ancien international français se dit "très étonné" qu'une simple sortie sur blessure soit décrétée, d'autant plus avec des médecins indépendants. Pour lui, le protocole commotion est "clair et net"

Dès lors, la batterie de tests est moins importante qu'en cas de protocole commotion. Les examens opérés par le staff médical semblent concluants, selon les dires de l'encadrement, et autorisent Dan Biggar à jouer face aux Bleus. "Il est très bien suivi par l'équipe médicale. Il travaille avec des médecins indépendants, pour plus de clarté. Et ils sont très satisfaits de son évolution. Ça va aller pour Dan", a assuré Warren Gatland. Pourtant, World Rugby a fait de la protection des joueurs une priorité absolue ces derniers mois, renforçant la sévérité des sanctions arbitrales et ses procédures médicales. Contactée par l'AFP, l'instance gérant le rugby mondial a écarté toute possibilité de manœuvre : "Nous avons entièrement confiance dans le staff médical gallois pour respecter la procédure et son éventuel retour au jeu sera revu et approuvé par un expert médical indépendant spécialiste des commotions cérébrales", a dit un porte-parole. 

Des dangers physiques bien présents

Les questions se posent alors sur l'état de la blessure de Biggar lors du match aux Fidji. D'autant plus qu'il a subi deux gros chocs en dix jours. En cas de titularisation face aux Tricolores dimanche, Biggar reprendrait une semaine seulement après la collision face aux Fidji. "Les joueurs seraient prêts à prendre des risques inconsidérés, encore plus en quart de finale de Coupe du monde, pour jouer. Je le comprends, je suis un ancien joueur", admet Mathieu Blin. Il ajoute : "Dire que des staff médicaux reçoivent des pressions de staff technique, de joueur qui se dit apte, tel un gladiateur qui reste debout, ça existe. C'est de moins en moins vrai mais ça existe. Le joueur peut aussi cacher des douleurs, le fait qu'il dort mal, dire qu'il a mal au ventre à cause du stress."

Le cas est d'autant plus sensible que le poste de demi d'ouverture est peu peuplé. L'ouvreur du dernier Tournoi des 6 Nations, remporté avec le Grand Chelem par les Gallois, est Gareth Anscombe. Mais il est absent, blessé au genou. Dan Biggar passé numéro 1, il est suppléé par Rhys Patchell, peu expérimenté à ce niveau : 17 sélections et première Coupe du monde. 

Malgré tout, Dan Biggar semble bien parti pour jouer le quart de finale face aux hommes de Jacques Brunel. Toutefois, les risques sont bien présents. "Si on reprend un gros choc, ça peut être dangereux", convient Mathieu Blin. "Si on prend une béquille à la cuisse, qu'on rejoue, et qu'on en reçoit une autre au même endroit, ça peut provoquer des plus graves blessures". Une manière imagée mais qui concerne dans le cas de Biggar le cerveau. Une répétition de commotions peut entraîner des lésions cérébrales et à terme, perte de mémoire ou fortes migraines. L'ancien capitaine gallois Sam Warburton a notamment dû mettre un terme à sa carrière à seulement 29 ans en raison de multiples blessures, avant de lancer cet avertissement avant le Mondial : "Si rien n'est fait prochainement, un joueur professionnel pourrait mourir pendant un match, devant les caméras de télévision, et c'est seulement à ce moment-là que des gens lèveront leurs bras au ciel pour exiger que des mesures soient prises".

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