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RCT: le sacre d'un homme, Mourad Boudjellal

En battant Clermont (16-15) en finale de la h Cup, le RCT a remporté son premier titre depuis 1992, son premier sacre européen après trois finales perdues (Challenge européen 2010 et 2012, Top14 2012). Et l'équipe a fait triompher la méthode d'un homme: Mourad Boudjellal. Entrepreneur devenu médiatique par le ballon oval depuis 2006, adepte de coups de gueule mais aussi de coups médiatiques avec les transferts des plus grandes stars, ce Varois a bousculé les habitudes, les traditions. Cette victoire en H Cup (16-15) contre Clermont récompense sa façon de faire, qui a évolué au fil du temps.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
 

La première pierre du renouveau du RCT ? Le transfert de Tana Umaga en 2006. Sa phrase la plus médiatisée ? Parler de "sodomie arbitrale" après une demi-finale du Top 14 perdue contre Clermont en 2010. Sa plus grande réussite ? Avoir relancé Jonny Wilkinson pour en refaire un joueur de rugby à temps complet. Mourad Boudjellal n'est pas un homme du sérail, et il ne manque jamais une occasion de le rappeler, de le montrer. Ancien PDG de la maison d'éditions Soleil, il a appris le métier de dirigeant sur le tard, intégrant certains codes mais en rejetant d'autres. La victoire du RCT en finale de la Coupe d'Europe contre Clermont constitue le premier trophée lui donnant raison.

Depuis son arrivée à la présidence du club en 2006, alors qu'il était jusque-là sponsor de l'équipe, Mourad Boudjellal a beaucoup évolué. A ses débuts, il était partout. A ses débuts, il recrutait partout. Tana Umaga, son premier grand coup tant médiatique que sportif, a été suivi par d'autres grands noms, dont le passage sur la Rade a été beaucoup moins marquant: Gregan, Oliver, Matfield... Peu à peu, il a appris, appris que l'empilage de noms n'apportait pas forcément un collectif. Il a appris que pour progresser, il devait structurer son club. Après la période Umaga joueur-entraîneur, la venue de Philippe Saint-André, en 2009, y a grandement contribué. Avec son expérience en France comme en Angleterre, le futur sélectionneur du XV de France a bâti, construit, sur le terrain et en-dehors. Peu à peu, un collectif s'est créé, et son départ pour la sélection n'a pas marqué une rupture, Bernard Laporte lui succédant avec son expérience et une rigueur à peu près identique. 

Il a ouvert la voie du Sud aux autres clubs

Deux finales du Challenge européen perdues en 2010 et 2012, une finale du Top 14 également perdue la saison dernière, tout cela a donné de l'expérience au groupe, et lui a surtout donné faim. Sans tourner le dos à ses transferts de stars (Masoe, Sheridan, Elsom, Rossouw, Armitage, Michalak, Mermoz), le RCT a surtout attiré des joueurs qui lui manquaient. De la qualité, du nombre, des profils différents, tout a été fait pour que l'équipe puisse aborder ses défis (H Cup et Top 14) avec les meilleures armes. Leader du Top 14 de la 4e à la 25e journée, qualifié directement pour les demi-finales, auteur d'un terrible (62-0) contre les Sharks en Coupe d'Europe, les Rouge et Noir ont trouvé la constance. S'il est plus en retrait, c'est aussi l'oeuvre de Mourad Boudjellal.

Homme tenace, au verbe haut, il a considérablement changé les méthodes et la mentalité en France. Même s'il est parfois décrié par ses homologues, Mourad Boudjellal a été le premier à attirer de grandes stars internationales, venant notamment de l'Hémisphère Sud. Si Daniel Carter est venu à l'USAP, si Sitiveni Sivivatu est arrivé à Clermont, si Byron Kelleher est allé à Toulouse, si Chris Masoe a posé ses valises à Castres, c'est aussi parce que le président du RCT avait ouvert la voie à ce genre de recrutements hors normes. Avec lui, d'autres dirigeants ont accru les investissements.  

Avec ce premier sacre européen, ce premier trophée depuis 1992, Mourad Boudjellal a remis Toulon au sommet. A sa manière, avec ses méthodes. Certains l'aiment, d'autres pas, mais il ne laisse pas indifférent. Et cela ne va pas l'inciter à "rentrer dans le rang". A l'issue de la victoire, il lançait, avec son sens de la provocation coutumier, "Je n'en ai plus rien à cirer du Top 14. Les Toulousains peuvent bien venir en claquettes, je m'en fous. je ne sais même pas si j'irai à Nantes." Mais pour cette demi-finale face au champion de France, il sera assurément aussi stressé que d'habitude, préférant suivre la fin de match loin du terrain si l'air y devient irrespirable et le suspens trop intense. Car il n'est vraiment pas certain que ce titre parviendra à l'apaiser, à le changer.

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