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Rogge : "La confiance fera la différence"

Jacques Rogge , président du CIO, estime que l'élection de la ville hôte des JO d'hiver 2018 qui aura lieu mercredi à Durban (Afrique du Sud) est très ouverte et d'abord liée au sentiment de confiance qu'auront suscité les dirigeants des candidatures d'Annecy, Munich et Pyeongchang. "Tout le monde sait que les trois projets sont bons. Mais faire confiance a un homme, une équipe, c'est ça qui fait la différence."
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Jacques Rogge (Président du Comité international olympique)

Q: Rien n'est prévisible dans l'élection d'une ville hôte. Qu'est-ce qui fait la différence entre les candidats?
R: "C'est d'abord la confiance qu'ont les membres du CIO dans les dirigeants des candidatures. +Est-ce que nous allons donner les JO à cette personne ou à ce groupe? Est-ce que nous avons confiance en sa capacité à mener à bien ce projet?+ Tout le monde sait que les trois projets sont bons. Mais faire confiance a un homme, une équipe, c'est ça qui fait la différence."

Q: Pour parler d'Annecy, pensez-vous que les membres du CIO l'associent à Charles Beigbeder ou à Jean-Claude Killy qui s'est fait rare durant la campagne?
R: "Les membres savent que Killy ne va pas tirer l'organisation. Mais ce sera un soutien inestimable pour le COJO. Il a été tout: athlète, organisateur de JO, coordinateur de Turin et de Sotchi. C'est une source de connaissance extraordinaire. Il jouera un très grand rôle. C'est un atout pour la confiance dont je parlais que d'avoir Jean-Claude dans son camp."

Q: Les medias et observateurs négligent souvent Annecy, annonçant que l'élection se jouera entre Pyeongchang et Munich. Le pensez-vous également?
R: "Non. Leur présentation (en mai, lors du séminaire de Lausanne) était excellente. Il faut travailler jusqu'au bout. Je prends toujours l'exemple de 1994. Tout le monde voyait gros comme un camion l'élection d'Ostersund, candidat pour la cinquième ou sixième fois. C'est Lillehammer qui a gagné et livré des JO fabuleux. A certain moment, une alchimie se crée. Ce peut-être le dernier jour."

Q: Annecy prône des JO d'hiver à la montagne alors que les dernières éditions se sont déroulées dans des métropoles de plaine. Peut-on revenir à l'avenir à des JO moins urbains?

R: "Les JO d'hiver ne sont pas devenus trop gros pour une ville moyenne parce qu'il y a automatiquement dans ce cas déconcentration et dispersion. Albertville est pour moi un très bel exemple. Albertville n'est pas une grande ville et depuis 1992 le nombre d'athlètes et les charges n'ont pas beaucoup augmenté. J'ai loué le modèle de Vancouver mais je n'ai jamais dit que c'était un modèle exclusif."

Q: Les dernières attributions de JO (Sotchi-2014, Rio-2016) ont privilégié des territoires vierges. Est-ce une tendance au sein du CIO, si oui elle favoriserait nettement Pyeongchang et ses "nouveaux horizons"...
R: "Je crois en la qualité. Ce que je souhaite, c'est que l'on aille dans la meilleure ville. Et si cette ville est un nouveau terrain pour les JO, c'est un atout mais ça n'est pas le but. Le but doit être de choisir la meilleure candidature pour les athlètes et les JO."

Q: Est-ce pour cela, pour évoquer les JO d'été, que le CIO, contrairement à d'autres organisations sportives internationales, s'est montré hostile à la candidature du Qatar?

R: "Qu'avons nous dit pour le Qatar: +Normalement, les JO ont lieu entre mi-juillet et fin août mais nous pouvons faire des exceptions pour les pays qui ont des contingences climatiques+. Nous avons fait les JO à Sydney entre 15 septembre et le 1er octobre. Nous sommes prêts à adapter les dates mais il faut tenir compte de nombreux paramètres comme la date des JO dans le calendrier international, leur audience... Nous avons déjà fait des exceptions et nous en ferons encore si elles sont légitimes. On ne ferme pas la porte."

Q: Outre 2018, la session du CIO cette semaine se penchera sur les nouveaux sports au programme des JO. N'existe-t-il pas un risque de céder aux phénomènes de mode en intronisant des sports à l'aura éphémère?
R: "Nous sommes très prudents. Nous avons pris la planche à voile, le triathlon, le snowboard. Nous avons eu raison. Aujourd'hui, avec le slopestyle et le half pipe, nous allons vers la jeunesse - comme avec le BMX et le VTT l'été. Ces disciplines permettent aux pays qui n'ont pas de massif alpin d'obtenir des médailles aux Jeux d'hiver. Il faut une diversité dans le programme olympique, des disciplines innovantes qui attirent des pays sans infrastructures. Avec le passage des ans, ces sports deviennent traditionnels. Mais il faut d'abord pérenniser les sports, instaurer une tradition de compétition stable. Il y a eu dans le passé des propositions pour le frisbie. Personne aujourd'hui ne penserait à en faire un sport olympique."

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