Coupe du monde 2019 : All Blacks, des adieux en beauté
Cette troisième médaille de bronze, après celles de 1991 et 2003, n'effacera pas la perte de la double couronne mondiale et d'une première défaite dans la compétition depuis 2007, mais elle devrait apporter un peu de baume aux coeurs noirs. Après la désillusion de la demi-finale largement perdue face à l'Angleterre (19-7), les Néo-Zélandais se sont remobilisés pour offrir un cadeau de départ à Steve Hansen, après quinze ans de bons et loyaux services, dont huit comme sélectionneur, marqués par un titre mondial (2015) et six Rugby Championship. Et un bilan ahurissant de 83 victoires en 107 test-matches.
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"C'était important de remonter en selle après la déception de la semaine dernière, de faire honneur au maillot et à nos supporters. Je suis vraiment fier des garçons. (...) Je sais que les jeunes vont repartir avec une douleur au fond d'eux. J'ai hâte de les voir continuer à grandir", a déclaré Hansen. A l'inverse, son homologue gallois et compatriote, Warren Gatland, ne sera pas parvenu, comme en 2011 (défaite face à l'Australie), à hisser le XV du Poireau sur un podium mondial pour son dernier match à la tête de la sélection. Qu'il a prise en main fin 2007, la menant sur le toit de l'Europe à quatre reprises, trois Grand Chelem dans le Tournoi des six nations à la clé (2008, 2012 et 2019). "J'espère qu'à travers ce que nous avons accompli ces 10-12 dernières années, nous avons gagné le respect et redonné ses lettres de noblesse au pays de Galles au niveau international. Et que les nouveaux entraîneurs vont construire là-dessus. Parce qu'après ce que nous avons réalisé, ça me fendrait le cœur si le pays de Galles retombait dans le marasme", a déclaré Gatland à l'issue de la rencontre.
Battus d'un souffle par l'Afrique du Sud dimanche dernier (19-16), Gatland et les Gallois ne peuvent cette fois nourrir de gros regrets. Ils ont été largement dominés par les All Blacks de Kieran Read, dont la carrière internationale, également riche de deux sacres mondiaux, s'est arrêtée vendredi, à 34 ans, sur une 127e sélection et un 52e capitanat. Pour dépasser Sean Fitzpatrick derrière l'intouchable Richie McCaw (110 fois capitaine). "J'ai essayé de profiter du moment, d'apprécier ma journée. En début de semaine, j'ai essayé d'évacuer mes émotions", a déclaré Kieran Read après le match.
Doublé pour Ben Smith
Le N.8, qui a symboliquement mené le haka et a été ovationné par les supporters néo-zélandais lorsqu'il a été interrogé sur la pelouse après la rencontre - comme Hansen, visiblement touché - et ses coéquipiers ont bénéficié, à Tokyo, de ce qui leur avait manqué en demi-finales pour mettre en place leur jeu, fait de passes après-contact (17 ce vendredi) et de prises d'intervalles (16 franchissements, 34 défenseurs battus) : du temps et de l'espace. Résultat : six essais inscrits pour profiter des largesses des Gallois, qui avaient décidé cette fois, contrairement à leur demi-finale, de ne pas fermer le jeu. Malheureusement pour eux, ils ont aussi ouvert les vannes en défense (25% de placages manqués) pour perdre quasiment tout espoir de victoire à la mi-temps (28-10).
Dans ce festin, Ben Smith (33 ans, 84 sél.) s'est taillé la part du lion avant, lui aussi, de remiser au placard le maillot noir à la fougère argentée. Cadre du titre de 2015, relégué en tribunes au Japon, le futur joueur de Pau a ainsi inscrit un doublé, s'infiltrant dans la défense gruyère du XV du Poireau (33e) avant de conclure en coin une magnifique et inspirée double sautée d'Aaron Smith (40e+1). L'ailier ou arrière aurait même pu s'offrir un triplé si son essai n'avait pas été refusé, après arbitrage vidéo, pour un en-avant de passe (48e). Onze minutes avant que l'ailier Josh Adams ne marque son septième essai dans la compétition, pour dépasser Shane Williams au nombre d'essais marqués par un Gallois sur une Coupe du monde (6 en 2007) et prendre une option sur le titre de meilleur marqueur. En attendant la grande finale de samedi.
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