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1999 : Cédric Soulette, l’arme anti-Kronfeld du XV de France

Derrière l’incroyable victoire de l'équipe de France de rugby en demi-finale contre les All Blacks, il y a une histoire moins jolie, moins avouable. Ce jour-là, un joueur français avait une mission peu glorieuse à accomplir.
Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Cédric Soulette, le guerrier du XV de France © Reuters)

Des chevauchées fantastiques, des essais superbes de Bernat Salles ou Dominici, voilà ce que l’on retient de cette victoire historique. Mais dans les plus beaux succès, il y a toujours des stratégies pas franchement glorieuses. Pour battre les All Blacks cette année-là il fallait museler Jonah Lomu. Il fallait aussi s’occuper de Josh Kronfeld, le troisième ligne néo-zélandais. Ce jour-là il a été transparent, il semblait comme absent.

Y avait-il un plan anti Kronfeld ? La réponse de l’ouvreur français Titou Lamaison est immédiate : "Oui, c’est vrai parce que Kronfeld, c’était un poison. Il bonifiait les ballons, on l’avait clairement identifié. Il fallait trouver une solution. Evidemment, il n’y avait pas trop de solution si ce n’est notre arme secrète : Cédric Soulette. Sa particularité était qu’il n’y voyait absolument rien. Il avait 0 et 0,5 à chaque œil. "

Cédric Soulette, l’arme anti-Kronfeld du XV de France

Le guerrier myope

Cédric Soulette, pilier intrépide, réputé pour sa vivacité et ses interventions dévastatrices, confirme : "C’est vrai, il y avait toujours ce flou artistique autour de moi sauf que ce n’était pas génial non plus pour les coéquipiers puisque je pouvais leur faire aussi mal à eux qu’à mes adversaires. "

Effectivement, nombre de ses partenaires se souviennent de Cédric Soulette pour les blessures qu’il leur a infligées. En match ou à l’entraînement, il fonçait dans le tas sans jamais trop distinguer qui il percutait ou sur qui il marchait. Cédric Soulette est myope et ne supporte pas les lentilles.

Juste avant cette demi-finale devenue historique, les cadres de l’équipe lui confient une mission. "On lui disait, dès que tu vois une tache sombre, tu tombes dessus, tout simplement, explique Titou Lamaison. Et il y a une action où il arrive en travers et malheureusement pour lui, heureusement pour nous, Kronfled ne se relève pas tout de suite. Quand il se relève, il boîte."

On doit se broyer sur l’adversaire

"C’est un impact violent ", se rappelle Cédric Soulette. "C’est une demi-seconde, on est des hommes-canons. Le moment favorable s’est offert, j’y suis allé. Mais quand j’essaie de me relever, je suis obligé de prendre appui sur un coéquipier. Je suis un peu dans les vappes. C’était d’une rare violence. On doit se broyer sur l’adversaire mais si on lui fait mal, il y a de grandes chances pour qu’on se fasse mal aussi. On est prêt à se casser un os pour que le collectif puisse bénéficier de notre générosité. "

Les entraîneurs du XV de France ont toujours nié avoir demandé à Cédric Soulette d’assommer un adversaire. Après ce choc tête contre tête, Josh Kronfeld reste sur le terrain mais il n’a pas son rayonnement habituel. Il constate impuissant le triomphe tricolore ce jour-là.

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