Champions Cup : Les Provinces irlandaises en mission contre les clubs français
Cette mission rédemptrice a bien commencé la semaine dernière avec un très joli quatre sur quatre, dont une victoire à l'arraché du Connacht face à Montpellier 23 à 20. Les victoires de l'Ulster à Bath (17-16) et du Munster chez les Ospreys (32-13) montrent qu'il faudra encore compter avec ces équipes cette année. Le programme de la fin de semaine sera cependant autrement plus salé avec la réception de Clermont pour l'Ulster et du Racing 92 pour le Munster ou les déplacements du Connacht à Toulouse et du Leinster chez le leader du Top 14, Lyon. Avec six trophées, deux finales perdues et quatre éliminations en demies sur les quatorze dernières années, l'Irlande tient la dragée haute à l'Angleterre et à la France sur la scène continentale. Le coup de génie de 2002, lors de la création de la "Ligue Celtique", a permis au rugby irlandais de compenser ses déficits structurels, à commencer par des réservoirs de joueurs et de clubs bien moins étendus.
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L'inflation salariale maîtrisée
Choisir de limiter son élite à quatre équipes provinciales a permis de capitaliser sur des identités fortes pré-existantes et de calibrer au plus juste la distribution des ressources, donnant aux équipes des moyens et des infrastructures de bon niveau. Le contrôle par la fédération irlandaise des contrats de joueurs, dans une ligue fermée, a eu le double mérite de tuer dans l’œuf toute inflation salariale vue en Premiership ou dans le Top 14 avec l'arrivée de millionnaires dépensant sans compter, comme chez les Saracens. Autre effet vertueux, la soumission des provinces à la fédération permet de bien mieux gérer le repos des internationaux que dans des clubs soumis à un risque de non-qualification européenne, voire de relégation, qui entrent directement en conflit avec les impératifs de l'équipe nationale.
Enfin, le fait de clairement indiquer que la sélection irlandaise ne prendra que des joueurs des quatre provinces - malgré l'entorse faite pour Johnny Sexton lors de ses années au Racing (2013-2015) - permet de garder la grande majorité des jeunes talents à la maison. Pour autant, l'élimination par la Nouvelle-Zélande en quart de finale du Mondial, même si elle n'avait en soi rien d'infamante, pousse l'Irlande - qui n'a jamais franchi cette barre, quand la France compte déjà trois finales - à traquer les limites de son modèle.
Quatre et puis c'est tout !
La première piste de réflexion concerne le nombre optimal de provinces. Le Leinster est notamment devenu si redoutablement efficace dans la formation de jeunes talents que le risque d'embouteillage au moment de passer pro est bien réel. Si ce "trop-plein" irrigue généreusement les autres provinces et au-delà, il risque de faire passer l'Irlande à côté de très bons joueurs. Une cinquième province trouverait certainement sa place dans un Pro 14 élargi, puisqu'il déborde déjà bien au-delà de l'Irlande, l'Écosse et le Pays de Galles, à l'Italie et à l'Afrique du Sud. Cette idée reste très controversée parce qu'il faudrait que cette cinquième province ait une identité historique forte et parce qu'il faudrait partager à cinq au lieu de quatre actuellement...
Assouplir la règle sur les départs à l'étranger serait aussi une possibilité sous la forme d'un quota de joueurs "exilés" dans la sélection ou un système "à la néo-zélandaise" où les joueurs peuvent partir gagner gros pendant les deux premières années du cycle de quatre ans de la Coupe du Monde, en laissant la porte ouvert à un retour. Autant de débats sur lesquels le nouveau sélectionneur national, Andy Farrell, aura évidemment son mot à dire pour que se poursuive la belle balade irlandaise en Coupe d'Europe.
Avec AFP
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