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Paul Goze, l'homme du sérail, réélu à la présidence de la LNR

A 65 ans, Paul Goze a été réélu à la présidence de la Ligue nationale de rugby (LNR), aux dépens du président du RCT, Mourad Boudjellal, écarté de la course faute d'avoir été élu au comité directeur. En place depuis 2012, l'ancien président du club de Perpignan a réuni les suffrages après avoir notamment permis une nette augmentation des revenus des clubs français via un nouveau contrat de télédiffuseur. Mais le maintien de ce colosse montre aussi la volonté des gens du rugby de garder le pouvoir.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Paul Goze, président de la Ligue Nationale de rugby (SPEICH FREDERIC / MAXPPP)

 Ancien joueur de deuxième ligne et ancien président de l'USAP, club 7 fois champion de France, Paul Goze respire le rugby. Du haut de son mètre quatre-vingt-huit, invariablement en polo, il semble être né dans le monde de l'Ovalie. C'est aussi cette image qui lui a permis de rester à son poste. Car en face de lui, c'était un profil totalement différent. Mourad Boudjellal vient des bandes-dessinées, où il a conquis sa richesse à force de bonnes idées. Ses coups de gueule sont connus, et n'épargnent personne, quitte à se faire des rivaux, voire des ennemis. Dans le rugby, il a placé les stars au premier rang de ses priorités pour refaire du club de Toulon un acteur majeur en France, et le premier à avoir réalisé le triplé en Coupe d'Europe. 

Outre l'apparence et le parcours, Paul Goze a surtout raflé les suffrages grâce à son joli coup réalisé cette année, en renégociant en avance les droits du Top 14. Deux ans avant la date prévue, et alors qu'il avait obtenu une nouvelle négociation en janvier 2015, Paul Goze a ainsi fait passer les droits pour une saison de 71 à 97 millions d'euros, jusqu'en 2023. "Les circonstances ont été favorables. On a peut-être choisi le moment opportun, il y avait une concurrence entre les diffuseurs", explique modestement le président de la LNR. "Mais il n'est pas qu'un gros nounours. Il est malin et d'une intelligence remarquable, notamment de situation", précise Jean-Marc Manducher, vice-président de la LNR à son sujet.

La nouvelle convention pour les internationaux

Sous son mandat, et alors que la guerre fait rage au sein de la Fédération française pour la conquête de la présidence (notamment entre Pierre Camou et Bernard Laporte), il a aussi signé une nouvelle convention pour les internationaux (jusqu'en 2023), qui permet à l'équipe de France de disposer davantage de ses joueurs durant l'année. Comme le disait avant l'élection Thomas Savare, président du Stade Français, "la continuité c'est toujours plus simple, moins risqué, et je pense globalement que les présidents sont satisfaits de ces quatre dernières années."

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Pour toutes ces raisons, Paul Goze a été maintenu à son poste. Au-delà de son profil, de ses actes passés, il a également bénéficié de l'image "clivante" de son adversaire, qui devait faire face à un parcours du combattant pour atteindre la plus haute responsabilité. Car pour devenir président, Boudjellal devait d'abord être élu au comité directeur pour le compte des clubs du Top 14. Et là, ils étaient six autres à prétendre à l'un des six postes: Marc Chérèque (Grenoble), Pierre-Yves Revol (Castres), Yann Roubert (Lyon), Francis Salagoïty (Bayonne), Thomas Savare (Stade Français) et Jacky Lorenzetti (Racing 92). Entre amitiés et alliances de circonstance, Mourad Boudjellal savait que sa quête de pouvoir était vaine: "Je n'ai aucune chance d'être élu", disait-il au moment de l'annonce de sa candidature.

Boudjellal compare la LNR à une "oligarchie"

Finalement, il n'a pas été élu au comité directeur, et ne pouvait donc pas concourir pour la présidence. "Je n'ai pas été élu au comité directeur, c'est une grande surprise", a ironiquement déclaré à la presse Mourad Boudjellal dans les salons d'un hôtel du XVe arrondissement de Paris où se tenait l'élection. "Je pense que je n'avais aucune chance mais j'ai eu le courage d'aller apporter des idées nouvelles. J'ai obtenu 40 voix alors que la majorité était à 50, donc je n'étais pas si loin". Il a comparé la LNR à une oligarchie: "La preuve, c'est que j'ai été ostracisé (mardi), on m'a dit grosso modo: 'les gens qui veulent changer les choses comme toi on n'en veut pas'".

Mais le président du RCT n'est pas prêt à changer ses méthodes, ni son langage: "Pour moi, ne pas dire ce qu'on pense, c'est une forme de prostitution", a-t-il lancé dans Rugbyrama. "Il y a quelques spécialistes à la Ligue et à la FFR mais ce n'est pas du tout mon genre. La consensualité est une forme de prostitution et moi je dirai toujours ce que je pense et je ne prostituerai jamais mes idées." Et d'attaquer sans le nommer son adversaire: "Quand on est un président de la Ligue et qu'on veut être un grand président, quand on convoque un président de club devant le conseil supérieur de la DNACG, il faut avoir le cul propre. (...) L'USAP a été condamnée. Où sont ses sommes dans les bilans et pourquoi la DNACG ne bouge t-elle pas ? Réfléchissez."

Devant la presse, le président de la LNR a évoqué sa joie: "Je suis personnellement satisfait de cette élection. En particulier parce qu'une réélection est toujours un peu delicate, car on est face à un bilan, ce qui rend sujet aux critiques", a déclaré ensuite à la presse Paul Goze, qui a indiqué avoir été réélu avec "97%" des voix de l'assemblée générale. "Un vote à la soviétiques pourraient dire certaines mauvaises langues". Avec lui, le rugby français maintient sa confiance dans un homme de "tradition". Mais quand il a fait signer Dan Carter à l'USAP en 2009 et lorsqu'il est salué par tous pour sa capacité à avoir développé le budget de la LNR et avoir fait croître les revenus télévisés, Goze n'applique rien moins que les mêmes principes que Boudjellal. Les coups d'éclat en moins...

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