Carter, des mots sur les maux
Deux jours de silence, deux jours pour digérer, deux jours pour refaire surface. Le rêve de Daniel Carter s'est évanoui lors d'un entraînement au pied. "Mon corps allait bien cette semaine, je n'avais pas de problèmes à l'aine ou aux adducteurs où j'avais déjà eu des choses dans le passé. Quelque chose a dû se passer mais c'est dur d'arriver à comprendre. Je n'arrête pas de me demander: 'Pourquoi ?' mais je n'ai pas la réponse".
Considéré comme le meilleur joueur du monde, il n'a pas tardé à se rendre compte de la gravité de sa blessure, en ce samedi, veille de dernier match de poule sans enjeu contre le Canada: "Je suivais ma routine, je faisais une séance un peu plus légère que d'habitude. Au lieu des 15, 20 coups de pied d'un entraînement de capitaine, j'allais en faire quatre et sur mon quatrième, je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ai ressenti une douleur. C'est affreux. Je me suis douté que c'était assez sérieux vue la douleur, et que c'était assez inhabituel. J'ai tapé des milliers de ballons depuis que je suis jeune et je n'avais jamais ressenti ça après avoir tapé. Ca a sauté et je me suis effondré au sol de douleur."
"Un déchirement"
Impassible sur le terrain, joueur d'humeur égale et se jouant de la pression, Dan Carter ne peut que tomber le masque face à la blessure: "Samedi soir a été très dur. Ca avait été un des jours les plus fous de ma vie: j'avais été désigné capitaine des All Blacks et de le voir enlevé pour une blessure puis de voir ensuite mon rêve de jouer la Coupe du monde s'envoler... Ces deux derniers jours ont été durs. C'est un déchirement pour moi. Mais je dois surmonter ça pour aider mon équipe et lui être utile. Je dois aider mes coéquipiers." Comme toujours, comme l'image qu'il a laissée à Perpignan lors de son passage là-aussi perturbé par une blessure au tendon d'Achille, le demi d'ouverture pense d'abord au collectif. L'attente en Nouvelle-Zélande est telle que ce collectif dépasse largement le groupe de Graham Henry, le sélectionneur. C'est tout un pays qui retient son souffle.
Sans leur artificier, le plus prolifique de l'Histoire, sans leur maître à jouer, les All Blacks pourraient rapidement ressentir un manque, se sentir orphelins."C'est important que le pays surmonte ce moment et qu'il continue à soutenir les All Blacks. Nous attaquons les phases finales. Le soutien dans ces moments-là est primordial", déclare-t-il pour rappeler aux supporteurs que la deuxième Coupe du monde de la Nouvelle-Zélande n'est qu'à trois victoires. Conscient du poids qui pèse désormais sur son remplaçant, Colin Slade, il l'a encouragé avant le dernier match de poule contre le Canada: "Je voulais juste l'encourager. Je suis désolé pour lui parce qu'il doit faire face à de nombreux commentaires ou discussions qui nous comparent tous les deux. Mais c'est un grand joueur et il mérite sa place. Il a l'opportunité de jouer et je sais qu'il a l'entier soutien de tout le groupe All Black." Un discours relayé par Steve Hansen, l'adjoint de Graham Henry: "La chose que doit comprendre Colin Slade, c'est qu'il est Colin Slade. Il n'a pas à être Dan Carter". Il se pourrait bien que ce fait coûte le titre mondial aux All Blacks.
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