Pistorius, la défense reprend la parole
C'est sans doute la dernière ligne droite vers le jugement. Mais la conclusion ne va pas tomber très tôt. Théoriquement, le procès doit se tenir jusqu'au 16 mai. Mais l'accusation pourrait appeler de nouveaux témoins, et donc obliger le tribunal à prolonger les débats. Ensuite, le procureur Gerrie Nel et l'avocat Barry Roux devront transmettre leurs conclusions écrites au juge Thokozile Masipa. Cette dernière pourrait alors prendre plusieurs semaines avant de rendre son verdict. Commencé le 3 mars dernier, ce procès extrêmement médiatisé n'est pas encore arrivé à son terme. Mais pour Oscar Pistorius, les onze jours à venir sont probablement les plus déterminants.
Depuis le début du procès, le procureur ne l'a pas ménagé, s'engouffrant dans la moindre brèche laissée par la défense pour instiller le doute. Le procureur Nel pense que le jeune couple se disputait --une fois de plus--, qu'elle voulait rentrer chez elle et que Pistorius l'a poursuivie. C'est en toute conscience, pense-t-il, que l'athlète a tiré quatre balles super-puissantes sur la porte des toilettes dans lesquelles elle s'était réfugiée pour échapper à sa colère. "Vous saviez qui était derrière la porte, et vous avez tiré sur elle", a tonné le procureur à la fin de son long contre-interrogatoire de l'accusé. "Vous vous êtes armé dans l'intention de la tuer, et c'est ce que vous avez fait!". Oscar Pistorius dit n'avoir pas remarqué que Reeva s'était levée alors que lui-même était sorti sur le balcon de sa chambre pour rentrer des ventilateurs, lors de cette chaude nuit sans lune. Il maintient que leur amour était sans nuage, et qu'il croyait avoir affaire à un cambrioleur quand il a tiré, pris de panique. Pour se défendre, pour la défendre, dans un contexte de criminalité galopante en Afrique du Sud -- même si lui-même habitait dans une résidence fortifiée.
Mais jusque-là, Pistorius a tenu bon, répétant qu'il n'a jamais eu l'intention de tuer sa petite amie. De son interminable calvaire face au procureur, on retiendra qu'Oscar Pistorius a beaucoup pleuré mais n'a rien lâché, même si Gerrie Nel a mis en lumière certaines contradictions. Il a bien reconnu avoir tiré les coups de feu fatals, mais a refusé d'admettre toute intention de tuer sa petite amie. Il a joué avec les mots, expliquant qu'il avait ouvert le feu sur la porte des toilettes dans un instant de panique, alors qu'il se croyait menacé, suivant son "instinct". "Je ne voulais tuer personne", a-t-il insisté. "Avez-vous tiré sur ce que vous perceviez comme un attaquant?", a interrogé M. Nel lundi. "Non, j'ai tiré sur la porte", a répondu l'athlète, buté.
Vidéo: l'arrivée de Pistorius au tribunal
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