Perquisitions au siège de la FFR à Marcoussis
Un mois après le limogeage de Guy Novès, qui fait couler beaucoup d'encre depuis, voilà le rugby français qui poursuit son voyage en eaux troubles. Alors même que le XV de France vient d'entamer sa préparation pour le prochain Tournoi des 6 Nations, des policiers sont arrivés ce mardi pour effectuer plusieurs perquisitions au siège de la FFR, au Centre national de rugby de Marcoussis, là où résident les Bleus. L'avocat de Bernard Laporte a tenu à minimiser ce déploiement policier en précisant: "La perquisition est le passage obligé de toute enquête sans exception, cela n'induit rien de la suite des événements
Enquête pour favoritisme
Cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), a été ouverte par le parquet national financier. Le PNF est donc passé à la vitesse supérieure après avoir reçu, début décembre, le rapport demandé par le ministère des Sports à l'Inspection générale de la jeunesse et des sports (Igjs) pour faire la lumière sur "l'affaire Laporte". L'ancien sélectionneur du XV de France (2000-2007) et secrétaire d'Etat aux Sports (2007-2009) est soupçonné d'avoir fait pression sur la commission d'appel de la Fédération pour réduire des sanctions prises en juin 2016 contre Montpellier, dont le président Mohed Altrad dirige un groupe éponyme, sponsor maillot du XV de France. Laporte, élu fin 2016 à la tête de la Fédération, avait également signé début 2017 avec le groupe Altrad un contrat d'image, via sa société BL Communication, pour un montant de 150.000 euros. Face à la polémique, il y a ensuite renoncé.
"'Intrusion inappropriée"'
Dans son rapport, l'Igjs estimait que l'appel de Laporte au président de la commission d'appel constituait "une intrusion inappropriée dans le fonctionnement" de celle-ci. Le rapport concluait aussi que les trois membres de la commission d'appel étaient tombés d'accord, le 29 juin, pour maintenir les sanctions prononcées en première instance contre Montpellier: 70.000 euros d'amende et un match de suspension pour le stade. Toutefois, selon les conclusions de l'Igjs, cette décision de la commission d'appel, non notifiée par écrit dans la foulée, a été revue à la baisse le lendemain (20.000 euros d'amende, pas de suspension de stade), après l'appel téléphonique de Laporte.
Demande de "garde-fous"
L'affaire Laporte agite le rugby français depuis plusieurs mois et a poussé les présidents de clubs professionnels, inquiets du risque de conflits d'intérêts, à saisir le comité d'éthique et de déontologie du rugby français. Cet organe de la FFR a recommandé la mise en place de "garde-fous pour garantir l'absence de toute possibilité de favoritisme de la part de la FFR vis-à-vis du club dont l'entité propriétaire est le partenaire maillot". Le comité d'éthique affirme aussi qu'un tel partenariat "doit être conditionné à l'existence de garanties concernant deux points précis pour lesquels la FFR intervient dans le championnat professionnel: la désignation des arbitres et l'intervention de la commission d'appel". Or, le comité estime "qu'il n'a pas, en l'état, connaissance de mécanismes prudentiels envisagés par la FFR qui seraient de nature à offrir des garanties suffisantes sur ces deux points", poursuivait le communiqué de la LNR, publié le 5 janvier.
Trois jours plus tard, la Fédération annonçait, malgré l'opposition de la Ligue, que le groupe Altrad devenait partenaire maillot des Bleus jusqu'en 2023, année de la Coupe du monde en France, en échange "d'au moins 35 millions d'euros pour le rugby amateur".
Voir sur Twitter
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.