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Comme le héros du film "Mercenaire", il a quitté son île de Polynésie pour jouer au rugby en France

Willy Taofifenua a quitté Wallis et le Pacifique pour le rugby et Mont-de-Marsan, dans les années 90. Comme le héros de "Mercenaire", un long métrage de Sacha Wolff, sorti mercredi 5 octobre. franceinfo l'a retrouvé.

Article rédigé par Cécilia Arbona, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Willy Taofifenua (balle en main) en février 2000. Il est alors capitaine de Grenoble. (MAXPPP)

Un choc thermique et culturel, c'est ce qu'a ressenti Willy Taofifenua en débarquant en métropole, en 1988. "Tao" est alors un précurseur, l'un des premiers rugbymen de Wallis et du Pacifique à rejoindre le Sud-Ouest et le Championnat de France de rugby. Il découvre la métropole et intègre le Stade Montois, le club de Mont-de-Marsan, dans les Landes. Le film Mercenaire, de Sacha Wolff, est sorti mercredi 5 octobre. Il raconte l'histoire d'un jeune wallisien qui, comme Willy, rêve de rugby.

Comme le héros du film "Mercenaire", Willy Taofifenua a quitté son île du Pacifique pour jouer au rugby en France

A 18 ans, Willy Taofifenua a décollé de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, pour un voyage vers l’inconnu, un vol de 24 heures et 17 000 kilomètres. Lorsque la porte de l’avion s’est ouverte, il se souvient surtout du froid glacial : "Je suis arrivé en plein hiver. J’ai débarqué à Bordeaux en short et claquettes. J'ai joué un match à côté de Grenoble, sous la neige. On ne connaissait pas, c’était la première fois qu’on touchait la neige. On s’amusait torse nu, on roulait dedans. Mais après le soir, on était malades (rires)."

A son arrivée en France, Willy Taofifenua pèse 110 kg pour 1,92 m. Derrière la carapace de colosse, il y a surtout un gamin, isolé et un peu perdu. "Je suis arrivé tout seul et j’ai galéré pour tout ce qui est administratif et logement. Nos enfants sont plus protégés que nous à l’époque."

Chaque fois que je touchais un ballon tout le monde criait : d’où il sort celui-là ?

Willy Taofifenua

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Formé au Stade Montois,Willy Taofifenua  joue troisième-ligne, devant des spectateurs médusés : « On m’a fait jouer à un poste où dans les Landes on connait bien les frères Boniface, des joueurs de petit gabarit. Cela a changé un peu leur philosophie, ils ont été surpris. J'ai joué mon premier match, j’ai marqué trois essais ! J’étais un peu l’attraction pour le public."

Willy Taofifenua part au FC Grenoble et dispute la finale du Championnat de France de la saison 1992-93, face à Castres. Il devient ensuite entraîneur de l'équipe de Grenoble, puis de Limoges. C’est au club londonien des Harlequins, en 2009, qu’il termine sa carrière de coach et quitte le monde du rugby.

On manque de formateurs, à Nouméa, Wallis-et-Futuna ou Tahiti. Il faudrait que tous les anciens joueurs qui ont arrêté reviennent dans nos îles pour encadrer tout ça !

Willy Taofifenua

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Aujourd'hui propriétaire d'un café à Perpignan, "Tao" regrette que l’on n’exploite pas davantage le filon polynésien, pour faire venir des jeunes talents en métropole. "Ça fait partie de mes projets, de lancer tous nos jeunes qui sont un peu à l’abandon là-bas, à Wallis-et-Futuna. Le rugby, c’est un sport qui est fait pour nous les Polynésiens. Je trouve qu’il y a beaucoup de gâchis à ce niveau-là sur le territoire."

La fierté de ce père de famille, c’est de voir deux de ses fils évoluer dans le Top 14 de rugby. Romain est deuxième-ligne au RC Toulon, et compte 4 sélections en équipe de France, et Sébastien est pilier à l’Union Bordeaux-Bègles.

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