Toulon s'ouvre les portes des demies en souffrant face aux Wasps
La piqure de rappel a servi. Avant d’affronter les Wasps, les Toulonnais ont vu que, faute d’avoir fait fructifier sa domination, le Racing-Métro avait été éliminé par les Saracens. Dans ce troisième acte des confrontations franco-anglaises de ces quarts de finale, dans son stade Mayol chauffé à blanc par l’enjeu et par le soleil méditerranéen, les Varois sont entrés rapidement dans la rencontre.
C’est bien simple, les Anglais ont dû attendre vingt minutes pour lancer leur première offensive construite dans la moitié de terrain adverse. Pourtant, leur pack avait pris le dessus en bénéficiant de trois pénalités sur mêlée, alors même que l’impression visuelle semblait plutôt favorable aux Toulonnais.
Dès la 8e minute, Toulon avait pris les devants, après une pénale-touche. Steffon Armitage partait au ras, le jeu rebondissait jusque sous les poteaux où Mathieu Bastareaud, en puissance, aplatissait le ballon (7-0, 8e). Une minute après, Ali Williams retrouvait ses jambes de jeune homme pour percer l’axe de la défense, mais le mouvement s’arrêtait sur un en-avant (9e). Les Wasps réagissaient en passant une pénalité par Lozowski (12e), mais Frédéric Michalak lui répondait peu après (10-3, 16e). Prenant le même chemin que le deuxième ligne néo-zélandais dans l’axe de la défense, Guilhem Guirado prenait la poudre d’escampette avant d’être repris à 20m par l’arrière Rob Miller. Mais au lieu de relâcher le talonneur pour contester le ballon, l’Anglais se mettait volontairement à la faute. A la clé, un carton jaune, synonyme de dix minutes hors du terrain, et une nouvelle pénalité pour l’ouvreur français (13-3, 22e).
Vidéo: L'essai de Bastareaud
Les échanges de coup de pied se poursuivaient, mais ils demeuraient à l’avantage du RCT, avec trois nouveaux coups de pied de Michalak contre un seul à Lozowski. A la pause, le score était de (22-6). Cela ne valait pas le (27-0) de Clermont hier aux dépens de Northampton, mais c’était beaucoup mieux que le (6-5) des Parisiens face aux Sarries un peu plus tôt.
Une 2e période plus difficile
Le début de la deuxième période était toujours positif pour la mêlée des Wasps. Les Anglais étaient plus entreprenants, plus maîtres du ballon. A la 46e minute, le staff anglais décidait de changer une cartouche importante en faisant entrer l’ouvreur expérimenté Andy Goode. Mais le premier grand éclair de cette deuxième mi-temps intervenait en faveur de Toulon. Bastareaud, en percussion en milieu de terrain, trouvait Michalak au soutien qui délivrait une passe acrobatique pour Delon Armitage, le long de la ligne. L’arrière anglais se sortait de la défense, mais finissait par trébucher à 1m de l’en-but, incapable d’aplatir (50e). Après ce coup pour rien, les Wasps réagissaient sur un beau mouvement au large, parti d’une touché à l’opposé. Daly débordait et décalait Helu qui n’avait plus qu’à aplatir le ballon (22-13, 54e).
Vidéo: Le premier essai de Helu
Loin de sa maîtrise du début de rencontre, le RCT en profitait pour changer à son tour une belle cartouche, en faisant entrer Matt Giteau, de retour après sa blessure, en lieu et place de Maxime Mermoz. Entre son talent ballon en mains et sa précision au pied, l’Australien était un joker de luxe. A l’heure de jeu, la rencontre était très équilibrée. Moins pénalisés que durant les quarante premières minutes, les Anglais enchaînaient mieux, contraignant souvent les hommes de Bernard Laporte à défendre. Et après avoir tellement pénalisé, c’est le moment que choisissait le pack toulonnais pour bénéficier d’une pénalitée, passée par Michalak (25-13, 68e).
Vidéo: Le doublé de Helu
C’était salvateur car trois minutes après, les Wasps se lançaient dans un contre phénoménal de 70m, stoppé à 5m de l’en-but (72e). Le jeu se poursuivait, mais la défense toulonnaise résistait aux diverses tentatives jusqu’à ce que Helu inscrive un doublé en bout de ligne. Mais Andy Goode ne transformait pas cet essai, les Wasps restant à sept longueurs (25-18, 75e). Pour s’éviter une fin de match, le double champion d’Europe réagissait de belle manière, Orioli décalant en bout de ligne Ali Williams, récompensé avec cet essai pour son match plein (32-18, 77e). Dans les dernières secondes, Tuisova passait de peu à côté d'un troisième essai toulonnais, mais il ne parvenait pas à se saisir du ballon.
Vidéo: L'essai d'Ali Williams
Peu importe. Toulon se qualifie pour les demi-finales, et reste en route pour réaliser un inédit triplé que ni les Anglais de Leicester (sacrés en 2001 et 2002), ni les Irlandais du Leinster (titrés en 2011 et 2012) n'avaient pu faire. Les Wasps, titrés les deux dernières fois où ils avaient atteint les quarts de finale (2004 et 2007), ont trop subi durant les quarante premières minutes pour se qualifier. Sur les trois affrontements franco-anglais de ces quarts, la France ressort donc avec deux victoires pour une défaite. En demi-finales, les Français seront les plus représentés avec Clermont (qui jouera les Saracens à Saint-Etienne le samedi 18 avril) et Toulon. Il y a encore l'espoir d'une finale 100% tricolore, comme en 2013 où... le RCT et l'ASM s'étaient retrouvés.
Vidéo: La réaction de Frédéric Michalak
Réactions
Bernard Laporte (manager de Toulon): "Soulagé, oui. Je disais aux joueurs qu'une bonne saison c'est quand on fait deux demi-finales. On y est en Coupe d'Europe, pas encore en Top 14. Après, une saison aboutie c'est une saison où on gagne quelque chose. Mais prenons les étapes les unes après les autres. On veut aller plus loin. Oui on a eu chaud: on savait que c'était une équipe qui déplaçait beaucoup le jeu, on savait que ce ne serait pas simple. Mais en première mi-temps on doit tuer le match en marquant deux essais de plus. On prend aussi un essai casquette où +Josh+ Tuisova glisse. Ca fait beaucoup. Cela n'a pas été notre meilleur match. Mais Frédéric (Michalak) a été excellent dans l'efficacité. Il y a beaucoup de fierté, ce serait prétentieux de dire qu'on n'est pas content: cela fait trois fois qu'on joue cette compétition et trois fois qu'on va en demi-finale (depuis qu'il est le manager). Mais on a envie d'aller plus loin, de gagner la Coupe d'Europe (une troisième fois). En demi-finale (19 avril contre le Leinster), il n'y aura pas de favori. Allez, ce sera 51-49 pour nous comme on joue à domicile (à Marseille)."
Carl Hayman (pilier et capitaine de Toulon): "On a atteint notre objectif, on est vraiment content. Un match comme ça n'est jamais facile. Cela a été vraiment dur, le haut niveau est toujours dur. On a connu des problèmes en deuxième mi-temps, on va essayer de s'améliorer les prochaines semaines. Quand ils sont revenus à sept points (74e), c'était chaud. Nos difficultés en mêlée ? Je n'ai pas tout compris. On va regarder ça à la vidéo pendant la semaine. Le Leinster (adversaire en demi-finale)? C'est une équipe forte partout, qui joue bien avec beaucoup mouvements et est forte devant. On est à 80 minutes de notre objectif, la finale, mais comme toujours ça va être dur."
Matt Giteau (ouvreur de Toulon, entré en jeu après plus de deux mois d'absence sur blessure): "Je suis content, je n'ai ressenti aucune douleur pendant le match. Mais physiquement c'était un peu dur. On a été plus solide que la semaine dernière (24-34 contre Toulouse). La chose la plus importante est la victoire, on joue pour ça. C'est important pour nous de se maintenir chaque année à un haut niveau. On travaille fort, et quand tu travailles, tu es récompensé. Michalak ? Il a bien joué, il a été l'homme du match et c'est mérité. C'est un bon mec."
Alexandre Menini (pilier gauche de Toulon): "On est très heureux, ça nous permet de continuer, ce qui était l'objectif. Les pénalités sifflées contre nous en mêlée ? Je ne suis pas du genre à trouver des excuses... Mais quand j'ai essayé de rester +en bas+, pénalité, quand j'ai essayé de rester droit, pénalité... Je ne sais pas, je vais regarder les vidéos et voir ce qui a été sifflé. Mais j'ai l'impression que quoi que je faisais j'étais pénalisé. Cela nous a pas fait perdre, mais sur des matches au couteau, ça sera peut-être pas bon pour nous. Il (l'arbitre) a tout vu: un coup en travers, un coup en bas, un coup on poussait avant... Je crois que toutes les pénalités qui sont possibles d'être sifflées ont été sifflées. A moi d'essayer de trouver la parade. J'ai essayé mais pas réussi. Je suis assez déçu sur ça. J'avais l'impression que quoi que je faisais, cela ne lui (l'arbitre) convenait pas. Les autres en face ont bien joué le coup, ont été marioles: dès qu'on mettait la marche avant, ils se reculaient un peu pour que ça tombe... Mais il ne faut pas fuir nos responsabilités, on a été beaucoup pénalisés et moi le premier."
Vidéo: La réaction de Mourad Boudjellal
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