Roland-Garros : pluie, tribunes vides, masques... la drôle d'ambiance de la première journée
La petite balle feutrée n'a jamais aussi bien porté son nom. L'ambiance de Roland-Garros, cette année, n'a jamais aussi bien collé à la matière jaune. C'est une atmosphère surréaliste qui accueille le spectateur, déjà bien refroidi par la pluie et les 11 degrés qui sévissent à Paris. Là où, habituellement, les allées bruissent, dès 10 heures du matin, de l'excitation d'un début de tournoi du Grand Chelem, on est frappé par l'étrange silence qui règne dans les travées. Le temps, sinistre, renforce encore cette impression.
Cette année, ce sont 1000 personnes non accréditées, qui ont accès aux 16 courts de l'enceinte. Forcément, elles sont disséminées ici et là et on peine à les distinguer des personnels d'encadrement, d'entretien, des journalistes. "C'est bien simple, il y a plus de gens du staff que de spectateurs" rigole Théo, un jeune ramasseur transi de froid en attendant de prendre possession du court numéro 7.
Il suffit de sillonner l'allée centrale et de passer entre les différents courts pour entendre le bruit des balles frappées par les joueurs, voire d'entendre leurs cris de rage. Une anomalie à laquelle personne n'est habitué et qui confère au plus grand Tournoi français une nappe sonore qui ressemble à celle d'un tournoi régional du dimanche.
Le cadre, pourtant, rappelle que l'on est dans l'un des plus beaux sanctuaires du tennis. Mais c'est une coquille vide. Le grand écran, situé à côté du court Philippe-Chatrier, a beau diffuser des images de match en cours, personne ne s'attarde devant.
Perdu derrière l'écran, un petit stand de crêpes pousse comme un champignon perdu. "Depuis ce matin, on a vendu 14 crêpes en 4 heures" se lamentent Tullio et Rayaene. Un peu plus loin, dans l'artère principale, une échoppe spécialisée dans la vente de raquettes fait peine à voir. "Initialement nous avions 15 points de vente sur le stade", fait remarquer Pierre. "On n'en a finalement installé que deux".
Autre conséquence, plus néfaste encore : "On a dû se séparer de tous les intérimaires qui étaient prévus pour assurer la vente et l'animation". Les raquettes restent donc accrochées mais en revanche, un article de la marque se vend plutôt bien : le masque.
Dans les travées, ce dernier est sur tous les visages. Des agents y veillent scrupuleusement. Et sur les courts c'est pareil. Pour le moment, pas de problème de distanciation sociale tant les spectateurs sont éparpillés. Ainsi, ils sont tout au plus une petite vingtaine pour suivre le pourtant excellent match entre l'espoir Alex De Minaur et l'ancien demi-finaliste Marco Cecchinato.
Quand Roland sonne creux
On trouve pourtant des beaux sourires en parcourant les entrailles du site. Ainsi, Camille et Léa se félicitaient d'avoir récupéré des places à moindre prix. "Il y a dû avoir beaucoup de désistements parmi les personnes tirées au sort, déduisaient-elle, "et on a hérité de billets moins chers !"
A l'abri du Philippe-Chatrier, sous son toit rétractable, l'ambiance est pourtant aussi frileuse qu'au dehors. Les occasions de s'enflammer se font rares. "C'est bizarre, il n'y a pas beaucoup d'émotion", se lamente Serge, un habitué des lieux. "Mais on n'a pas le droit de se plaindre car, avec la situation actuelle et le tirage au sort qui a suivi, on se sent vraiment très privilégié d'être ici. Et maintenant, on attend surtout le match entre Murray et Wawrinka en espérant que tout ça va un peu s'enflammer."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.