Rétro : Les 10 surprises de la décennie
2011 : le XV de France en finale du mondial de rugby
« Une équipe de sales gosses », voilà comment Marc Lièvremont voit son XV de France en 2011 à quatre jours de la finale de coupe du monde des Bleus face aux All Blacks. Ce qui suffit à illustrer la tension qui règne dans le groupe, et donc la surprise de voir la France en finale du mondial. D’autant que le parcours des Bleus n’est pas beaucoup plus reluisant, avec notamment une défaite en poules face aux Tonga (19-14). Entre le sélectionneur et ses joueurs, l’ambiance est délétère. Dans ce climat nauséabond, la France réussit tout de même à battre l’Angleterre en quart de finale. En demi-finale, les Bleus écœurent des Gallois qui méritaient bien plus la qualification qu’eux - le karma rattrapera la France au mondial 2019... En autogestion, le XV de France perd dignement contre les favoris néo-zélandais (7-8). Surprise sur le gâteau : les Bleus méritaient même de gagner.
2012 : Montpellier champion de France de Ligue 1
20 mai 2012, la France découvre son nouveau président François Hollande et se trémousse sur Gusttavo Lima. Mais pour la France du foot, le tube de l’année c’est le Montpellier Hérault Sporting Club. Ce soir-là, après une victoire 2-1 sur la pelouse d’Auxerre, le MHSC est sacré champion de France pour la première fois de son histoire. Et ce, seulement trois ans après son retour en Ligue 1. Sous les ordres de René Girard, la bande à Olivier Giroud, Younès Belhanda et autre Mapou Yanga-Mbiwa éblouit la Ligue 1. En tête à la trêve avant l’arrivée de Carlo Ancelotti, le PSG Qatari subit la loi des Pailladins. Mieux, dans un sprint final à trois avec Paris et le champion de France en titre, le LOSC d’Hazard, Payet ou Joe Cole (!), Montpellier mène la danse. Au soir de la 38e journée, le club de Louis Nicollin est sacré avec 82 points, soit le deuxième meilleur total de points pour un champion à l’époque (record depuis explosé par le PSG qatari). Un titre aussi inattendu, que décoiffant.
2013 : Le sacre de Marion Bartoli à Wimbledon
Tête de série n°15, Marion Bartoli arrive à Wimbledon 2013 sans faire de bruit. Ce que la Française ne sait pas, c’est qu’elle débarque sur les pelouses londoniennes accompagnée d’une réussite exceptionnelle. A l’issue des deux premiers tours, 17 des 32 têtes de séries sont éliminées. Pas Bartoli. La Française profite de l’hécatombe pour se hisser jusqu’en finale, sa deuxième de Grand Chelem après une première à Wimbledon en 2007. En finale, la Tricolore balaie l’Allemande Sabine Lisicki (tête de série n°23) en 1h21 (6-1, 6-4). Au sommet de sa carrière, Marion Bartoli remporte son premier - et seul - Grand Chelem. Mieux, la Française établit un record en devenant la première joueuse à remporter un Grand Chelem en ne rencontrant aucune des 15 premières joueuses au classement WTA. En quittant le court, Bartoli donne rendez-vous l’année prochaine pour défendre son titre. Elle prendra se retraite une semaine plus tard.
2014 : le triplé olympique des Bleus en ski cross
Avant celle de 2018, il aura fallu attendre 2014 pour voir une campagne française réussie en Russie. En ce 20 février à Sochi, trois hommes font mieux que l’armée de Napoléon deux siècles plus tôt. Leurs noms : Jean-Frédéric Chapuis, Arnaud Bovolenta et Jonathan Midol. Leur fait d’arme : réalisé un triplé olympique français. Le premier aux JO d’hiver pour la France, et le premier depuis 1924, sur 15 au total. Comme Napoléon, les Français passent le portillon de départ favoris, car plus nombreux. Dans une finale de ski cross à 4 contre le canadien Brady Leman, deux médailles sont assurées. Mais à la surprise générale, les Français terrassent tous les trois le solide Leman, qui finit même par chuter dans le final. Les trois compères déboulent ensemble sur la ligne d’arrivée, et offrent trois médailles à la délégation française. Vexé, le Canadien Leman fera appel du résultat en pointant du doigt les pantalons français et leur aérodynamisme. Appel rejeté, ce qui lui fera une belle paire de manches.
2016 : Sous les pavés, Mathew Hayman
Le coup d’une vie. A 38 ans, le coureur australien Mathew Hayman réussit l’exploit de sa carrière ce 10 avril 2016 en remportant Paris-Roubaix, au nez et à la barbe de Tom Boonen, quadruple vainqueur dans l’enfer du nord. Parti dans l’échappée matinale, Hayman résiste aux nombreux retours, relancent et attaquent. Bref, il joue crânement sa chance, dans les roues de favoris comme Boonen donc, Edvald Boasson Hagen ou Sep Vanmarcke. De leur côté, Cancellara et Sagan sont alors hors course. Mais dans la forme de sa vie, Hayman coiffe tout ce beau petit monde sur la piste du vélodrome de Roubaix. Un sacre au mental, totalement inattendu. En témoigne la réaction après course de Tom Boonen, recordman du nombre de victoires à Roubaix, qui reconnaît que dans cette échappée, Hayman était « le coureur que personne ne regardait vraiment » et qu'il avait réalisé un « bon sprint ». De quoi faire de l’Australien le meilleur cycliste de l’année chez lui. Superhayman.
2016 : Leicester, champion d’Angleterre
Plus qu’une surprise, il s’agit certainement du plus grand exploit de l’Histoire du football. Au bord de la relégation en 2014-2015, Leicester est transfiguré la saison suivante et s’offre son premier titre de champion d’Angleterre. Impensable dans un championnat dominé par les géants de Manchester, Liverpool ou Londres. L’équipe de Claudio Ranieri démarre la saison en fanfare, menée par son attaquant alors inconnu, Jamie Vardy, et ses 13 buts en 11 matches consécutifs - un record -. Après un boxing-day réussi qui en fait un candidat crédible à l’Europe, Leicester confirme et continue de croquer les cadrons anglais. La tactique ? N’Golo Kanté, alors inconnu, récupère le ballon et sert Riyad Mahrez, tout aussi inconnu. L’Algérien trouve alors Jamie Vardy, qui marque. Une recette aussi simple que redoutable. Et surtout : une recette qui porte Leicester sur le toit de l’Angleterre dès la 36e journée. Historique. Et d’autant plus incroyable que les Foxes sont 18e en terme de possession de balles, et derniers en pourcentage de passes réussies. Un scénario dingue, peut-être écrit par l’adjoint de Claudio Ranieri : Craig Skakespeare.
2016 : Le coup de (Le)maître
Une renaissance. Ce 18 août 2016 à Rio, Christophe Lemaître répond plus que prévu. Qualifié en finale du 200m, le Français s’en contente déjà, après plusieurs années noires et un long passage à vide. De toute façon, toutes les lumières sont braquées sur Usain Bolt, à la conquête d’un dernier triplé olympique. Sur la piste détrempée du stade olympique, la Foudre jamaïcaine continue bien sa moisson de médailles, devant le Canadien Andre De Grasse. Mais derrière, sur la troisième marche du podium : Christophe Lemaître. Après un mauvais départ, le Français semble pourtant hors course. Mais au terme d’une dernière ligne droite extraordinaire, Lemaître scalpe Gemili, son meilleur ennemi britannique, pour un millième. Du bronze olympique au goût d’or pour le sprinteur d’Aix-les-Bains. Après la course, la légende Bolt félicite même le Français, et se déclare « pas surpris » de sa performance. C’est bien le seul.
2017 : Pierre-Ambroise, ce boss
Athlétisme toujours, mais aux championnats du monde de Londres, un an plus tard. Quatrième aux Jeux à Rio, Pierre-Ambroise se présente en finale du 800m, par miracle. Le Français a alors repris l’entraînement seulement deux mois plus tôt, jour pour jour, après une blessure. Au terme d'une saison tronquée, il s’était qualifié in extremis pour les Mondiaux lors du dernier meeting à Monaco. A Londres, le Français se hisse en finale, sa troisième consécutive aux championnats du monde. Une victoire en soit. Et dans une course ou personne ne l’attend, Bosse attaque à 250m de l'arrivée, et ne lâche plus la tête. Lui qui avait pris l’habitude de craquer dans la dernière ligne droite tient cette fois tête, et devient champion du monde. « La 11e médaille d’or française aux championnats monde d’athlétisme » contextualise Alexandre Boyon à l’antenne, « Et peut-être la plus inattendue. Qui aurait parié un centime sur ce titre mondial ? » complète justement Patrick Montel. Pendant ce temps, Pierre-Ambroise savoure son nouveau statut : celui de boss.
2018 : le doublé historique d’Esther Ledecka
Avant les JO d’hiver de Pyeongchang en 2018, le grand public ne connaît pas Esther Ledecka. A vrai dire, en dehors du monde du snowboard, le nom de la rideuse tchèque ne trouve que peu d’écho. Mais en Corée du sud, Ledecka réalise l’impensable. A 23 ans, la snowboardeuse de formation commence par remporter le Super-G, skis aux pieds. Impensable. D’autant plus qu’elle s’élance avec une paire de skis prêtée par Mikaela Shiffrin, star incontestée de la discipline. Pas rassasiée par ce titre olympique inespéré, Ledecka chausse quelques jours plus tard son snowboard. Avec autant de succès, puisqu’elle devient championne olympique de slalom parallèle, ce qui est moins étonnant étant donné sa première place en coupe du monde de snowboard. Grâce à ces sacres, Ledecka réalise un doublé dans deux disciplines différentes lors de la même olympiade, une première aux JO d’hiver. Et tout ça, à seulement 23 ans. Check !
2019 : le jour de gloire du basket français
Parmi les monstres invaincus dans leur discipline, il y avait Teddy Riner, qui n’a plus perdu un combat depuis 2010, et l’équipe américaine de basket-ball, qui restaient sur 58 victoires consécutives depuis 2006. Mais le 11 septembre dernier, les Etats-Unis tombent en quart de finale du mondial 2019. Leur bourreau : l’équipe de France, menée par un Rudy Gobert intraitable en défense, épaulé par Nando De Colo et Evan Fournier, avant que Frank Ntilikina ne porte les coups de grâce. En plus d’une qualification en demi-finale, la France s’offre alors un succès historique, et prive le Team USA d’une troisième couronne mondiale d’affilée. Outre-Atlantique, on pointe l’absence des vraies stars US du basket en sélection. Côté français, les Bleus se plantent en demi-finale contre l’Argentine, avant d’aller chercher le bronze, en guise de consolation. La French touch.
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