Rougerie-Jauzion, le poids du centre
1.94m, 104kg d'un côté, 1.93m, 107kg de l'autre. Les Argentins auront beau faire, ils devront faire face à deux centres massifs lors du test-match contre la France à Montpellier. Aurélien Rougerie et Yannick Jauzion associés, c'est une première dans l'histoire du XV de France, mais pas la première fois que les Bleus jouent la puissance dans ce secteur. Dauger-Boniface, Sella-Lacroix, Ntamack-Dourthe ou plus récemment Marsh-Jauzion, voici quelques-unes des tentatives passées, qui vont un peu à l'encontre de la tradition. Car généralement, le centre est plutôt occupé par un premier homme vif et dynamique couplé à un joueur solide capable de lui ouvrir des brèches et de jouer après-contact. C'est d'ailleurs comme ça que dans leur club respectif, le Clermontois et le Toulousain sont couplés: Rougerie souvent avec Marius Joubert ou Gonzalo Canale, Jauzion souvent avec Florian Fritz.
Cet essai n'est pas innocent. A moins d'un an de la Coupe du monde, c'est l'une des dernières occasions de transformer ses schémas de jeu. Et sachant que les dernières champions du monde ont d'abord brillé par leur défense avant d'envoyer les attaquants, la tentation est grande de solidifier le centre du terrain. Solide en défense, et jouer debout en attaque, voilà les deux axes forts d'une telle association: "L'idée, c'est d'impacter le milieu de terrain et d'assurer la conservation du ballon pour continuer à déplacer le jeu", résume Emile Ntamack, chargé des lignes arrières. La deuxième titularisation de Damien Traille au poste de demi d'ouverture ne fait que renforcer cette impression d'omniprésence de la puissance avec ses 100kg accusés sur la balance. Avec le Biarrot, centre qui joue ouvreur, le Clermontois, ailier qui joue au centre, et le Toulousain, centre qui peut jouer à l'ouverture, le trio possède un sens du jeu très développé des lignes arrières, qui peut le rendre imprévisible en plus de l'immense expérience totalisée (à eux trois 200 capes). Gare de trie par excellence entre le paquet d'avants et les arrières, l'axe 10-12-13 devrait donc avoir toutes les clés pour trouver la solution au jeu argentin, dans un premier temps. "A un moment donné, il ne faut plus être attentiste. Ce n'est pas qu'au 10 et au 9 de gérer le jeu mais à tous les joueurs autour", déclare ainsi "Jauzi".
Pour cet affrontement où l'impact physique sera énorme entre les deux packs, la capacité à jouer debout et à faire vivre le ballon après l'impact sera primordial. Et l'exemple de l'Angleterre, victorieuse de l'Australie avec un centre du terrain très costaud samedi dernier, a peut-être confirmé que la solution pourrait passer par là. Reste que ces joueurs n'ont jamais évolué à ces postes ensemble, et malgré toute leur expérience, ils manqueront peut-être d'entente pour donner leur pleine mesure. "Je connais les habitudes d'Aurélien, je vais essayer de lui donner le maximum d'espaces car je sais qu'il saura les exploiter", rassure le Toulousain. "C'est un joueur très athlétique, capable de rentrer dans la défense, de passer les bras. Avec Damien, on va essayer de le mettre en valeur." Le Clermontois n'est pas plus inquiet: "Il n'y a pas de raison pour que ça ne se passe pas bien. J'essaie de travailler, surtout à côté d'un garçon comme Yannick Jauzion qui est quand même la référence française à ce poste, voire beaucoup plus. C'est évidemment plaisant." Il n'est pas certain que le plaisir soit partagé par leurs adversaires argentins.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.