Record du monde pour Lavillenie à 6.16m
L'Histoire est belle. Le 21 février 1993, Sergueï Bubka battait son propre record du monde en salle en passant une barre à 6.15m à Donetsk. Le 15 février 2014, Renaud Lavillenie est devenu le premier homme de l'Histoire à faire mieux, en franchissant 6.16m lui-aussi à Donetsk. Cela fait longtemps que l'Ukrainien croit à une passation de pouvoir avec le Français. Les deux hommes ont une relation très étroite depuis un bon moment. Et ce n'est donc pas une surprise de voir Bubka, présent comme toujours dans les tribunes de la réunion de Donetsk, venir féliciter son successeur.
Dans la matinée, le Tsar, plus grand perchiste de l'Histoire, avait déjà annoncé sur son compte Twitter toute sa confiance dans la performance à venir de son "protégé".
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"C'était totalement incroyable! Je n'ai jamais utilisé cette perche pour 6,16 m. Pour ma première tentative, je souhaitais réaliser le meilleur saut possible. J'ai demandé 6,16 m parce que c'est le meilleur endroit pour battre le record de Serguei Bubka, 21 ans après son record", a réagi le Français à l'issue de son saut. "C'est un peu inimaginable. Je ne savais pas ce qui m'arrivait. C'est juste incroyable", a-t-il ajouté ensuite sur BFMTV. "J'ai sauté 19cm de plus qu'aux Jeux. C'est énorme. Je suis passé dans une autre dimension. il va me falloir du temps pour redescendre sur terre. C'est un record du monde tellement mythique".
Une première tentative, un succès grandiose avec une marge incroyable sur cette barre à 6.16m, et quelques minutes dans un autre monde. Ce record du monde, il n'osait y croire. Mais cela faisait un moment qu'il avait ce record de Bubka dans son viseur. En janvier, il avait effacé une barre à 6.04m à Rouen, avant de franchir 6.08m à Bydgoszcz, en Pologne. A Donetsk, la joie a été intense. Il l'a partagée avec Bubka, mais il a aussi tenté une barre à 6.21, face à laquelle il a échoué. Normal après une telle montée d'adrénaline...
Le plus haut du monde en mesurant 1.77m
Avec sa technique, avec sa vitesse, sans un physique de déménageur ni être un géant (1.77m), Renaud Lavillenie a poursuivi une progression linéaire et exceptionnelle. Voici trois ans, en mars 2011, il franchissait la barre de 6.03m en salle, à Paris. Les six mètres, il les avait franchis, en plein air, en 2009. Champion du monde en salle et champion olympique en 2012, le Clermontois vient d'écrire l'une des plus belles pages de sa vie d'athlète. Pour y parvenir, il n'a pas hésité à changer d'entraîneur, au lendemain de son sacre olympique. De Damien Inocencio, il est passé dans les mains de Philippe d'Encausse.
A 27 ans, il lui reste encore du temps pour s'attaquer à deux grands défis: être pour la première fois champion du monde en plein air, et effacer le record de Bubka en plein air (6.14m). Et avec Renaud Lavillenie, plus rien n'est impossible.
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Réactions
Jean Galfione: "Je suis sidéré. Qu'il l'ait fait aussi vite après ses 6,08 m, c'est incroyable. Qu'il ait si rapidement intégré les petits détails, les corrections en quelques semaines, c'est bluffant. Dire que je suis surpris ? non. Ca fait longtemps que je ne le suis plus. Ca fait sept ans même. Il est épatant. Il fait partie des gens dont on est incapable de donner les limites. Ca m'énervait quand on parlait de record du monde. On est vingt à avoir fait 6 m. Et pour tous on disait que l'étape suivante était de devenir le dauphin de Bubka. Lui, il le fait avec 6,08 m et derrière il bat le record du monde. Faire mieux que Bubka c'est comme aller plus vite que Usain Bolt, avoir de meilleures stats que Michael Jordan. Il détrône une légende. Et pourtant il n'est pas le plus fort, pas le plus grand, pas le plus rapide. Il fait 11 sec sur 100 m, rien d'exceptionnel. Mais avec une perche à la main, il devient fort, rapide. Il a une volonté, une facilité à être rapide et adroit. Il croit en lui. Il ne connaît pas ses limites. Quand il a fait 5,65 m, je disais que c'était un bon gars qui ferait peut être 5,80 m un jour. J'avais à peine fini ma phrase qu'il faisait 5,85 m."
Gilles Lavillenie (père de Renaud, lui-même ancien perchiste et entraîneur de son fils, au micro de France 3 Poitou-Charentes): "On a eu de la chance de trouver un site sur internet et de voir cela en famille. Ce saut, j'étais surpris parce que vu les sauts qu'il avait faits à 6,01 m, passant au 3e essai, je me suis dit: +c'est un saut où on va voir comment il est+. Mais je ne m'attendais pas à ce que ça passe tout de suite, dès la première barre. Je n'arrive pas à me poser encore, je ne suis pas encore redescendu, mais je pense que lui n'est peut-être pas encore redescendu non plus. Mon seul regret, c'est de ne pas avoir été là-bas pour vivre ce grand moment. Si on voulait entrer dans la légende c'est (à Donetsk) ce qu'il fallait faire, et il l'a fait. On ne peut pas dire que j'y ai toujours cru, mais depuis au moins deux ans, je croyais qu'il allait vraiment tenter ce record du monde. Et plus particulièrement depuis cet hiver, où je l'avais vu sauter à Paris, avec de très beaux sauts, et il m'avait dit qu'il allait passer sur des perches plus longues, et ensuite cela s'est concrétisé, avec ce saut de 6,08 m, qui était pour moi très haut, et là, oui, j'y croyais. Mais de là à ce que cela se passe aujourd'hui, c'était du domaine du rêve".
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