Reprise chaotique en MLS, les joueurs français relativisent
“MLS is back”, tel est le nom du tournoi imaginé par les dirigeants de la ligue américaine de football. Une sorte de mini Coupe du monde ou Ligue des champions, avec une phase de 6 groupes puis des matches à élimination directe jusqu’au 11 août. Le tout dans un lieu unique : le ESPN Wide World of Sports de Disney World à Orlando, en Floride, qui accueillera la NBA et la hockey dans les semaines à venir. Le but : regrouper toutes les équipes au même endroit, dans une “bulle sanitaire” pour éviter toute contamination au Covid-19. Voilà pour la théorie, mais la pratique s’est avérée bien plus problématique avant même le début du tournoi : avec onze cas de Covid-19, le FC Dallas a dû quitter les lieux, tandis que des cas sont annoncés dans les groupes de Nashville et Vancouver. Pire encore, des joueurs refusent de venir, dont le MVP de la dernière saison : Carlos Vela.
557 joueurs et 26 équipes regroupés
Concrètement, les 557 joueurs des 26 équipes de MLS sont confinés dans plusieurs hôtels et se partagent douze terrains sur 90 hectares. “Chacun a son étage, chacun dans sa chambre. On sort juste pour l’entraînement et aller manger. On se croise très peu”, raconte Aurélien Collin, défenseur français de Philadelphia Union. Il poursuit : “On ne s’attendait pas à du 5 étoiles, mais c’est un bel hôtel comme on connaît en déplacement. Il y a même une salle de jeu, c’est bien organisé”. Les salles de séminaires ont elles été transformées en salle de musculation : “Ils ont ramené de très bons équipements de musculation. On a beaucoup de chance : on ne manque de rien”, reconnaît Aurélien Collin. Quant aux terrains, ils sont aussi au niveau selon Paul Marie, défenseur français de San José : “Pour certaines équipes, c’est peut-être même mieux ici que dans leurs propres installations.”
“Je suis dans un bon état d’esprit, mais la seule inquiétude, c’est de jouer contre d’autres équipes qui peuvent potentiellement être contaminées”
Après des tests le premier jour, amenés à se répéter chaque veille de match, les joueurs ont pu reprendre leur préparation. Mais malgré toutes les précautions et les mesures de distanciation sociale, le Covid-19 a infiltré la bulle. Peut-être parce que les employés des hôtels, eux, ne sont pas confinés. Mais pour Aurélien Collin, le problème est ailleurs : “J’ai un pote qui joue à Dallas, qui est tombé malade. Ce n’est pas de leur faute, ils viennent d’un Etat qui n’a pas été confiné, qui est en pleine crise : ils payent cette situation”. Paul Marie se dit plus inquiet. “Notre équipe n’est pas touchée, nos docteurs ont mis en place un protocole qui fonctionne bien. Je suis dans un bon état d’esprit, mais la seule inquiétude, c’est de jouer contre d’autres équipes qui peuvent potentiellement être contaminées”.
Boycott, projecteurs et suspense
Pour autant, Aurélien Collin préfère se projeter : “Je pense que le pire est derrière nous, je pense qu’il n’y aura plus de problèmes. On a eu une réunion sur zoom mardi qui disait que ces des joueurs étaient contaminés eux-mêmes, touchés dans leur ville. A l’intérieur de la bulle, personne n’est tombé malade”. Et pour cause : les contacts ont été réduits au strict nécessaire. Chaque club dispose ainsi de sa propre salle pour les repas. “C’est un peu bizarre parce qu’on croise nos adversaires, dont des amis. On est tous là dans le même endroit, mais c’est tellement grand qu’on se croise peu finalement”, assure Aurélien Collin. “J’ai beaucoup d’amis dans d’autres clubs, mais on ne peut pas aller prendre le café, on se verra sur le terrain”, sourit le défenseur français. Paul Marie complète : “C’est assez spécial, mais avec les coéquipiers, on a mis en place la règle de ne pas aller voir les autres équipes. Pas pour des raisons stratégiques, seulement pour des raisons de santé. On a peur qu’un de nous l’attrape et que tout l’équipe soit contaminée”.
Pas de contacts avec les amis, mais pas non plus avec les proches : les joueurs ont fait le déplacement sans leur famille. “C’est le plus compliqué”, selon Paul Marie, “Je n’ai pas d’enfants et ma femme est chez sa famille, donc ça va pour moi, mais c’est plus dur pour des collègues. Il y en a qui trainait la patte, au moins la moitié de l’équipe ne voulait pas revenir”. Aurélien Collin confirme : “Certains ne viennent pas, par exemple parce que leur femme va accoucher, d’autres sont blessés et préfèrent se reposer, je respecte. Ce ne sont pas que les stars comme Vela qui ont refusé, et il y en a plein qui sont là. Chacun son opinion, le football est important mais la santé l’est plus. Ne pas voir les proches, on y est préparé mentalement. Les pré-saisons c’est quasiment la même chose, avec plus de libertés”.
“En Californie, on était encore confinés. Et là, on va rejouer : ce n’est pas une situation idéale c’est sûr, mais il y a pire. Malgré le contexte, on est content de rejouer”
En dehors de toutes ces contraintes, une chose parvient à mettre d’accord tous les joueurs : le plaisir de retrouver les terrains et la compétitions. “En Californie, on était encore confinés. Et là, on va rejouer : ce n’est pas une situation idéale c’est sûr, mais il y a pire. Malgré le contexte, on est content de rejouer”, savoure Paul Marie. Le jeune défenseur de San José apprécie même le format de reprise : “Les matches seront peut-être plus intéressants que des matches de championnat, pour les gens et aussi pour nous : il y aura plus d’intensité, de tension. Cela va donner plus de chances à des équipes pas favorites à la base, surtout qu’en MLS il n’y a pas un Liverpool qui écrase tout le monde”. Et puis, sans ce tournoi de reprise, la plupart des salaires auraient été menacés. Pour finir, Aurélien Collin ajoute : “Tout sera télévisé et on est le premier championnat à reprendre, on sera sous les projecteurs : c’est une bonne chose pour nous. On peut servir d’exemple”. A quelques semaines de leurs reprises dans des conditions similaires au même endroit, la NBA et la NHL ne demandent que cela.
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