Rio Mavuba : "Le foot 5 manque encore de reconnaissance"
Pourquoi avez-vous décidé de signer ce manifeste ?
Rio Mavuba : "Je me sens concerné par ce qui se passe dans le football amateur. Tout simplement parce que cela fait maintenant deux ans que j'ai retrouvé le milieu amateur. A la fin de ma carrière de joueur, j'ai joué avec un club qui évoluait en N3 (à Mérignac-Arlac, à côté de Bordeaux). Cette année, je suis entraîneur-adjoint de cette équipe. Ma position me permet donc de constater les difficultés auxquelles sont confrontés les clubs amateurs. Même si le foot à 5 commence à prendre de plus en plus d'ampleur en France, selon moi il manque encore un peu de reconnaissance. C'est une pratique importante et je vais même dire qu'elle est importante pour l'évolution d'un jeune footballeur. Je ne dirai pas que c'est un regret car j'ai réussi à faire une carrière, mais en ce qui me concerne, j'aurais aimé le pratiquer étant petit."
Qu'est-ce que le foot à 5 apporte de plus aux joueurs ?
RM. : "Il permet d'acquérir de l'agilité, de la souplesse, une dextérité de la cheville, une aisance, une capacité à voir plus vite et à avoir des mouvements synchronisés. Tout cela apporte énormément. Le foot à 5 a encore d'ailleurs un petit côté freestyle qui se perd de plus en plus sur les terrains de football alors qu'il faut conserver cette part d'improvisation."
"On a l'impression d'être mis à l'écart parce que la phase 2 du déconfinement va débuter et l'interdiction d'organiser des matchs est toujours en vigueur"
Les sports collectifs sont toujours à l'arrêt, et pour l'heure aucune date de reprise n'a été annoncée. Avez-vous l'impression d'être mis à l'écart ?
RM. : "Bien sur que la priorité est la sécurité des joueurs et de tous ceux qui travaillent autour de cette discipline. Ensuite forcément, oui, on a l'impression d'être mis à l'écart parce que la phase 2 du déconfinement va débuter et l'interdiction d'organiser des matchs est toujours en vigueur, même à huis clos. On peut trouver cela bizarre car j'ai l'impression que tout le monde essaie de reprendre ses activités, même si on garde toujours en tête que nous n'en avons pas fini avec le virus. Les sports collectifs restent un secteur d'activités où on peut prendre de nombreuses mesures de sécurité. Ainsi, je ne dis pas qu'il n'y aurait aucun cas de covid avec une reprise, mais je dis simplement qu'on pourrait, au moins, avoir la démarche d'essayer."
Le secteur du foot à 5 était en constante progression depuis plusieurs années. Cet arrêt prolongé est un coup dur énorme. Comment voyez-vous l'avenir ?
RM. : "J'espère qu'il y a aura une reprise le plus tôt possible et en toute sécurité. Je pense que pour certaines entreprises, cette crise sera difficile à surmonter. Mais pour ceux qui auront la chance de pouvoir continuer, je ne suis pas si inquiet car c'est un secteur qui va repartir. Les gens ont besoin de faire du sport, de reprendre le foot à 5, de reprendre du plaisir. Et je pense que les gens y retourneront assez naturellement, même si au début cela sera peut-être compliqué. Le foot est un sport de contacts et j'ai bien conscience que l'attente autour d'un vaccin peut provoquer certaines craintes. Par ailleurs, lorsque nous pourrons reprendre, nous ne serons pas autant contrôlé que les sports collectifs professionnels. Il faut en être conscient."
"Selon moi, c'est fini les groupes de dix où on venait à cinq, jouer contre un autre groupe de cinq qu'on ne connaissait pas"
Les deux franchises dominantes du secteur, Urban Soccer et Le Five, ont travaillé conjointement pour élaborer un guide sanitaire, qui a été présenté mi mai aux différents ministères concernés (Économie, Santé, Sport, Travail). Parmi les mesures proposées permettant la reprise, les deux franchises avaient imaginé la désinfection des ballons, le décalage des horaires de matchs, l'interdiction de l'accès aux vestiaires, l'interdiction de fournir des chasubles aux joueurs entre autres. Pensez-vous que ces mesures soient suffisantes pour reprendre en toute sécurité ?
RM. : "Je salue les efforts réalisés par les acteurs du foot 5 mais aujourd'hui, c'est peut-être un peu léger pour les clients. Il va falloir axer sur des groupes de 10 qui se connaissent et qui prennent leurs responsabilités. Il faudra peut-être aussi interdire aux mineurs cette discipline pendant cette période. Selon moi, c'est fini les groupes de dix où on venait à cinq, jouer contre un autre groupe de cinq qu'on ne connaissait pas. Pour moi, il faut un peu plus de garanties pour repartir."
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