"C'est aussi à cause de nous" : moins de résultats et de spectacle, le XV de France comprend le désenchantement du public
Alors que l'équipe de France de rugby va affronter samedi l'Afrique du Sud, la fédération tente de séduire les supporters. Pourtant le stade risque de sonner encore creux.
Faut-il s'inquiéter pour le rugby en France ? Les Bleus débutent samedi 10 novembre leur tournée d'automne avec un beau match face à l'Afrique du Sud au Stade de France. Le hic ? L'enceinte est loin d'être pleine pour le moment avec un public qui se fait désirer pour assister pourtant à une rencontre entre deux des grandes nations du rugby.
Billet à moitié prix pour remplir le stade
La Fédération française de rugby a même dû lancer cette semaine une grande braderie, symbole de la désaffection grandissante du public envers le rugby. Tous les jours, depuis lundi 5 novembre, des billets à moitié prix sont mis en vente à la mi-journée. Officiellement, pour "conquérir de nouveaux fans" en adoptant une nouvelle stratégie commerciale, explique-t-on à la Fédération, qui se targue même d'avoir déjà vendu 1 400 billets en deux jours via cette opération.
Mais les joueurs du XV de France ne sont pas dupes, bien conscients qu'ils ne suscitent plus l'engouement populaire explique le jeune demi de mêlée des Bleus Antoine Dupont. "C'est aussi à cause de nous, les gens viennent pour voir une équipe qui gagne ou qui joue bien. Sur les derniers temps, ça n'a pas toujours été le cas, donc on peut les comprendre aussi", explique-t-il.
C'est à nous de faire les efforts pour leur donner envie de revenir
Antoine Dupontà franceinfo
Le problème, souligne le Parisien Jonathan Danty, c'est que le rugby est aujourd'hui de moins en moins lisible pour le grand public, sans grandes envolées mais avec de plus en plus de phases de jeu au sol. "Les gens de l'extérieur ont du mal à comprendre ce qui se passe sur le terrain et c'est peut-être aussi pour ça qu'ils sont réticents quand ils voient que y'a pas de spectacle à attendre", déplore Jonathan Danty.
Une désaffection profonde et qui dure
Les polémiques sur la violence du rugby ces derniers mois n'ont pas non plus aidé. Et la désaffection semble profonde. L'an dernier, le même match France - Afrique du Sud, n'avait déjà rassemblé que 55 000 spectateurs, à grands coups d'invitations. Alors, comment sortir de l'impasse ? La Fédération a bien tenté quelques sorties en ville la saison dernière pour recréer du lien avec les Français. Mais pour les joueurs, il n'y a qu'une solution, c'est gagner à nouveau alors qu'ils restent sur neuf défaites en un an pour seulement deux succès et un nul.
L'exemple à suivre, affirme le Montpelliérain Kelian Galletier, ce sont les Bleus du foot, détestés après l'affaire Knysna, et adulés aujourd'hui. "Ils sont sur une vague ascendante avec leur titre et il y a quelques années, ce n'était pas du tout ça. Les résultats amènent de la joie, du bonheur et du public", explique-t-il. "Mais la seule chose que je veux dire, c'est lorsqu'on est poussé par un public, lorsqu'on est applaudi, c'est une vibration et ça a un impact sur nous, c'est évident ! On joue pour ça. Si on n'aime pas être aimé, il n'y a pas d'intérêt de faire ce sport", conclut Kelian Galletier. Mais il va falloir aller vite pour ressusciter le désir et la passion : la Coupe du monde de rugby, en France, c'est en 2023, dans seulement cinq ans.
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