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Roland-Garros : Ils ont brillé le temps d'un Roland

La magie d’un Grand Chelem a quelque chose d’unique au tennis. Unique et parfois éphémère. Roland-Garros a vu naître des étoiles, qui ont brillé le temps de la quinzaine, avant de retomber dans l'oubli.
Article rédigé par William Vuillez
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
  (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Qui ne se rappelle pas de la folle épopée de Marco Cecchinato, à Roland-Garros l’an dernier ? 59e au classement ATP, l’Italien avait créé la sensation en atteignant le dernier carré, pour sa deuxième participation seulement. Lui qui n’avait jamais passé le premier tour d'un Grand Chelem, a accroché à son tableau de chasse Pablo Carreno Busta, David Goffin et surtout Novak Djokovic en quart de finale, au terme du plus beau match de la quinzaine.

Depuis son exploit, le Sicilien n’a plus gagné un seul match en Grand Chelem. Il sera certainement très attendu par le public de la porte d’Auteuil, qui en avait fait son chouchou l’an dernier. Si Marco Cecchinato, peut encore prouver que son exploit n'était pas qu'un feu de paille, d'autres ont connu à Roland, la quinzaine de leurs rêves avant de retrouver "une vie normale".

•Martin Verkerk, finaliste en 2003

Martin Verkerk est sûrement l’un des finalistes les plus improbables de l’histoire de Roland-Garros. Le Néerlandais dispute à 24 ans, son premier Roland en 2003, son 3e Grand Chelem et il n’a, jusque-là, jamais dépassé le 1er tour. Alors 46e au classement ATP, Verkerk est loin de se douter qu’il va réaliser le tournoi de sa vie. Miraculé au 2e tour contre Luis Horna, il se retrouve, après 2 victoires solides, en quart de finale.

Après un combat de 4h, 8 jeux à 6 dans le 5e set, Verkerk s'offre le scalp de Carlos Moya, numéro 4 mondial. Dans le dernier carré, le Néerlandais écarte une 4e tête de série, l'Argentin Guillermo Coria (7e) et se qualifie pour la finale. La marche de trop sans doute, puisqu’il tombe face au grand Juan Carlos Ferrero, largement supérieur (6-1, 6-3, 6-2). 

Depuis cet exploit, Martin Verkerk n’a plus jamais dépassé le 3e tour d’un Grand Chelem. C’est à ce stade qu’il est battu l’année suivante, au terme d’un beau combat en 5 sets face à Lleyton Hewitt

• Ernests Gulbis, demi-finaliste en 2014

Roger Federer doit encore en faire des cauchemars ! Nous sommes en 2014, Ernests Gulbis se présente porte d’Auteuil avec comme seule référence en Grand Chelem un quart de finale à Roland en 2008. Mais cette année-là, en 2014, alors classé 18e mondial, Gulbis se hisse en huitième de finale, où il défie l’ogre Roger Federer, 4e mondial. Nul ne se serait douté que ce match allait être l’un des plus beaux de la quinzaine.

En 5 sets et 3h42, le Letton sort le Suisse pourtant archi favori (6-7 7-6 6-2 4-6 6-3). Il expédie ensuite Thomas Berdych (6e) et s’offre sa première (et seule) demi-finale de Grand Chelem. Dans le dernier carré, Novak Djokovic (2e), vient stopper le Letton dans sa folle épopée. Depuis cette année, Ernests Gulbis n’a jamais fait mieux qu’un huitième de finale en Grand Chelem.

• Jelena Ostapenko, vainqueure en 2017

Trois ans plus tard c'est une autre tornade lettone qui souffle sur les courts de la porte d'Auteuil. À 20 ans, Jelena Ostapenko emporte tout sur son passage ! 47e mondiale, Ostapenko, qui n’avait jamais passé le 3e tour d’un Grand Chelem, élimine 3 têtes de séries, dont Caroline Wozniacki (12e), pour se hisser en finale.  Tous les projecteurs sont alors braqués sur la jeune Lettone, au moment d'aller défier pour le titre, Simona Halep 4e mondiale. 

Mal embarquée, Ostapenko est menée 4-6 0-3, balle de double break pour la Roumaine, avant de renverser la situation.  Elle s’impose finalement (4-6 6-4 6-3) et remporte le premier Grand Chelem de sa carrière. Elle devient, par ailleurs, la deuxième joueuse non tête de série à gagner Roland-Garros, après Margaret Scriven en 1933.

Très attendue l’année suivante, Ostapenko tombe dès le 1er tour. Deux ans plus tard, la Lettone, désormais 27e mondiale, essaiera sans aucun doute de briller à nouveau dans le tournoi qui l’a propulsée dans la lumière. 

• Gaston Gaudio, vainqueur en 2004

Si on se souvient de Gaston Gaudio, c’est souvent parce qu’il est le dernier joueur à avoir remporté Roland-Garros avant "l’ère Nadal". Ce dont on se rappelle moins, c’est que l’année de son titre en 2004, l’Argentin, alors classé 44e mondial, a été absolument sensationnel. Lui qui n’avait connu qu’un huitième de finale en Grand Chelem, s’est offert Lleyton Hewitt (12e) puis David Nalbandian (8e) en demi et en 3 sets, avec un 6-0 dans la dernière manche.

En finale Gaston Gaudio se paye Guillermo Coria, alors 3e mondial, 8 jeux à 6 dans le 5e set, en ayant au passage sauvé deux balles de match. 4e joueur non tête de série à remporter Roland, l’Argentin ne dépassera plus jamais les huitièmes à Paris et ne fera pas mieux que le 3e tour dans les autres tournois majeurs. 

• Lucie Safarova, finaliste en 2015

2015 était clairement l’année de Lucie Safarova à Roland-Garros, le point culminant de sa longue carrière, parsemée de rares bons résultats dans les tournois majeurs. Un quart de finale à l’Open d’Australie, une demi-finale à Wimbledon, au total, sur 53 participations en Grand Chelem, la Russe n'a dépassé que 9 fois le 3e tour. À Roland-Garros en 2015, elle atteint alors la seule finale de Grand Chelem de sa carrière. Elle s'offre même cette année là, le titre en double ! 

Alors 13e mondiale, elle arrive en finale sans avoir concédé le moindre set et en ayant sorti la numéro 2 mondiale Maria Sharapova et Ana Ivanovic (7e). Mais en finale, elle craque face à Serena Williams, alors au sommet de son art, qui décroche au passage son 20e titre du Grand Chelem. 

Ce coup d’arrêt vient mettre fin au rêve de la Russe, qui n’a après ça plus jamais dépassé le 3e tour en simple à Paris.

• Jürgen Melzer, demi-finaliste en 2010

Quand Jürgen Melzer arrive à Roland-Garros en 2010, alors classé 26e à l'ATP, ses résultats en Grand Chelem ne font clairement pas de lui un concurrent direct pour le dernier carré. En 31 tournois majeurs disputés, l'Autrichien de 29 ans n'avait alors jamais fait mieux que le 3e tour. C'est justement à ce stade qu'en 2010, il se défait brillamment de David Ferrer, tête de série numéro 9. 

En quart de finale alors que personne ne l'attendait, il réalise l'exploit de sa carrière en battant Novak Djokovic, numéro 3 mondial dans un match fou en 5 sets. Un exploit qu'il ne réitérera pas en demi-finale face à Rafael Nadal, encore une fois au-dessus de tout le monde cette année-là. 

L'Autrichien disputera encore 5 Roland-Garros, sans jamais aller plus loin que le 2e tour. 

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