Pistorius face à la justice mardi
Oscar Pistorius, 26 ans, en liberté sous caution mais passible de la perpétuité, sera présent au tribunal, selon son avocat, un ténor du barreau sud-africain Kenny Oldwage. Mais l'exercice devrait être rapidement expédié. Le parquet a demandé un délai d'instruction supplémentaire et "il y a peu de chance que le dossier avance, nous aurons un renvoi", a indiqué Me Oldwage. Il ne fait aucun doute que Pistorius est bien celui qui a abattu Reeva Steenkamp, une jolie mannequin sud-africaine de 29 ans qu'il fréquentait depuis quelques mois, dans la nuit du 14 février de quatre balles de 9mm, alors qu'elle était venue fêter la Saint-Valentin chez lui à Pretoria. Elle a été touchée à la tête, au coude et la hanche. Mais il affirme qu'il a tiré en pensant qu'un cambrioleur s'était introduit dans sa salle de bains. Dans la panique, il n'aurait pas remis ses prothèses, ni rallumé la lumière mais a tiré à travers la porte des WC sans voir la victime.
Il n'aurait réalisé qu'après coup que Reeva n'était plus dans le lit, et dit avoir tenté de la sauver en cassant la porte des toilettes avec une batte de base-ball pour la sortir, puis en appelant les secours. S'il parvient à le prouver et si le tribunal conclut à sa thèse d'un "horrible accident", il pourrait s'en tirer avec une condamnation pour homicide volontaire, passible de quinze ans de prison, voire de simples arrêts domiciliaires. Pistorius a été l'un des héros des JO de Londres 2012 devenant le premier champion masculin à s'aligner avec les valides alors qu'il est handicapé de naissance et courre avec des lames en carbone en forme de pattes de félin, lui valant le surnom de "Blade Runner". Le drame a stoppé net sa carrière. Pistorius a renoncé à toute compétition cette année, ses sponsors l'ont lâché, Nike ou Clarins, et l'affaire a aussi révélé des facettes de sa personnalité cachées au public qui l'admirait pour sa ténacité et l'aura qu'il a donné au sport handicap. On a ainsi découvert que Oscar Pistorius était macho, caractériel et obsédé d'armes à feu.
La scène de crime révélée
Grâce à son avocat hors pair, l'athlète est cependant parvenu à garder la main jusqu'à présent. La semaine qui a suivi le meurtre, Me Oldwage a réduit en miettes le dossier de l'accusation, pointant des manques de preuves et fragilisant le témoignage d'un voisin ayant entendu une dispute du couple venant de l'appartement de Pistorius avant le meurtre. Coup dur pour l'accusation, l'enquêteur en chef Hilton Botha a dû être dessaisi et forcé d'admettre des négligences sous l'oeil médusé des caméras de télévision du monde entier. En mars, Pistorius a ensuite recouvré une quasi liberté de mouvements en contestant les conditions de sa libération sous caution alors que l'émotion suscitée par le meurtre commençait à retomber. Me Oldwage lui a obtenu la permission de voyager ou de consommer de l'alcool normalement. Parallèlement, la presse a été abreuvée de communiqués évoquant la profonde détresse et le deuil porté par l'athlète pour la mort de son amie. A quelques jours de l'audience de mardi, des photos ont fuité sur la chaîne britannique Sky News.
Sur ces images, on voit pour la première fois la scène du crime. La porte des toilettes ensanglantées est ouverte. Deux rubans collants posés par les enquêteurs repèrent des impacts de balles, à une hauteur située sous la poignée de porte. Il est impossible de savoir qui a pris la photo, avec quel angle de vue, ni à quelle hauteur se trouvait la poignée de porte. Mais la fuite sert dans un premier temps les intérêts de Pistorius puisque Sky News affirme que la défense devrait s'en servir. La hauteur des impacts est primordial pour établir ou démentir la volonté homicide du coureur. Car elle peut déterminer si Pistorius avait remis, ou non, ses prothèses quand il a tiré.
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