Allons enfants de l'apathie
De quel mal souffre l'équipe de France au moment de débuter ses matchs? Les symptômes sont connus. Crise de léthargie, manque de tonus. Et leur apparition est clairement datée. Déjà, contre l'Ecosse pour son dernier match de préparation (19-16), puis contre l'Italie (32-10) lors de son entrée dans la Coupe du Monde, les Bleus avaient rencontré les pires difficultés à se mettre dans le rythme. Par chance pour eux, le diesel était un peu montré en température et ils avaient enfin trouvé une vitesse de croisière plus conforme à leur cylindrée. Il n'empêche, ces retards à l'allumage sont inquiétants. "Il faut que la France mette plus d'engagement dans ce qu'elle propose", synthétise Fabien Galthié.
Comme face aux Ecossais et aux Italiens, les Bleus ont semblé piqués par une mouche tsé tsé dans la première demi-heure. Les passes n'arrivent pas, les ballons glissent, les jambes sont lourdes. Pire encore, le secteur de la conquête, pierre angulaire de tout le système PSA, est mis en brèche par des adversaires pourtant moins réputés dans ce domaine. Jeudi à Londres, il n'a pas été rare de voir la mêlée roumaine enfoncer son homologue, de la même façon que les sauteurs au Chêne ont plusieurs fois contrarié l'alignement français.
Cercle non vertueux
Avec ces fondamentaux bafoués, les Tricolores manquent d'assurance. Par corrélation, ils perdent des munitions (six ballons perdus dans les rucks, neuf turnovers) et multiplient les fautes d'indiscipline (quatre pénalités concédées). Cercle non vertueux. "Même si on est taillés pour mettre du volume de jeu, il faudra passer par la case défi", avait pourtant prévenu Patrice Lagiquet, l'entraîneur des trois-quarts, avant la rencontre. Pour l'avoir temporairement oublié, les Bleus ont souffert contre la 17e nation mondiale. Qu'en sera-t-il contre l'Irlande ou lors d'un éventuel quart de finale ?
Sans un sauvetage in extremis de Bernard Le Roux, les Roumains auraient même pu instiller le poison du doute un peu plus dans les esprits français. Ces derniers ont grand besoin de prendre conscience qu'un match ne démarre pas à la demi-heure de jeu. Plus qu'un problème de joueurs ou même de systèmes, c'est bien dans les têtes que cette léthargie doit se soigner. "Quand le porteur du ballon a du mal à gagner son duel, quand les joueurs qui viennent nettoyer n'arrivent pas à sortir le joueur roumain, c'est difficile de jouer au rugby", constate amèrement Philippe Saint-André. "Le Rugby c'est un sport de passes, d'évitement, mais c'est aussi un sport de combat".
C'est sans doute le message que le sélectionneur des Bleus a fait passer à ses hommes à la mi-temps de ce France-Roumanie qui ronronnait depuis trop longtemps (cf vidéo). Si le son est coupé dans cet extrait, la gestuelle de Saint-André ne laisse pas de place au doute : sa fureur est proportionnelle à la mollesse de ses joueurs car l'entraîneur sait mieux que quiconque qu'une pareille lacune ne pardonnera pas face à l'Irlande le 11 octobre prochain.
La grosse colère de Philippe Saint-André à la mi-temps en vidéo :
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