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Démission de Bernard Laporte : le maintien du comité directeur de la FFR "est un putsch, un hold-up", dénonce Florian Grill

Malgré la démission de Bernard Laporte de la présidence de la Fédération française de rugby, vendredi, l'opposant Florian Grill (Ovale Ensemble) a critiqué la décision du comité directeur, de ne pas suivre le même chemin.
Article rédigé par franceinfo: sport - Etienne Leray
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Principal opposant à Bernard Laporte à la Fédération française de rugby, Florian Grill, lors de la campagne à la présidence de la FFR le 5 mars 2020. (MAXPPP)

De la stupeur et de la colère. Alors que Bernard Laporte a démissionné de la présidence de la Fédération française de rugby (FFR), vendredi 27 janvier, le comité directeur n'a pas pris la même décision, sous-entendant la désignation prochaine d'un président par intérim, avant la prochaine assemblée générale de juin. Une décision qui n'a pas plu à Florian Grill, chef de file de l'opposition "Ovale Ensemble", qui a annoncé sa démission aux côtés de ses élus. Au lendemain du rejet par les clubs amateurs de Patrick Buisson comme président délégué, le patron de la Ligue régionale Île-de-France de rugby est revenu sur les événements de vendredi, à Marcoussis.

franceinfo: sport : Quel est votre sentiment après la démission de Bernard Laporte ? 

Florian Grill : Bernard Laporte a tiré les conclusions qui s'imposaient. Ce qui est dommage, c'est qu'en rugby on perd et on gagne en équipe, mais le comité directeur s'est accroché à ses petites prérogatives alors qu'il aurait dû écouter la voix des clubs. Ils ont demandé que cette équipe change, qu'on tourne la page des affaires et il aurait fallu que le comité prenne la voie statutaire proposée, en organisant des élections en six semaines. En ne retenant pas cette voie, le comité fait fi de l'intérêt général du rugby.

Quel sens donner à votre démission et celle de l’opposition ? 

Nous sommes là pour défendre l'intérêt général du rugby et pas juste un poste, des prérogatives ou des avantages. Les clubs ont clairement dit dans un referendum qu'ils ne voulaient pas d'un candidat qu'on leur a imposé. Là, c'est pire que tout, car on ne leur demande même pas de valider ce candidat par un vote. Dans la période la plus cruciale du rugby français, à quelques mois de la Coupe du monde, c'est un président par intérim non validé par les clubs qui va gérer la Fédération. On a l'impression que c'est un putsch, un hold-up, qui est fait sur le rugby français. Ce comité directeur impose ses choix aux clubs et on ne peut pas le cautionner. Je suis très fier de la position des élus "Ovale Ensemble" de démissionner et de ne pas accepter cette mascarade.

Comment se sont déroulés les événements à Marcoussis, vendredi ? 

Au début, tout s'est très bien déroulé en présence de la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Elle a expliqué qu'il y avait deux voies statutaires possibles. Celle de la démission du comité, qu'elle recommandait car elle aurait permis de retrouver de la légitimité dans les urnes avec une nouvelle équipe. Et puis la deuxième option, malheureusement retenue par le comité, qui est d'imposer un président par intérim aux clubs. C'est un déni de démocratie flagrant. On se demande pourquoi on a interrogé les clubs avant, si leur avis ne compte pas. C'est très triste pour le rugby et cela donne une piètre image de ses valeurs présupposées. 

Bernard Laporte lors de la cérémonie des World Rugby Awards, le 20 novembre 2022 à Monaco. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

Quels sont les recours possibles ? 

Que le comité directeur finisse par ouvrir les yeux, en se rendant compte que leur position est intenable. C'est la seule solution. C'est choquant d'avoir une équipe de France qui marche si bien et une gouvernance qui fait preuve d'aussi peu de responsabilité à un moment critique. 

La pression ministérielle peut-elle permettre de faire changer d'avis le comité directeur ? 

On le verra. Peut-être que les échos des médias et du monde politique permettront au comité de se rendre compte de l'impasse dans laquelle il place le rugby français. On parle beaucoup des valeurs de ce sport, et la première, c'est de respecter la démocratie. Nous démontrons, à "Ovale Ensemble", que nous sommes là pour le rugby et pas pour un poste. Ce comité directeur s'enterre dans son fort fortifié et essaye de défendre ses petits avantages. Ce n'est pas à la hauteur de l'enjeu qui est devant nous.

Pourriez-vous tout de même être candidat aux élections à l’assemblée générale de juin, à Lille ? 

Non, car je ne me suis plus membre du comité directeur. L'avantage des élections en six semaines préconisées, c'est que n'importe qui pouvait se présenter. Là, seuls les élus du comité, soit le clan Bernard Laporte, peuvent se présenter aux élections de juin.

À quel point la situation est inquiétante à sept mois de la Coupe du monde de rugby en France, entre les troubles à la Fédération et au comité d’organisation ? 

Comment voulez-vous qu'un président illégitime puisse gérer la Fédération alors qu'on prépare une Coupe du monde, qu'on négocie la concession avec le Stade de France, ou que le rugby amateur est en difficulté sur ses catégories cadet et junior ? Il y a des enjeux majeurs à gérer et un groupe de membres du comité directeur a décidé de faire un hold-up, en privatisant pour leur compte la Fédération. C'est totalement irresponsable et désespérant.

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