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Roxana Maracineanu, de réfugiée à ministre

Enfant de réfugiés fuyant la Roumanie de Ceaucescu, Roxana Maracineanu a fait rêver la France en devenant la première championne du monde de natation en 1998. Femme brillante et engagée, elle a été choisie mardi pour être la nouvelle ministre des Sports. A 43 ans, Roxana Maracineanu continue d'ouvrir la voie puisqu'aucune personnalité de la natation n'avait occupé une telle fonction ministérielle. Bouillonnante d'idées, impliquée dans le milieu associatif et parlant cinq langues (français, allemand, espagnol, roumain et anglais), la championne n'a jamais cessé d'être près des bassins.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
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Roxana Maracineanu, à  Font-Romeu en 2000. (JEAN-LOUP GAUTREAU / AFP)

Une jeunesse à Bucarest

Arrivée à l'âge de 8 ans en France, Maracineanu s'est vite révélée comme une excellente nageuse en dos pour devenir la reine de la natation française avec notamment une médaille d'or mondiale et une médaille d'argent aux Jeux olympiques en 2000. Son histoire commence en 1975 quand elle voit le jour à Bucarest, un an après l'arrivée au pouvoir du dictateur Nicolae Ceausescu. Ses jeunes années se passent dans la capitale avec ses parents et son jeune frère, Stefan.

Mais, son père ingénieur de profession, doit se rendre en Algérie pour y travailler en vertu d'accords d'échanges internationaux. Il part avec sa femme, technicienne-projetteuse, et Stefan. Mais sans Roxana. La jeune enfant reste en Roumanie, une garantie imposée par le régime politique pour s'assurer que la famille Maracineanu reviendra au pays. Roxana Maracineanu n'a que 6 ans et reste seule pendant plus d'un an avec des tantes. Son père parvient finalement à la faire venir en Algérie pour les vacances. Après 4 mois passés ensemble, ses parents décident de prendre un bateau pour la France.

Réfugiée en France avec ses parents

Débarqués à Marseille, ils gagnent Paris et obtiennent un statut de réfugiés. La vie est loin d'être simple, sans travail et sans logement, ils vivent tous les quatre dans une voiture. Ils finissent par avoir un hébergement en Bretagne à Riec-sur-Bélon (Finistère). Ce sont les premiers souvenirs de Roxana Maracineanu en France. Après avoir trouvé du travail, Mr. Maracineanu emmène toute la famille à Blois puis à Mulhouse, où ils poseront définitivement leurs valises.

La découverte de la natation où elle excelle

C'est dans cette ville de l'Est que Roxana Maracineanu découvre vraiment la natation. Ses premières performances sont signées en dos. En 1993, elle intègre l'équipe de France pour écrire de belles pages de la natation française. En 1997, elle décroche une médaille de bronze aux Championnats d'Europe. Et puis c'est l'exploit en 1998 à Perth (Australie) avec le titre mondial, une nouvelle médaille aux championnats d'Europe en 1999 puis l'argent aux JO de Sydney en 2000). Le tout sur 200 m dos, sa spécialité.

Ses performances se sont plus discrètes et elle se retire du haut niveau en 2004, année où une nouvelle étoile fait briller la France, Laure Manaudou, qui n'a que 17 ans quand elle est sacrée championne olympique, inspirée par une autre grande championne... Roxana Maracineanu. Enfant Laure Manaudou avait envoyé une lettre à son idole. Roxana Maracineanu n'a pas fait qu'aligner des longueurs dans une piscine en regardant le plafond. Elle a aussi bûché sur les bancs de l'école pour décrocher une maîtrise de sciences et techniques en traduction et documentation scientifique puis un diplôme dans une école de commerce, à Paris.
 

Une reconversion active, des médias à la politique

Mais elle ne s'est jamais coupée de la natation, devenant consultante pour la télévision et la radio, et tenant également une chronique dans l'Equipe. Elle a plusieurs fois proposé ses services à la Fédération française de natation (FFN), qui l'a boudée.

Fin 2014, elle présente un projet à la FFN pour briguer le poste de directeur technique nationale mais ne sera pas choisie. Active sur le terrain, son fer de lance c'est le savoir nager. Effrayée par les nombreuses noyades, elle crée son association "J'peux pas, j'ai piscine" dans une démarche de savoir nager. Elle-même mère de 3 enfants, elle organise des stages pour les aquaphobes, les enfants en bas âge.

Cet été, le rapport qu'elle a remis au Premier ministre Edouard Philippe préconisait ainsi des initiations à la nage plus poussées, regrettant les méthodes actuelles". Un premier contact avec la "Macronie". Officier de l'ordre national du Mérite, elle a été conseillère régionale d'Ile-de-France (apparentée Parti socialiste).
 

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