1987 : la France découvre le rugby des Fidji
Un adversaire tout nouveau
Une véritable plongée dans l’inconnu. En quart de finale de cette Coupe du Monde, les Français croisent la route des Iles Fidji. Bien loin, très loin de leurs traditionnels adversaires du Tournoi des 5 Nations à l’époque.
Les Fidjiens n’évoluent pas dans les championnats européens et les confrontations avec les Nations de l’hémisphère nord sont rarissimes.
Naturellement, la France est favorite mais elle ne sait pas vraiment à quoi s’attendre. Il n’y avait alors pas d’analyse vidéo poussée de l’adversaire, c’est donc une fois sur le terrain que Pascal Ondarts et les autres découvrent les spécificités du jeu fidjien : "Il nous avait surpris. Sur le terrain, on avait découvert une équipe vraiment joueuse. Comme ça allait très vite, il fallait les presser devant pour reprendre la main. Il nous a fallu une bonne demi-heure pour comprendre."
"Vous arrivez à les attraper vous ?"
Une première période où les Français, garants du jeu traditionnel, avec des avants costauds et des trois quarts rapides, sont un peu déboussolés. En face, il est difficile de distinguer les piliers des ailiers. Les Fidjiens sont tous très vifs et capables de courses folles.
Laurent Rodriguez n’est pas serein : "A la mi-temps, nous étions tous essoufflés parce qu’ils couraient partout. Les piliers étaient aussi adroits que les centres ou les ailiers. Je me souviens de moments où le pilier arrivait balle en main face à nous. On était persuadés qu’il allait nous rentrer dedans et puis, d’un coup, il avait disparu. Je me souviens de l’un d’entre nous qui demandait " Mais vous arrivez à en attraper vous ? Parce que moi, je n’y arrive pas !" On était tous raides."
Le ballon tenu à une main
C’est en contraignant l’adversaire du jour à de longs regroupements, à du combat d’avant comme les Européens l’aiment tant, que les Bleus font finalement plier les Fidjiens.
Débridés, fantasques, ils n’apprécient guère les phases statiques et ces longues minutes passées les uns sur les autres. C’est dans les espaces qu’ils s’amusent et des brèches, ils en créent. Jean Baptiste Lafond se souvient de cette incroyable vivacité. Il se rappelle aussi qu’ils tenaient parfois le ballon d’une seule main, ce qui a évité de plus grands tourments à l’équipe de France : "Il y a un type, impossible de me souvenir de son nom (NDLR Il s’agit de l’ouvreur Severo Koro Duadua) qui déboule, il va marquer l’essai et la balle lui échappe comme un savon sous la douche. Un miracle pour nous !"
Qualification en poche, les Français ont poursuivi leur découverte lors du banquet d’après match. Serge Blanco en parle avec émotion : "Ça a été une communion la plus totale, un moment de magie. Nous avons partagé leurs chants, leur culture. Ils ont fait la prière. Ils étaient heureux d’avoir joué, d’avoir partagé et ça c’était notre plus belle récompense."
Les Iles Fidji ont participé à toutes les Coupes du Monde et désormais tous leurs meilleurs joueurs évoluent dans des clubs Européens. L’effet de surprise a disparu.
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