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Paul-Henri Mathieu joue encore au Monsieur Frissons

Opposé à la tête de série N.14, Roberto Bautista Agut, Paul-Henri Mathieu n'a pas franchi l'obstacle du 2e tour. Dominé en trois manches 7-6 (7/5), 6-4, 6-1, l'Alsacien de 34 ans, a pourtant encore fait passer des frissons à Roland-Garros. Une fois de plus.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Paul-Henri Mathieu, c'est l'homme des 400 coups. Bien sûr, le grand public gardera sans doute en mémoire sa défaite dans le 5e match décisif de la finale de la Coupe Davis 2002 contre Youzhny, après avoir frôlé la victoire. Le public de Bercy était alors passé par toutes les émotions. Mais la carrière de l'Alsacien, ce n'est pas que ça, très loin de là. Et sur les courts de la Porte-d'Auteuil, sur une surface qui magnifie sa puissance et son jeu de fond de court, PHM a souvent fait frémir le public.

Plus d'essence dans le moteur

Encore aujourd'hui, pour le compte du 2e tour, il est passé tout près de donner bien des migraines à Roberto Bautista Agut. Sur ce court N.1 en forme d'arène, qui n'existera bientôt plus en raison des projets d'agrandissement du stade de Roland-Garros, le public y a cru. Dans le premier set, le Français, 65e mondial, a servi à 5-4 pour remporter la première manche. Il l'a finalement perdue 7-6 (7/5). Dans le deuxième set, il a encore eu deux balles pour débreaker à (4-3), puis a mené (0-30) à 5-4. Là encore, l'Ibère a gardé le dessus pour mener deux manches à zéro après 1h44 de jeu. Dans la troisième manche, il se faisait breaker d'entrée, mais rendait la pareille.

Vidéo: Mathieu conclut magistralement au filet

VIDEO. Et à la fin, Mathieu conclut magistralement au filet

Malheureusement, souvent pris de vitesse par un joueur qui lui rend six années, il n'avait plus d'essence dans le moteur. En 2h22, il s'inclinait, un "Merci Paulo", descendant des tribunes. L'ancien 12e joueur du monde (en 2008) saluait les tribunes, une moue sur le visage semblant dire: "Désolé, j''aurais aimé faire mieux." En conférence de presse, il a eu cet aveu du temps qui passe: "Il a exactement fait ce que je voulais faire, ce que je faisais il y a 10 ans, fatiguer le gars pendant 2 sets et le ramasser à la petite cuillère ensuite, ce qu'il a fait aujourd'hui et ce que je faisais avant."

Deux jours avant, il avait fait vraiment mieux, contre le Colombien Santiago Giraldo, qu'il avait battu dans une ambiance phénoménale juste avant que la nuit ne tombe 6-4, 6-7 (2/7), 6-4, 1-6, 6-3. Sur le court N.3, c'était la foule des grands soirs, avec en plus des échanges peu policés entre les deux joueurs sur le court. Ce match marathon, ce bras de fer, PHM en avait déjà livré par le passé. En 2012, après 15 mois loin des terrains, à se refaire une santé suite à une opération, tombé au 260e rang à l'ATP, il avait fait tomber Phau, alors 85e après avoir été mené deux manches à zéro. Puis, il s'était offert John Isner (11e mondial) au bout de cinq manches d'enfer (18-16) sur le court Central.

Pour un homme qui avait bien cru ne plus pouvoir rejouer, qui avait repris la raquette en s'asseyant sur un banc pour allonger sa jambe, c'était un moment extrêmement fort. "C'est pratiquement indescriptible", dira-t-il après le match. "Ce sont des moments très forts. J'ai joué tous les Grands Chelems sur des grands courts, mais c'est un des plus grands moments de ma carrière. Surtout après la blessure, je me suis battu pour revivre ça. Même si j'avais perdu, j'aurais passé une journée incroyable sur ce court avec le public derrière moi."

Le bras de fer de 5h contre Nadal en 2006

Encore un peu avant dans sa carrière, lors de l'édition 2006, il avait tenu tête à un certain Rafael Nadal, au 3e tour, avant de tomber 5-7, 6-4, 6-4, 6-4, menant 4-3 dans les deux dernières manches pourr finir après 5h d'un duel exceptionnel. Au travers de ce match, il restera comme l'un des premiers à avoir rivalisé avec le maître des lieux dans la même filière, à savoir la puissance. Et l'année d'avant, il y avait également eu ce 3e tour homérique face à l'Argentin Canas, perdu 8-6 au 5e set après avoir mené deux manches à zéro. Et enfin, son premier coup d'éclat date de Roland-Garros 2002, quelques mois avant la finale de la Coupe Davis. Alors 107e mondial, il s'était offert coup sur coup le Sud-Africain Ferreira (43e) en cinq manches (6-0 dans la 5e), puis Santoro (26e), puis le Tchèque Novak (15e) avant de s'incliner en 8e de finale contre André Agassi, 4e mondial, vainqueur de l'édition 1999, après avoir encore mené deux sets à zéro. 

Vidéo: Le portrait de Paul-Henri Mathieu

Portrait de Paul-Henri Mathieu

Après sa victoire du 1er tour contre Giraldo, il avait dit que qu'il voulait encore profiter de tout ça, se sachant plus proche de la fin de sa carrière. Après son élimination, certainement sous le coup de la déception, il a encore mis en doute son avenir: "Physiquement je commence un peu à pêcher. Mais j'ai du mal à être lucide par rapport à cela et à me dire qu'il faut l'accepter, et que c'est déjà bien d'être là par rapport à ce que j'ai vécu, après l'opération.Eêtre encore là c'est déjà une victoire mais on voudrait toujours plus. Mais à un moment donné il faut être lucide..."

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